Qui est Fatiha Mejjati, la « veuve noire d’Al-Qaïda » qui a inspiré le film « Rabia » ?
Dans « Rabia », le film dramatique français, belge et allemand de la réalisatrice Mareike Engelhardt sur la radicalisation féminine sorti fin novembre, l’actrice belge Lubna Azabal incarne Madame, la Marocaine Fatiha Mejjati alias Oum Adam. Qui est cette femme surnommée « Veuve noire d’Al-Qaïda » qui dirigeait plusieurs maisons de femmes de l’État islamique à Raqqa, en Syrie.
Fatiha Mejjati était une figure importante de Daesh. Mais rien ne la prédestinait à cela. « Après une jeunesse privilégiée à Casablanca et des études de droit, elle se radicalise, emmenant avec elle son mari, Abdelkrim Mejjati. Avec leurs deux enfants, ils rejoignent Al-Qaïda en Afghanistan au début des années 2000. Huffington Post. Le mari de Fatiha sera le coordinateur des attentats de Casablanca en 2003, de ceux de Madrid en 2004 puis de Londres en 2005. Mais ce chef d’Al-Qaïda n’aura pas une longue espérance de vie. Il a été abattu en avril 2005, avec son fils de 11 ans, lors d’affrontements avec les services de sécurité dans la ville d’Ar Rass, en Arabie Saoudite.
A lire : Du terrorisme à la rédemption : le parcours d’Oialae Chergui
La désormais « veuve noire d’Al-Qaïda » est rentrée à Casablanca avec son dernier fils, Ilyas, après la mort de son mari marocain et de son fils de 11 ans. En 2014, elle rejoint les rangs de Daesh. Elle a même dirigé la Brigade al-Khansa, une milice de femmes, avant de prendre la direction de plusieurs maisons de femmes (madafas) de l’État islamique à Raqqa, en Syrie, où elle a fait régner la terreur. Dans les chambres de Madafa 88, par exemple, étaient entassées des femmes de nationalités française, turque, russe, allemande, tunisienne, marocaine et algérienne, toutes célibataires, divorcées ou veuves, prêtes à se marier au plus vite.
Lire : Le parcours tragique d’un maroco-américain enrôlé dans Daesh
Les gens qui l’ont connue la décrivent comme dangereusement intelligente et assoiffée de pouvoir. Mais sa vie ne sera pas comme un long fleuve tranquille. Après la chute territoriale de Daesh, elle s’est retrouvée en prison. Fatiha Mejjati a quand même réussi à s’échapper d’Al-Hol en juin 2020, rapporte le quotidien suédois Expressen. Elle est décédée en 2023 en Belgique. Si son sombre parcours a déjà inspiré un reportage de 66 Minutes sur M6, il a largement nourri le personnage incarné par l’actrice belge d’origine marocaine Lubna Azabal dans « Rabia », le film sur les Françaises qui rejoignent Daesh.
