Qui est Claire de Duras, l'écrivaine choisie pour le baccalauréat français 2024 ?
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Qui est Claire de Duras, l’écrivaine choisie pour le baccalauréat français 2024 ?

Qui est Claire de Duras, l’écrivaine choisie pour le baccalauréat français 2024 ?

Son nom évoque forcément celui de Marguerite Duras. Mais avec sa particule, Claire de Duras, est née en 1777, soit plus de 130 ans avant la célèbre romancière et dramaturge française. Cette année, les élèves de première année devaient commenter un extrait par Édouard, l’une des œuvres majeures de cet écrivain français, ami de François-Renée de Chateaubriand, décédé en 1828 à Nice. (retrouvez le sujet corrigé ici)

Claire de Coëtnempren de Kersaint, est née le 27 février 1777 à Brest dans une famille de noblesse bretonne. Le futur romancier n’a que 12 ans lorsqu’éclate la Révolution française. Et moins de quatre ans plus tard, son père, contre-amiral dans la marine française, est guillotiné. Ballottée entre la Martinique et les États-Unis durant son adolescence, la jeune femme rejoint ensuite Londres où elle épouse Amédé-Bretagne-Malo de Dufort, futur duc de Duras, en novembre 1797. Revenue en France à la fin de la révolution, elle y reste. dans les provinces de l’empire avant de devenir l’une des femmes les plus marquantes de son temps lors de la première restauration. Le romancier est notamment l’ami de Germaine de Staël et la confidente de François-René de Chateaubriand. Elle sera également amoureuse de l’auteur de Souvenirs d’outre-tombe et le soutient tout au long de sa carrière, jusqu’à lui permettre d’entrer au ministère des Affaires étrangères en 1822.

Un premier roman réussi

Le succès de Claire de Duras vient avec la publication par Ourika, premier roman publié anonymement en 1823. Cet ouvrage, inspiré d’un fait réel, raconte l’histoire d’un jeune esclave sénégalais amené à Paris par un aristocrate français. Amoureuse d’un Parisien, la jeune femme vit une déception amoureuse et prend conscience des préjugés liés à la couleur de peau de son époque. Elle finit par se retirer au couvent. Le roman connaît un immense succès dès sa publication et son manuscrit fait le tour de tous les cercles littéraires d’Europe durant les premières années du règne de Louis XVIII.

L’auteur publie ensuite Édouard en 1825. Ce deuxième roman, dont est tiré le texte du baccalauréat français, raconte les amours du héros éponyme, fils d’avocat amoureux d’une jeune duchesse. Conscient de l’organisation sociale de son époque, le jeune homme comprend qu’il ne pourra jamais épouser une femme aussi distinguée sans la rabaisser et décide de s’exiler en Amérique.

Redécouvert en 2020

Considérée comme une auteure à la pointe du féminisme et de l’antiracisme, Claire de Duras, largement oubliée au cours du XXe siècle, a été remise sur le devant de la scène en 2020. Il y a en effet quatre ans, la BNF a décidé d’en faire la promotion. En 2023, Claire de Duras paraît pour la première fois en livre de poche, près de 200 ans après sa naissance.

Voici le texte à commenter choisi pour le baccalauréat français 2024 (voie générale) :

Claire de DURAS, Édouard, 1825

Le narrateur, Édouard, tombe amoureux d’une jeune veuve, la duchesse de Nevers. Fils d’avocat, il ne peut lui avouer son amour car il n’est pas noble. Il passe cependant un été avec elle au château de Faverange.
Madame de Nevers s’était assise dans l’embrasure d’une des fenêtres pour respirer l’air frais du soir ; un grand jasmin qui bordait le mur de ce côté du château grimpait par la fenêtre et s’enlaçait dans le balcon. Debout à deux pas derrière elle, je vis son charmant profil se dessiner sur un ciel azur, encore doré par les derniers rayons du soleil couchant ; l’air était rempli de ces petites particules brillantes qui nagent dans l’atmosphère à la fin d’une chaude journée d’été ; les collines, la rivière, la forêt étaient enveloppées d’une vapeur violette qui n’était plus le jour et qui n’était pas encore le jour.
obscurité. Une forte émotion s’est emparée de mon cœur. De temps en temps, un souffle d’air m’arrivait ; il m’apportait le parfum du jasmin, et ce souffle embaumé semblait s’exhaler de celle qui m’était si chère ! Je l’ai inhalé avidement. La paix de ces campagnes, l’heure, le silence, l’expression de ce doux visage, si en harmonie avec ce qui l’entourait, tout m’enivrait d’amour. Mais bientôt mille réflexions douloureuses se présentèrent à moi. Je l’adore, pensai-je, et je suis à jamais séparé d’elle ! Elle est là ; Je passe ma vie près d’elle, elle lit dans mon cœur, elle devine mes sentiments, elle les voit peut-être sans colère : eh bien ! jamais, jamais, nous ne serons rien l’un pour l’autre ! La barrière qui nous sépare est infranchissable, je ne peux que l’adorer ; le mépris la poursuivrait dans mes bras ! et pourtant nos cœurs sont créés l’un pour l’autre. Et n’est-ce pas peut-être ce qu’elle voulait dire l’autre jour ! Un mouvement irrésistible me rapprocha d’elle ; Je suis allé m’asseoir à la même fenêtre où elle était assise et j’ai penché la tête sur le balcon. Mon cœur était trop plein pour parler. « Édouard, me dit-elle, qu’as-tu ? – Tu ne le sais pas ?  » Dis-je. Elle ne répondit pas un instant ; puis elle me dit : « C’est vrai, je le sais ; mais si tu ne veux pas m’affliger, ne sois pas ainsi malheureuse. Quand tu souffres, je souffre avec vous, vous ne le savez pas aussi ? « Je devrais être content de ce que vous me dites, » répondis-je, « et pourtant je ne peux pas, dit-elle, si nous passions notre vie comme nous avons passé ces deux mois, le ferions-nous ? tu es malheureux ? » J’ai seulement osé lui dire oui ; j’ai cueilli des fleurs de ce jasmin qui l’entourait, et qu’on distinguait à peine, je les lui ai reprises puis je les ai couvertes de mes baisers ; et mes larmes.

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