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Qui pourrait payer plus ? Les options envisagées


Qui pourrait payer plus ? Les options envisagées

Michel Barnier, le nouveau Premier ministre, envisagerait d’augmenter certains impôts. Mais qui serait concerné ?

« Est-il possible de ne pas augmenter les impôts ? Oui, et il faudrait même les baisser ! » Cette phrase a été prononcée par Michel Barnier lui-même. Dans une interview à Échos En 2021, le nouveau Premier ministre affirmait vouloir alléger la charge fiscale des Français. Mais à l’époque, celui qui est désormais devenu le plus ancien locataire de Matignon n’était que candidat à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de 2022. Depuis, il semble avoir changé de discours. Mais dans quelle mesure ?

Publiquement, Michel Barnier n’a jamais indiqué vouloir augmenter les impôts. La rumeur enfle depuis quelques jours après que Gérald Darmanin a rapporté aux médias que le septuagénaire n’excluait pas d’augmenter le niveau d’imposition dans le pays. De quoi provoquer un tollé général et l’indignation, même s’il pourrait peut-être s’agir simplement d’une fuite organisée – pour tester les réactions et la popularité de tels choix – voire d’un coup bas politique.

En réalité, d’après ce qui circule, les pistes qui seraient étudiées par le chef du futur gouvernement ne concerneraient pas la majorité des ménages. Que prendrait-il en compte ? Qui pourrait payer plus ? On fait le point.

Allons-nous payer plus d’impôt sur le revenu ?

Écartons d’emblée cette hypothèse. Selon les rumeurs qui circulent depuis le début de la semaine, l’idée n’est absolument pas de faire payer plus d’impôts sur le revenu à la grande majorité des Français. Une personne au SMIC, 1800/2000 euros nets soit 3000 euros par mois ne paiera pas un centime de plus sur l’argent gagné grâce au travail. Toutes les forces politiques, de droite comme de gauche, écartent cette possibilité.

La facture du supermarché, du restaurant ou de l’électricité va-t-elle augmenter en raison d’une augmentation de la TVA ?

Au supermarché, au restaurant ou encore sur la facture d’électricité, la facture se décompose en deux parties : ce qui est effectivement perçu par l’entreprise et ce qu’elle doit reverser à l’État. Cette dernière partie est la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Si son taux fixe est de 20 %, il est abaissé à 5,5 % dans certains secteurs (l’alimentation et l’énergie notamment). Ces exceptions pourraient-elles être sacrifiées et, ainsi, alourdir le montant de la facture payée par les consommateurs ?

Là encore, ce n’est pas un levier envisagé par Michel Barnier. Seul le gouverneur de la Banque de France a laissé entendre qu’il ne serait pas contre cette possibilité. « D’une manière générale, il est préférable qu’un impôt ait une assiette large, sans trop de trous et à un taux plus faible », a déclaré François Villeroy de Galhau au quotidien économique français. parisien.

Des réductions d’impôts sur le point d’être sacrifiées ?

Pour les particuliers comme pour les professionnels, la France dispose d’un grand nombre de dispositifs permettant de réduire le montant de ses impôts. Certains d’entre eux pourraient toutefois être la cible de Michel Barnier et disparaître prochainement. Que la majorité des Français se rassure : il n’est pas question de toucher aux réductions liées à la garde d’enfants, aux parents isolés ou autres…

L’idée est plutôt de s’attaquer aux systèmes qui coûtent cher et qui ne concernent que quelques personnes, mais aussi à ceux qui sont en contradiction avec les objectifs environnementaux. Le gouverneur de la Banque de France résume : « Certaines niches fiscales profitent davantage aux grands groupes et aux ménages les plus favorisés. Et certaines exonérations « brunes » incitent en réalité à la consommation d’énergie fossile. » Cela pourrait notamment concerner la fiscalité réduite pour le gazole non routier, le kérosène et le carburant de transport maritime, mais aussi le taux de taxation réduit pour le gazole par rapport à l’essence. En 2022, ces taxes réduites ont représenté un manque à gagner, sur l’année, de 6 milliards d’euros selon l’Institut d’économie pour le climat.

