La success story américaine ne connaîtra probablement pas une fin heureuse. Sadri Fegaier, sacré « plus jeune milliardaire de France » avec son entrée en 2018, alors âgé de 37 ans, dans le classement du magazine des 500 plus grandes fortunes de France Défi, a rendez-vous ce mercredi au tribunal de commerce de Paris qui devra statuer sur la liquidation judiciaire de quatre sociétés de sa holding Indexia. Une audience qui en annonce deux autres à venir : Au pénal, en septembre, pour pratiques commerciales trompeuses, puis au civil où il est attaqué par des centaines de clients dénonçant des déductions indues.
Parti de rien avec un père camionneur, une mère femme de ménage, une enfance dans un lotissement à Romans-sur-Isère et un simple BTS en poche, Sadri Fegaier a fait fortune au tournant des années 2010 avec son assurance multirisque française. société (SFAM). Autrefois valorisée 1,7 milliard d’euros, l’entreprise était également implantée en Belgique et en Espagne. La SFAM, liquidée judiciairement le 24 avril, proposait des contrats d’assurance pour téléphones portables et autres appareils électroniques et, pour ce faire, avait noué des partenariats avec SFR ou la Fnac, dont elle avait pris 11,34% du capital en 2018 pour 330 millions d’euros.
Plus de 600 clients plaignants
Outre sa holding Indexia, le tribunal de commerce de Paris examinera ce mercredi l’avenir de ses sociétés Indexia Développement, Hubside et Hubside Recycle qui œuvraient dans la création de sites internet et le reconditionnement de produits multimédia.
Pour Sadri Fegaier, les problèmes ont commencé à surgir en 2019, lorsque la Répression des fraudes (DGCCRF) lui a infligé une amende de 10 millions d’euros pour « pratiques commerciales trompeuses », dans le cadre d’une transaction pénale acceptée par la SFAM. Aujourd’hui, plus de 600 clients escroqués ont engagé des poursuites contre le milliardaire déchu. Proche Parisienleur maître avocat Emma Leoty explique que les sommes prélevées par les différentes sociétés du groupe Indexia sur leurs comptes bancaires en cinq ans sont « entre 6 000 et 8 000 euros en moyenne ».
Le chouchou du monde des affaires et des stars
L’avenir semble bien sombre pour Sadri Fegaier, autrefois coqueluche du monde des affaires du pays. En 2016, il attire notamment le fonds d’investissement Edmond de Rothschild qui entre au capital de SFAM et tout semble réussir. Il impressionne la galerie avec les chevaux de son élevage situé dans sa Drôme natale, épouse une cavalière professionnelle française et organise des « Jumpings internationaux » en présence de quelques stars comme Guillaume Canet, Charlotte Casiraghi, fille de la princesse Caroline de Monaco, ou encore Jessica Springsteen, liste Paris-Match. Il soigne également ses collaborateurs, dont jusqu’à 3 000 travaillent dans ses entreprises et qu’il emmène en séminaires dans des destinations idylliques autour de la Méditerranée. Des salariés qui réclament aujourd’hui leurs salaires impayés en avril, dont certains dénoncent les syndicats.
Ces beaux jours sont désormais bien loin pour l’ex-magnat des assurances désormais soupçonné de fraude. Pour couronner le tout, l’Urssaf réclame 12 millions d’euros d’arriérés de cotisations sociales. Certains disent que la tendance est aux films qui finissent mal. Concernant les affaires de Sadri Fegaier, l’épilogue approche.