Depuis le génocide des Tutsis au Rwanda, le pays est gouverné par Paul Kagame. Connu pour avoir vaincu les génocidaires en 1994 et pour avoir remis sur pied une nation traumatisée, il a aussi une face sombre.
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Il a fait du Rwanda aujourd’hui l’un des pays les plus stables et les plus développés du continent africain. Avec une croissance de l’ordre de 8 à 10 %, sans corruption, une destination touristique de choix, le Rwanda est un pays sûr, qui s’appuie sur l’armée la plus disciplinée du continent africain. C’est l’œuvre de Paul Kagame, ancien président de l’Union africaine, figure fédératrice et visage d’une Afrique souveraine et ambitieuse.
Trente ans après le génocide au Rwanda, le pays rendra hommage, samedi 6 et dimanche 7 avril, aux centaines de milliers de Tutsis victimes des violences de leurs compatriotes hutu. En 1994, Paul Kagamé était commandant du Front patriotique rwandais, le groupe armé rebelle qui a gagné la guerre civile rwandaise et mis fin au génocide des Tutsi. Considéré comme « l’homme fort du Rwanda », il devient vice-président et ministre de la Défense en 1994, puis président en 2000.
Trois mandats consécutifs et une opposition muselée
En 2024, ce dirigeant expérimenté se retrouve à la tête d’un pays jeune, peuplé de 19 habitants en moyenne. Il a compris que c’est en misant sur cette jeunesse que le pays pourra continuer à se remettre du traumatisme de 1994. Il faut aussi vaincre les 20% de chômage dont souffre le pays. Contrairement à ses voisins, le Rwanda ne possède aucune richesse naturelle. Son président mise donc sur l’innovation, avec l’ouverture il y a deux ans du premier centre africain de la quatrième révolution industrielle. Paul Kagame veut faire du Rwanda l’un des pôles technologiques les plus importants du continent.
Mais ce président est aussi perçu comme un autocrate. Au pouvoir depuis 24 ans, une vice-présidence suivie de trois mandats consécutifs, il a amendé la constitution en 2015, ce qui l’autorise à se présenter jusqu’en 2034. C’est un chef d’État très difficile à contredire et on lui reproche de museler son opposants pour éviter les turbulences à l’intérieur du pays.
Quel rôle dans le conflit du Nord-Kivu et ses six millions de morts ?
Il est également soupçonné d’entretenir le chaos chez son voisin Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo. Il y a dix jours, il a dit ceci : « Les méthodes du Rwanda sont des crimes contre l’humanité. Ils massacrent gratuitement des populations entières, sèment la terreur et poussent ces populations à quitter leur localité. Parce que leur objectif est de piller les ressources minières d’une part, et d’autre part, d’établir de nouvelles populations là-bas.
Le conflit au Nord-Kivu, à la frontière entre le Rwanda et la RDC, a fait six millions de morts et quatre millions de déplacés au cours des 20 dernières années. Les États-Unis, la France et les Nations Unies ont successivement accusé Paul Kagame de soutenir le M23, le groupe armé à majorité tutsi responsable des exactions quotidiennes contre les populations congolaises.