Les riches étant dans le collimateur, qui pourrait payer plus d’impôts ?

Augmenter les recettes de l’État sans impacter le budget de 99 % des Français, l’idée a donc, enfin, de quoi séduire. Pour ce faire, ce sont les portefeuilles les plus épais qui seraient dans le viseur du fisc, avec le retour d’un dispositif emblématique : l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Supprimé par Emmanuel Macron en 2017, il concernait 358 198 ménages et avait rapporté, l’an dernier, un peu plus de 5 milliards d’euros dans les caisses du Trésor public. Le dispositif de remplacement – l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) – s’avère être une manne fiscale bien moindre : « seulement » 175 980 ménages doivent s’en acquitter, pour une recette totale de 1,9 milliard d’euros en 2023. 3 milliards de revenus en moins : pas une paille, quand on sait qu’il faut en trouver 20 par an désormais.

Si cette mesure semble être un signe d’ouverture à l’égard de la gauche qui promeut cette idée, elle a eu le problème de se mettre à dos les macronistes et les Républicains. Quant au Rassemblement national, il s’est dit favorable à une taxe sur la fortune financière. Pourtant, Michel Barnier ne s’est jamais exprimé publiquement sur un tel projet, qui reviendrait à rebours sur une mesure phare du premier quinquennat.

Plus d’impôts pour payer les entreprises…?

Emmanuel Macron s’en vante depuis son arrivée à l’Elysée : la baisse de l’impôt sur les sociétés n’a jamais été aussi importante et efficace pour l’économie. Entre 2017 et 2022, le président de la République a réduit drastiquement les prélèvements fiscaux sur les bénéfices des entreprises. À son arrivée, l’État prélevait un tiers des bénéfices. Pour 1 000 euros de bénéfices, il fallait en reverser 333 au Trésor public. Désormais, la facture n’est plus que de 25 %, soit 250 euros pour 1 000 euros gagnés.

Entre 2017 et 2022, 11 milliards d’euros (cumulés sur les cinq ans) de moins ont été collectés par le fisc. De quoi offrir de nouvelles marges de manœuvre aux entreprises pour investir, tout en vidant les caisses de l’Etat. Mais ce n’est pas tout : l’impôt sur la production a lui aussi été drastiquement réduit.

Ces deux leviers semblent constituer, aux yeux de Michel Barnier, une ressource financière non négligeable. « Michel Barnier est très tenté de chercher des moyens de faire des économies en allant vers l’impôt sur les sociétés », glisse-t-on dans le communiqué. parisien.

L’augmentation de l’impôt sur les sociétés semble être à l’étude, mais aucun nouveau niveau d’imposition n’a bien sûr encore été proposé. D’autant que cela comporte le risque d’une baisse de l’investissement, et donc des embauches, ce qui pourrait augmenter le chômage, et donc… les dépenses publiques.

…et un nouvel impôt sur les sociétés ?

Par ailleurs, le successeur de Gabriel Attal « est favorable à une taxe sur les profits excédentaires » selon Laurent Wauquiez, député LR et chef du groupe de droite à l’Assemblée, cité par Le Parisien. Actuellement, une telle taxe est en vigueur, depuis 2024, sur les concessionnaires d’autoroutes et d’aéroports. L’État prélève une partie des bénéfices excédentaires perçus par rapport aux prévisions inscrites au contrat de concession.

Michel Barnier pourrait l’étendre aux énergéticiens et reprendre les dispositions en vigueur : un taux de 4,6% appliqué aux revenus d’exploitation supérieurs à 120 millions d’euros. Mais là encore, ce ne sont que des suppositions.

De plus, Les échos Et Agefi avancent d’autres idées : celle d’une nouvelle taxe sur EDF, Engie et TotalEnergie, mais aussi la fin du régime fiscal avantageux pour CMA CGM, dont le patron (Rodolphe Saadé) est proche d’Emmanuel Macron.

GrP1

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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