« Je ne suis pas l’image qu’on a présentée de notre mouvement et de ce que j’ai pu faire au cours de mon militantisme », a tenté de rassurer Raphaël Arnault, à son arrivée au Palais Bourbon mardi matin. Étudiant en sciences politiques puis assistant d’éducation, il a commencé à militer en 2013, après la mort du militant antifasciste Clément Méric, tué par des skinheads. Une tragédie au cœur de son engagement, qui lui a fait prendre conscience qu’« on peut mourir sous les coups de l’extrême droite », comme il le raconte au média Les Jours.
Le nouveau député a participé à la création en 2018 de La Jeune Garde, un collectif antifasciste, dont il est devenu le porte-parole. Le mouvement veut le « renversement de la société capitaliste », seul moyen de vaincre définitivement le fascisme. Dans une déclaration publiée sur internet, l’organisation se fixe comme objectif de « combattre les fascistes dans nos quartiers, dans nos universités, sur nos lieux de travail ».
Listé Triple S
Un combat qui impliquerait de recourir à la violence, si l’on en croit les nombreuses accusations visant La Jeune Garde. Fin juin, huit militants du collectif ont été mis en examen pour « violences volontaires à raison de la race, de l’ethnie, de la nation ou de la religion », révèle Le Canard enchaîné. Il leur est reproché d’avoir agressé un mineur soupçonné d’appartenir à la Ligue de défense juive.
Raphaël Arnault a lui-même été condamné en février 2022 à quatre mois de prison avec sursis pour violences en réunion – une décision de justice dont il a fait appel. Le militant antifasciste aurait participé à l’agression d’un homme qu’il soupçonnait d’appartenir à un groupe d’extrême droite. Il reste à ce jour présumé innocent.
Son entrée en campagne a été marquée par les révélations de plusieurs médias sur les trois fichiers S dont il serait l’objet. Ce fichier signifie qu’il peut mettre en danger la « sécurité de l’Etat », mais n’implique aucune poursuite judiciaire. Le fait d’être fiché S n’est pas non plus un critère d’inéligibilité, ce qui a permis à Raphaël Arnault de se présenter aux législatives.
Largage de parachutes à Avignon
Ce n’était pas sa première tentative électorale. Auparavant membre du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), ce proche de Philippe Poutou et Olivier Besancenot s’était présenté sous les couleurs du parti d’extrême gauche en 2022, dans la deuxième circonscription du Rhône. Une candidature qui s’était soldée par une élimination dès le premier tour. Cette fois, il a été investi par La France insoumise (LFI) au nom du Nouveau Front populaire dans la première circonscription du Vaucluse.
Dans cette circonscription, autrefois détenue par l’ex-garde des Sceaux Élisabeth Guigou, sa candidature ne plaît pas au Parti socialiste (PS) local. Au-delà du profil controversé de Raphaël Arnault, c’est son parachutage qui est critiqué. « Un militant antifasciste qui est lyonnais, je ne vois pas pourquoi on aurait besoin de lui ici », estime Cécile Helle, la maire PS d’Avignon qui soutient le candidat dissident de gauche Philippe Pascal.
LFI fait bloc derrière son candidat, Jean-Luc Mélenchon se disant « fier d’avoir Raphaël Arnault avec nous car il se bat contre les fascistes ». Au soir du premier tour, il accuse dix points de retard sur la candidate Le Pen, mais se qualifie pour le second. Au nom du front républicain face au RN, il bénéficie du soutien du candidat de la gauche dissidente et de la maire d’Avignon. La candidate macroniste, elle, ne donne aucune consigne de vote.