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Qui était Larbi Ben M’hidi, le « Jean Moulin algérien » ?

Il aura fallu attendre 67 ans pour que le sort désastreux de Larbi Ben M’hidi soit reconnu par l’État français. A l’époque, les autorités françaises affirmaient que cette figure historique de la guerre d’indépendance algérienne s’était suicidée. Mais ce « héros national pour l’Algérie et l’un des six dirigeants du FLN qui ont lancé l’insurrection du 1er novembre 1954, a été assassiné par des soldats français placés sous le commandement du général Aussaresses », a indiqué l’Elysée, dans la journée du 70. anniversaire du début de la guerre d’indépendance de l’Algérie contre la France. Le général Aussaresses, décédé en 2013, l’a reconnu dans ses mémoires.

Engagement politique précoce

Né en 1923 près d’Aïn M’lila, dans les Aurès (nord-est), Larbi Ben M’hidi s’intéresse à la politique dès l’âge de 17 ans. « Il était chef scout, jouait au football dans l’équipe de l’Union sportive de Biskra et faisait théâtre. Mais il avait aussi une conscience politique exacerbée », racontera sa sœur Drifa Ben M’hidi.

En mai 1945, il participe à des manifestations réclamant l’indépendance de l’Algérie. Il est arrêté et incarcéré à Constantine. A sa libération, il rejoint le MTLD (Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques). En juillet 1954, Ben M’hidi fait partie des 22 indépendantistes qui décident de passer à l’insurrection, puis est choisi pour devenir l’un des six dirigeants historiques du Front de libération nationale (FLN) qui lancent la guerre d’indépendance. , le 1er novembre. En août 1956, il préside le « Congrès de la Soummam », dans le maquis de la petite Kabylie, qui donne au FLN des structures politiques et militaires.

Début 1957, des bombes posées par le FLN explosent dans des cafés et des stades d’Alger, tuant 15 personnes et en blessant des dizaines. Le commandant de la 10e division parachutiste, le général Jacques Massu, se lance dans un combat sans merci contre le FLN. Les parachutistes patrouillent à Alger, fouillent jour et nuit, arrêtent massivement.

Le 23 février, en pleine « bataille d’Alger », Ben M’hidi est arrêté par le régiment du colonel Marcel Bigeard. Exposé devant la presse, menotté, il reste souriant et serein, face aux parachutistes français.

Une exécution déguisée en suicide par l’armée française

Dans la nuit du 3 au 4 mars, Ben M’hidi, alors âgé de 34 ans, est transféré dans une ferme abandonnée au sud d’Alger, puis exécuté.

Dans un livre de confession, « Services spéciaux, Algérie 1955-1957 », publié en 2001, le général Paul Aussaresses, ancien chef des services de renseignement à Alger, reconnaît avoir organisé l’assassinat, affirmant avoir agi avec l’aval des politiques.

« Nous avons isolé le prisonnier dans une pièce déjà aménagée. (…) Une fois dans la pièce, avec l’aide de mes officiers, nous avons attrapé Ben M’hidi et nous l’avons pendu, d’une manière qui pourrait laisser penser au suicide. Quand j’ai été sûr qu’il était mort, je l’ai immédiatement fait décrocher et emmené à l’hôpital. J’ai immédiatement appelé Massu au téléphone ; Mon général Ben M’hidi vient de se suicider », a-t-il déclaré.

L’œuvre, pour laquelle le général Aussaresses fut condamné pour complicité d’apologie des crimes de guerre, provoqua une tempête politique. Les deux sœurs de Ben M’hidi portent plainte contre les Aussaresses. Mais en 2003, la Cour de cassation, la plus haute juridiction de France, a exclu toute possibilité de le poursuivre pour « crimes contre l’humanité », notamment en raison de la loi d’amnistie de 1968.

Un héros Homme de conviction, le courage et l’esprit brillant de Ben M’hidi imposaient le respect même à ses adversaires. « Quand on lutte contre un digne ennemi, il y a souvent une camaraderie bien plus forte qu’avec les idiots qui nous entourent », déclarait le général Bigeard en 2002, cité par le quotidien français. Le monde. « Cela m’a rendu malade d’apprendre qu’ils l’avaient tué », a-t-il déclaré quelques mois après avoir rencontré l’une des sœurs du leader du FLN.

Le colonel français Jacques Allaire, alors lieutenant, racontait en 2006 l’arrestation de Larbi Ben M’hidi « impressionnante de calme, de sérénité et de conviction ». « En repensant à l’impression qu’il m’a faite, lorsque je l’ai capturé, et à toutes les nuits où nous avons discuté ensemble, j’aurais aimé avoir un patron comme celui-là à mes côtés (…). Parce que c’était un seigneur Ben M’hidi.

Considéré comme un héros en Algérie, celui surnommé El-Hakim (le sage) a donné son nom à de nombreux lieux et édifices institutionnels du pays.

Cammile Bussière

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