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Qui est Hassan Nasrallah, le redoutable leader du Hezbollah libanais ?

PORTRAIT – Depuis des décennies, le chef du mouvement armé chiite est considéré comme l’un des hommes les plus puissants du Moyen-Orient. Il est idolâtré par ses partisans, mais une grande partie des Libanais le détestent, l’accusant de transformer leur pays en un satellite de l’Iran.

Son discours est très attendu. Alors qu’une nouvelle vague d’explosions d’appareils de transmission du Hezbollah a fait 20 morts et plus de 450 blessés mercredi à travers le Liban, le très redouté leader du mouvement libanais Hassan Nasrallah prononce ce jeudi 19 septembre (17 heures locales, 16 heures françaises) un discours télévisé dans lequel ses propos pourraient bien embraser définitivement la région. Pas blessé dans cette séquence selon une source proche du mouvement, le penseur chiite de l’organisation pro-iranienne doit s’exprimer sur ces explosions attribuées à Israël et qui ont été fatales à plusieurs dirigeants de son mouvement.

L’année dernière, Hassan Nasrallah s’était déjà illustré après le début de la guerre Israël-Hamas en confirmant les craintes des Israéliens et de l’Occident : «Nous sommes engagés dans la bataille depuis le 8 octobre.« , a-t-il déclaré le 3 novembre 2023, coiffé de son habituel turban noir. Il a officialisé pour la première fois le soutien de son mouvement au Hamas et à ses attaques terroristes, qui ont durement frappé Israël le 7 octobre. Depuis, « La campagne s’est étendue sur plus d’un front » a-t-il ajouté. Hassan Nasrallah, 63 ans, n’a toutefois pas annoncé officiellement d’offensive terrestre contre Israël, contrairement à ce que prédisaient de nombreux observateurs.

Le chef du Hezbollah, à la barbe grise et aux petites lunettes sur le nez, en a profité pour attaquer les États-Unis. Il a ainsi accusé l’Amérique d’être «pleinement responsable de la guerre en cours à Gaza« , considérant que « Israël n’est qu’un instrument« . « L’Amérique empêche le cessez-le-feu et l’arrêt de l’agression (…) Nous sommes prêts (à affronter) votre flotte, avec laquelle vous nous menacez« , a-t-il assuré, alors que des navires américains étaient dépêchés en Méditerranée. Il a enfin justifié les attaques terroristes du Hamas : « Il n’y a pas de campagne plus importante que la campagne contre les sionistes. Il n’y a rien de plus important que cette campagne du point de vue religieux, moral, politique, humain.»

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Un demi-siècle d’antisionisme

Un discours antisioniste ancré en lui depuis près de 50 ans. Après une enfance passée à l’est de Beyrouth, au Liban, il rejoint à quinze ans, en 1975, le mouvement Amal, une organisation politique et paramilitaire chiite, impliquée dans la guerre civile libanaise et fortement soutenue par l’Iran. A l’époque, Amal entend lutter contre les autorités libanaises qui, selon le mouvement, n’empêchent pas Israël de mener des raids sur le pays, qui abrite des combattants de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) frappant l’État hébreu.

Bien qu’il soit devenu le commandant d’une des brigades d’Amal, Nasrallah quitte l’organisation en 1982 pour rejoindre le nouveau Hezbollah, alors qu’Israël vient d’envahir le Liban pour mettre définitivement fin aux attaques de l’OLP. Le Hezbollah, également soutenu par l’Iran, souhaite alors «libérer le pays de l’occupation israélienne par la lutte armée » Tout au long de la décennie, le jeune homme va gravir les échelons de l’organisation. Il en sera ainsi au cœur, alors qu’une série d’attentats commis par le mouvement endeuillera la région, comme celui d’avril 1983, contre l’ambassade des Etats-Unis à Beyrouth, qui fit 63 morts. Il profitera aussi de ces années pour se rendre également en Iran, afin de parfaire son éducation religieuse, reçue durant sa jeunesse.

« Dignité et honneur arabes »

C’est finalement en 1992 que ce fils d’épicier prend la tête du mouvement chiite, alors que son prédécesseur, Abbas Moussaoui, est tué par un missile israélien. De par sa carrière, Nasrallah devient automatiquement une cible pour Tsahal. Son groupe armé mène alors des attaques frontales contre l’armée israélienne, grâce au soutien logistique de l’Iran. Les opérations successives de Tsahal, comme celle dite «Justice rendue» en 1993, ou «Les raisins de la colère » en 1996, n’a pas réussi à stopper les attaques du Hezbollah. A tel point que le mouvement chiite est considéré par ses partisans comme le principal acteur du retrait de l’armée israélienne du Liban en 2000. Nasrallah réitèrera son « succès » lors du conflit israélo-libanais de 2006, qui s’était terminé par une trêve après 33 jours de combats entre le 12 juillet et le 14 août. Le Hezbollah a perdu des centaines de combattants, et le Liban, un millier de civils. Ce qui n’a pas empêché Nasrallah d’asseoir son autorité.

Sous sa direction, le Hezbollah a même réussi à assouvir ses ambitions politiques, en entrant au Parlement libanais. Il compte aujourd’hui 13 députés. Des ministres issus du Hezbollah ont également intégré le gouvernement depuis 2006, comme le ministre des Transports et le ministre du Travail, actuellement en poste.

Agissant en tant que personnage politique, mais aussi religieux, Nasrallah vivrait dans un bunker depuis 2006. Selon l’Encyclopédie Britannica, son règne a été marqué par le populisme, tandis que le sexagénaire a constamment insisté sur «l’importance de la dignité et de l’honneur des Arabes« , évitant tout discours »intimidant » Généralement respecté par le monde arabe, la population libanaise est divisée sur le sujet, certains Libanais l’idolâtrant en raison de l’influence économique du Hezbollah dans certaines régions pauvres, et beaucoup d’autres le haïssant pour son aura religieuse et guerrière. Nasrallah a également été accusé au Liban de corruption et d’autoritarisme, notamment en 2019, lorsqu’il a accusé les manifestants dénonçant l’échec du gouvernement à lutter contre la crise économique d’être « manipulé pour servir des agendas politiques régionaux et internationaux« , selon France 24.

Le discours enflammé de Nasrallah – qui a fait l’objet de chansons hommage populaires d’artistes libanais dans les années 2000 – a contribué à redorer son image déjà populaire au Moyen-Orient. Le New York Times daté d’août 2006, il a été rapporté qu’un homme politique arabe l’avait qualifié de «l’homme le plus puissant du Moyen-Orient » Et « du seul dirigeant arabe qui fait réellement ce qu’il dit qu’il feraDe son côté, Al-Jazeera l’avait comparé à Che Guevara et à Fidel Castro. Des figures révolutionnaires, qui ont entraîné des centaines de morts dans leur sillage. Figaro Les Libanais ont déjà exprimé leur crainte d’être entraînés dans la guerre entre Israël et le Hamas à cause du Hezbollah.

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Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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