Qui a mis une culotte et un soutien-gorge sur cette sculpture à Cahors ?
Ce mercredi matin, la célèbre statue, située place Clément Marot à Cahors, était vêtue de sous-vêtements pour soutenir un étudiant iranien qui s’est attiré la colère des miliciens Basij. Le collectif Les Racolleuses lui a rendu hommage, à sa manière.
Moins d’une heure. C’est l’époque durant laquelle certains passants ont pu apercevoir la statue de l’ange du Lazaret portant de curieux sous-vêtements : une culotte et un soutien-gorge posés à 8 heures ce mercredi. Et une pancarte : « Ahou Daryaei, tu n’es pas seul », pouvait-on lire. Mais à 9 heures du matin, tout avait disparu. Même les salariés de Biocoop, situés à côté de la statue, n’ont rien vu. Une action symbolique désormais revendiquée par le collectif féministe Les Racolleuses.
Dénoncer l’oppression contre les femmes
« Comme nous le faisons habituellement, nous souhaitons mettre en lumière les événements de violences faites aux femmes en France, mais aussi dans le reste du monde », confirme l’un des membres de ce groupe composé d’une trentaine de personnes. . L’événement en question concerne Ahou Daryaei, une étudiante iranienne. Le 2 novembre, la jeune femme a été arrêtée par des miliciens Basij parce qu’elle ne portait pas de « maghnaeh » (un voile qui couvre la tête, le front, le menton et la poitrine). En signe de protestation, Ahou décide de se déshabiller et de se promener sur le campus de Téhéran. L’image a déjà fait le tour du monde.
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« Cette jeune fille nous a paru particulièrement courageuse. Pour cela, elle a subi une arrestation totalement inappropriée. On voulait lui montrer que d’autres femmes dénonçaient cette oppression faite aux femmes», s’insurge La Racolleuse. Après son acte, Ahou Daryaei aurait été emmenée par les services de renseignement des Gardiens de la révolution dans un hôpital psychiatrique. Dans un communiqué, l’ambassade d’Iran en France assure que « cet étudiant souffrait de certains problèmes familiaux et de conditions psychologiques fragiles ». « C’est l’argument habituel pour enfermer des opposants alors qu’ils n’ont aucune réelle raison de le faire », juge pour sa part le collectif.
L’ange au service de la liberté
Du côté de l’association « Les Gardiens de l’Ange » qui œuvre à la conservation de la sculpture, on a en tout cas plutôt salué cette action de manière positive : « Je ne suis pas indigné à partir du moment où il n’y a pas de dégradation. Si l’ange du Lazaret peut être utilisé pour ce genre de cri de liberté, je suis tout à fait d’accord », assume le président de l’association, Manuel Espositio.
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Un avis partagé par l’auteur de cette statue, Marc Petit : « Sur le plan esthétique, il y aurait quelques discussions », plaisante d’abord le sculpteur. « Mais cela devient secondaire dans la mesure où il n’y a pas de dégâts. En revanche, si ma sculpture peut servir de « panneau publicitaire » à ce type d’action, je suis tout à fait d’accord. Que les gens s’approprient des sculptures dans l’espace public, je trouve que c’est une très bonne chose», s’enthousiasme l’artiste, avec quelques nuances. «Après, ça me dérangerait qu’ils soient utilisés pour des idées contre lesquelles je suis contre, comme par exemple la peine de mort. » Dans ce cas précis, la fibre militante s’est retrouvée en accord avec le cœur de l’artiste puisqu’ils partagent tous deux « l’amour de la liberté ».