Nouvelles locales

Qui est Massoud Pezeshkian, le candidat réformiste en tête des sondages qui veut sortir le pays de son isolement ?

Si cet ancien ministre de la Santé de 69 ans ne remet pas en cause le système, il critique néanmoins les méthodes de répression des manifestations contre le port du voile et affirme l’objectif de réconcilier les Iraniens entre eux.

Publié


Mise à jour


Temps de lecture : 2 minutes

Une manifestation de soutien au candidat réformateur Massoud Pezeshkian en Iran, le 26 juin 2024. (RAHEB HOMAVANDI / AFP)

Les Iraniens ont commencé à voter vendredi 28 juin pour une élection présidentielle dont l’issue est incertaine en raison de la percée d’un réformateur, Massoud Pezeshkian, face à des candidats conservateurs divisés. Au total, il y a quatre candidats, tous des hommes entre la cinquantaine et la soixantaine.

Ancien ministre de la Santé, l’homme de 69 ans est soutenu par les anciens présidents réformateurs Khatami et Rohani contre ses concurrents qui prônent une ligne dure envers l’Occident. Pratiquement inconnu lorsqu’il a été autorisé à se présenter par le Conseil des gardiens, l’autorité chargée de superviser les élections, Massoud Pezeshkian est discret en apparence mais parle franchement. Il veut sortir l’Iran de son isolement, explique Majid Farahani, le porte-parole de sa campagne.

« Massoud Pezeshkian est différent des autres candidats : par exemple, il croit à la fin des sanctions et des restrictions et à l’amélioration des relations entre l’Iran et les autres pays. »

Majid Farahani, son porte-parole de campagne

sur franceinfo

Avec ses positions réformistes, Massoud Pezeshkian arrive en tête des sondages pour le premier tour de cette élection présidentielle. 61 millions d’électeurs iraniens devront choisir, vendredi 28 juin, entre l’unique représentant du camp réformateur et des candidats conservateurs, qui s’est illustré par sa dureté envers le mouvement « Femmes, Vie, Liberté ». Cette élection a été organisée dans la précipitation après la mort du président Ebrahim Raïssi dans un accident d’hélicoptère le 19 mai.

Sans remettre en cause le système, Massoud Pezeshkian se montre néanmoins critique envers les méthodes de répression des manifestations contre le port du voile, et affiche l’objectif de réconcilier les Iraniens entre eux. « Vous savez qu’il y a des malentendus entre le gouvernement et le peuple iranien, notamment avec les femmes »souligne son porte-parole. « Massoud Pezeshkian pense qu’il faut soutenir les ONG, les partis politiques et les associations pour que les gens puissent s’exprimer librement. Donc lui est différent ! »

Le candidat, un médecin d’origine azérie, minorité du nord-ouest de l’Iran, a redonné espoir aux camps réformistes et modérés, totalement marginalisés ces dernières années par les conservateurs et ultraconservateurs. Face à lui, les partisans du gouvernement actuel sont divisés entre les candidats Mohammad-Bagher Ghalibaf, président conservateur du Parlement, et Saïd Jalili, ancien négociateur ultraconservateur du dossier nucléaire et hostile à un rapprochement avec l’Occident.

Pour ses partisans, il ne fait aucun doute que Massoud Pezeshkian se qualifiera pour le second tour de l’élection présidentielle – ce qui n’a été le cas que lors d’une seule élection présidentielle, en 2005, depuis l’avènement de la République islamique. il y a 45 ans – et pourrait même, selon eux, créer la surprise en s’imposant. Reste que, pour espérer l’emporter, Massoud Pezeshkian doit compter sur une participation en forte hausse par rapport aux dernières élections, boudées par environ la moitié des électeurs. Seuls 49 % d’entre eux ont voté lors de l’élection présidentielle de 2021, à laquelle aucun candidat réformateur majeur ou modéré n’a été autorisé à concourir.

Les résultats officiels sont attendus au plus tard dimanche, mais les estimations devraient être publiées samedi.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
Bouton retour en haut de la page