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Qui est Abdelatif Benazzi, le Français en lice pour la présidence de World Rugby ?

Tout a commencé par un coup de théâtre. Alors que la campagne pour l’élection du futur président de World Rugby battait son plein – les élections auront lieu le 14 novembre prochain – le vice-président de l’instance et grand favori pour succéder à l’Anglais Bill Beaumont, l’Ecossais John Jeffrey, annonçait à la surprise générale le retrait de sa candidature.

Il venait d’être informé que la fédération écossaise ne soutiendrait pas sa candidature en raison de sa gestion financière jugée désastreuse lorsqu’il était président du conseil d’administration de Scottish Rugby Limited entre 2020 et 2023. Troubles à Landerneau.

Abandonné, John Jeffrey (65 ans) a été contraint d’abandonner. « Ce qui me reste en travers de la gorge, c’est que j’ai été battu par mon propre pays. Mon propre pays a retiré sa candidature à la dernière minute, c’est incroyable », a-t-il déclaré. a-t-il expliqué à BBC Scotland.

L’auteur de l’essai malheureux en demi-finale de 1995

Un vacarme qui pourrait profiter à quelqu’un qu’on n’attendait pas forcément. Le Français Abdelatif Benazzi (56 ans), dernier à avoir présenté sa candidature, pourrait bel et bien être le prochain patron du rugby mondial. Un véritable défi pour l’ancien international français, ainsi qu’un joli camouflet.

Né au Maroc dans une famille relativement aisée, Abdelatif ne découvre le monde du rugby qu’à l’adolescence après s’être essayé au football et à l’athlétisme. Ses qualités athlétiques sont rapidement remarquées. Il est sélectionné en équipe junior du Maroc en 1985, puis se fait remarquer dès sa première saison par des clubs français lors de tournées en Europe.

A 18 ans, il est le meilleur joueur du pays. Cahors puis Agen lui ouvrent les portes du très haut niveau français, mais aussi de ses avatars. Le racisme sur certains terrains le touche de plein fouet. Qu’à cela ne tienne, il gravit les échelons et devient international.

Il restera comme joueur celui qui… le 17 juin 1995, lors de la demi-finale de la Coupe du monde entre la France et l’Afrique du Sud à Durban, sur un terrain marécageux, a marqué à deux minutes de la fin l’essai qui a ouvert les portes d’une finale contre la Nouvelle-Zélande pour la France. Mais l’essai a été refusé, on se demande encore pourquoi. Ah, si la VAR (assistance vidéo à l’arbitrage) avait existé…

« Nous avons été absents de ces instances pendant trop longtemps »

Mais revenons à ces élections à la tête du rugby mondial, pour lesquelles Benazzi fait désormais figure de favori face à l’Italien Andrea Rinaldo (70 ans) et à l’Australien Brett Robinson (54 ans). Il pourrait devenir le deuxième Français à diriger World Rugby, après Bernard Lapasset (2008-2016). Depuis juin 2023, Abdelatif Benazzi est vice-président de la FFR aux affaires internationales et membre de la liste Florian Grill. Il représente notamment la fédération au conseil de World Rugby avec Florian Grill et Brigitte Jugla. Il joue également un rôle d’ambassadeur sur les questions citoyennes.

Dernier à annoncer sa candidature, c’est un homme de convictions et de combats et pourrait être le lien entre les grandes nations de l’Ovalie et les plus petites qui sont souvent laissées pour compte : « La France a cette habitude d’aller vers des nations moins reconnues, que ce soit en Afrique ou en Asie, grâce à nos formations. Nous voulons jouer un rôle autour de la table ronde. Nous avons été trop longtemps absents de ces instances. »

Soutenu par de nombreux dirigeants du rugby mondial

Fort d’un projet de présidence longuement peaufiné, notamment en consultant de nombreuses fédérations, son expérience internationale lui permet de compter de nombreux soutiens parmi les dirigeants du rugby mondial.

« Je participe depuis de nombreux mois aux réunions en tant que représentant de la Fédération Française de Rugby. Le rugby doit avoir une portée globale et mondiale. Il faut revoir une certaine gouvernance et une certaine transparence concernant certains endroits du monde. Il y a beaucoup de choses à mettre en place et à consolider : sur le développement, sur la santé des joueurs, sur la démocratisation de ce sport, sur l’évolution du rugby à 7 », affirme l’ancien capitaine du XV de France.

« J’ai moi-même été victime de racisme lorsque j’étais joueur »

Il n’élude aucune question, pas même celles concernant les affaires intérieures et l’été pourri du XV français : « Il y aura un avant et un après dans la gestion de ces équipes françaises et dans leur fonctionnement dans le futur. »

Sur l’affaire Jaminet, en particulier, il ajoute : « C’est l’occasion de demander pardon à la communauté arabe, qui a été touchée dans son âme, mais la fédération ne met pas les gens sur le bûcher. J’ai moi-même subi du racisme quand j’étais joueur. J’en ai souffert. Heureusement, ce n’était pas tous les jours et certaines personnes m’ont tendu la main. » La politique de la main tendue mais ferme, voilà sans doute son credo ?

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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