Qui était Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah qu’Israël dit avoir « éliminé » ?
Le quartier général du puissant leader libanais du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a été visé vendredi par des frappes israéliennes. Israël affirme ce samedi 28 septembre l’avoir « éliminé ».
Un leader puissant, mais qui apparaissait rarement en public. L’armée israélienne a annoncé ce samedi 28 septembre avoir « éliminé » le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, âgé de 64 ans, lors d’une frappe menée vendredi à Beyrouth. Qui était cet homme qui apparaissait rarement en public ?
Né le 31 août 1960, Hassan Nasrallah est issu d’une famille modeste de neuf enfants, de l’ancienne « ceinture de pauvreté » qui entourait Beyrouth. Sa famille était originaire du village de Bazouriyé, au sud du Liban.
Adolescent, il a étudié la théologie dans la ville sainte chiite de Najaf, en Irak, mais a dû quitter le pays pendant la vague de répression anti-chiite du président irakien de l’époque, Saddam Hussein. Marié et père de cinq enfants, Hassan Nasrallah parlait couramment le farsi.
Au Hezbollah depuis 1982
De retour au Liban, il s’engage dans le mouvement chiite Amal, mais fait sécession lors de l’invasion israélienne du Liban à l’été 1982 pour faire partie du noyau fondateur du Hezbollah, créé sous la direction des Gardiens. de la révolution iranienne.
Au quotidien, il portait le turban noir des Sayyed, les descendants du prophète Mahomet auquel il revendiquait son appartenance.
Dans une rare interview, il a déclaré qu’il avait joué au football dans sa jeunesse et qu’il aimait le joueur argentin Diego Maradona.
Rarement vu en public
Ennemi juré d’Israël, il a vécu caché pendant de nombreuses années pour échapper à l’État juif. Il est rarement apparu en public depuis la guerre entre son mouvement et l’armée israélienne à l’été 2006, et son lieu de résidence est resté secret.
Il a cependant reçu des visiteurs parmi lesquels des dirigeants de groupes palestiniens alliés à son groupe, qui ont publié des photos des réunions. Il prononçait aussi régulièrement des discours retransmis en direct, auxquels le pays tout entier était suspendu.
Les journalistes et personnalités qui l’ont rencontré ont affirmé avoir été conduits par le Hezbollah dans des voitures aux rideaux épais et aux mesures de sécurité renforcées, vers un lieu non identifiable.
L’homme le plus puissant du Liban
Hassan Nasrallah était le leader charismatique du Hezbollah depuis 1992, date à laquelle il avait succédé à Abbas Moussaoui, assassiné par Israël.
Puis, il a patiemment fait évoluer le Hezbollah, armé et financé par l’Iran, vers une force politique incontournable, représentée au Parlement et au gouvernement. Parallèlement, il développe l’arsenal de sa formation, qui compte selon lui 100 000 combattants, et dispose d’armes puissantes, dont des missiles de haute précision.
Considéré comme l’homme le plus puissant du Liban, décidant de la guerre ou de la paix dans le pays, il faisait l’objet d’un véritable culte de la personnalité parmi ses partisans, notamment au sein de la communauté musulmane chiite dont il était issu.
Une stature consolidée en 2006
Au fil des affrontements entre ses hommes et l’armée israélienne, Hassan Nasrallah consolide sa stature, et gagne le respect avec la mort en 1997 de son fils aîné Hadi au combat.
La guerre de l’été 2006 avec Israël, qui a duré 33 jours, lui a permis d’afficher la puissance de son mouvement, ses combattants tenant tête à l’armée israélienne. Le conflit a causé la mort de 1 200 Libanais, pour la plupart des civils, et de 160 Israéliens, pour la plupart des soldats.
Hassan Nasrallah a proclamé la fin de cette guerre comme une « victoire divine » et s’est imposé comme un héros dans le monde arabe.
Mais au Liban, il s’est aliéné plusieurs camps, lorsque son parti a été accusé d’être impliqué dans l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri en 2005, puis lorsque ses hommes armés ont brièvement pris le contrôle de la capitale en mai 2008.
Le Hezbollah devient un allié clé dans la région
Hassan Nasrallah a accru l’influence du Hezbollah non seulement au Liban, mais aussi dans la région. En 2013, il avait annoncé être intervenu militairement en Syrie voisine pour soutenir le régime de Bachar al-Assad, empêtré dans la guerre civile déclenchée par la répression d’un soulèvement populaire en 2011 qui avait dégénéré en insurrection armée.
Bénéficiant alors de la confiance totale des dirigeants iraniens, il forme et soutient les mouvements proches de Téhéran dans la région.
Le Hezbollah est aujourd’hui le « joyau » des alliés de l’Iran dans la région, unis au sein d’un « axe de résistance », qui comprend des groupes armés en Irak et les rebelles Houthis du Yémen ainsi que le Hamas palestinien.
Depuis le début de la guerre à Gaza entre le Hamas et Israël, Hassan Nasrallah a ouvert le front sud-libanais pour soutenir son allié palestinien, avant de tenter d’éviter une guerre à grande échelle avec Israël.