L’Iran continue de réprimer ses artistes. Un tribunal local vient de condamner à mort le chanteur populaire Amir Hossein Maghsoudloo. Plus connu sous le nom de Tataloo, le rappeur de 37 ans a été reconnu coupable de blasphème, d’insulte au prophète Mahomet, de « propagande contre » la République islamique, de « diffusion de contenus obscènes sous forme de clips et de chansons » et d’« incitation à la prostitution ». .
Agé de 37 ans, le chanteur et compositeur a été l’un des pionniers du rap en Iran, où il a débuté sa carrière au début des années 2000. Rappeur controversé mais proche de la jeunesse avec plus d’un million d’abonnés sur les réseaux sociaux, Tataloo s’est retrouvé au cœur des discussions de pouvoir.
Autrefois courtisé par des politiciens conservateurs pour toucher les jeunes Iraniens à l’esprit libéral, l’artiste n’a jamais été soutenu par le ministre de la Culture et de l’Orientation islamique. Sans licence d’activité musicale délivrée par les autorités iraniennes, aucune de ses chansons ne peut être diffusée à la télévision ou sur les radios nationales.
Il réussit cependant à produire quelques gros tubes comme le single « Manam Yeki az un Yazdahtam » (« Je suis aussi l’un des onze joueurs », en français dans le texte), en soutien à l’équipe nationale iranienne lors de la FIFA 2014. Coupe du monde.
Malgré ses relations compliquées avec le régime iranien, il s’est retrouvé, en 2015, à sortir une chanson en soutien au programme nucléaire iranien lors de la conclusion de l’accord nucléaire entre Téhéran et la communauté internationale, ou encore à apparaître en 2017 sur un plateau de télévision avec l’ancien président ultra-conservateur Ebrahim Raisi.
Toujours sans permis, et plus provocateur que jamais envers le régime, Tataloo et ses plus de 1 000 tatouages présumés sur son corps, ont fini par s’installer en Turquie en 2018 face aux accusations qui pèsent sur lui. La police turque l’a remis à l’Iran en décembre 2023 pour répondre à ces multiples accusations.
Il a été condamné en mai dernier à 10 ans de prison, et sa peine vient d’être considérablement alourdie. En avril 2024, un autre rappeur iranien célèbre, Toomaj Salehi, a également été condamné à mort. Il avait soutenu le mouvement de contestation déclenché après la mort en 2022 de Mahsa Amini, une jeune Kurde iranienne détenue par la police des mœurs, qui l’accusait d’avoir violé le code vestimentaire strict imposé aux femmes.