Nommée ministre de l’Education nationale par le gouvernement Barnier, Anne Genetet a assuré que « le navire ne changera pas de cap ».
Ce lundi a eu lieu la cérémonie de passation de pouvoirs entre Nicole Belloubet et Anne Genetet pour le poste de ministre de l’Education nationale. Anne Genetet a, en effet, été nommée à ce poste ce samedi 21 septembre, tandis que d’autres noms ont été évoqués comme celui de la députée d’Ensemble du Nord Violette Spillebout ou celui de Rachida Dati. Son profil aurait été défendu par Gabriel Attal, qui a fait un court passage dans ce ministère.
« J’ai conscience d’être un maillon d’une chaîne humaine, composée de plus de 1,3 million de femmes et d’hommes qui se lèvent chaque jour pour faire vivre la promesse de l’école », a déclaré ce lundi lors de la passation de pouvoir celle qui devient la sixième ministre en sept ans rue Grenelle, après avoir remercié son prédécesseur pour une rentrée scolaire qu’elle a jugée « réussie ».
Anne Genetet a également présenté ses objectifs pour ce poste, assurant que « le navire ne changera pas de cap » : « Un mouvement est lancé, autour d’ambitions fortes comme l’élévation du niveau de nos élèves, l’exigence de notre enseignement, mais aussi le respect de nos professeurs, de leur autorité et de celle de la République, et le bien-être de nos élèves et de nos personnels ». Elle met également l’accent sur « la réussite des élèves ».
Elle a résumé ainsi ses ambitions : « Voilà ce sur quoi je vais me concentrer : préserver l’école, protéger nos élèves, construire un espace de sérénité et de stabilité (…) Ce que je vous propose peut donc se résumer en quelques mots. Relever humblement ensemble les défis de l’école pour qu’elle puisse enfin et pour longtemps renouer avec sa mission première : forger des républicains, construire des destins, apporter du bonheur ». De grands chantiers attendent la nouvelle ministre : la rémunération des enseignants, la crise d’attractivité de la profession, la question des uniformes scolaires, des groupes de niveaux ou encore le sujet de la diversité scolaire.
Un cours axé sur la défense et la diplomatie
Le choix d’Anne Genetet pour le poste de ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse peut surprendre compte tenu de sa carrière politique, davantage tournée vers l’international. C’est une figure des enjeux des Français de l’étranger, dont elle est députée depuis 2017. Agée de 61 ans, journaliste médicale après des études de médecine, elle a longtemps vécu à Singapour. Certains y verront un signe puisque le système scolaire singapourien est régulièrement perçu comme l’un des meilleurs au monde, célébré notamment dans le classement PISA ou pour son enseignement des mathématiques, la fameuse « méthode Singapour ». En 2022, elle s’est néanmoins rapprochée du sujet de l’éducation en étant rapporteure à l’Assemblée nationale du projet de loi portant évolution de « la gouvernance de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger » et création d’« instituts régionaux de formation ».
Anne Genetet a également tenu à mettre en avant son parcours scolaire. « Je suis une fille de l’école publique, du début à la fin, de l’école à l’université », a-t-elle rappelé à l’AFP, un constat qui contraste avec Amélie Oudéa-Castéra, qui a connu un bref passage à ce poste en raison d’une polémique sur l’éducation privée de ses enfants.
Un rejet des syndicats
La députée devra donc faire sa place au sein de ce nouveau gouvernement, d’autant qu’elle s’était montrée critique envers Les Républicains, qui l’entoureront pourtant et même de très près, puisque le ministre délégué chargé de la réussite éducative et de l’enseignement professionnel est le député LR Alexandre Portier. « Les LR n’ont jamais voulu travailler avec nous, ce n’est pas faute de leur tendre la main, ils nous ont tapés », avait-elle par exemple lancé sur le plateau de BFMTV vendredi 20 septembre. Elle avait aussi appelé à la vigilance face à la probable nomination de Bruno Retailleau, finalement choisi à l’Intérieur.
Ce choix a également été mal accueilli par les syndicats enseignants. Selon Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, « il n’y a pas de bon point dans ce profil, cela ressemble à une erreur de casting au vu des enjeux pour l’école ». Même constat pour Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du SE-Unsa, qui estime qu’Anne Genetet « ne connaît pas grand-chose, ni de près ni de loin, de l’école et du système éducatif, cela nous inquiète beaucoup ». Guislaine David, secrétaire générale du SNUipp-FSU, a pour sa part déploré cette nomination, considérant la ministre comme un « clone de Gabriel Attal ».
GrP1