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Qu’est-ce qu’un « ghost gun », cette arme introuvable qui aurait été utilisée pour tuer Brian Thompson à New York ?

Le principal suspect du meurtre de Brian Thompson à New York a été arrêté en possession d’un « pistolet fantôme ». Quelles sont ces armes intraçables de plus en plus populaires aux États-Unis ?

Après cinq jours de traque, la police américaine a arrêté ce lundi Luigi Mangione, 26 ans. Principal suspect du meurtre à New York du patron d’un géant de l’assurance maladie, Brian Thompson, le jeune homme était en possession d’un kit d’arme à feu. Aussi appelé « pistolet fantôme », ce type d’équipement introuvable donne du fil à retordre aux autorités américaines.

Selon le chef des inspecteurs de la police de New York, Joseph Kennedy, l’arme de Luigi Mangione est « capable de tirer des balles de 9 mm » et était équipée d’un silencieux. Il « aurait pu être réalisé sur une imprimante 3D ».

Il correspond donc à la description d’un « pistolet fantôme », à savoir une arme à feu que l’on peut assembler soi-même, à l’aide de pièces faites maison ou achetées en ligne. Comme le souligne NBCnews, ceux-ci ne portent pas de numéro de série et peuvent généralement être obtenus sans vérification des antécédents.

La popularité de ces kits de bricolage, présents depuis les années 1990, a explosé ces dernières années. Entre janvier 2016 et décembre 2021, le Bureau fédéral de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a reçu environ 45 000 rapports concernant des armes à feu de fabrication privée récupérées au cours d’enquêtes criminelles, dont 692 pour homicide ou tentative d’homicide.

Durant cette période, le nombre d’armes fantômes découvertes dans ces circonstances a augmenté régulièrement chaque année selon le ministère américain de la Justice, passant de 1 758 en 2016 à 19 344 en 2021. L’avènement de l’impression 3D a rendu ces équipements encore plus faciles d’accès, ainsi que l’émergence de tutoriels vidéo mis en ligne pour guider les internautes dans l’assemblage de ces armes.

Une réglementation contestée

Faute de numéro de série, ces « armes fantômes » sont particulièrement difficiles à tracer, ce qui constitue un atout aux yeux des criminels. En 2022, Joe Biden a annoncé de nouvelles restrictions sur ces équipements et l’ATF a édicté une réglementation leur imposant les mêmes normes que pour les armes conventionnelles.

Concrètement, l’objectif n’était pas de les interdire mais d’appliquer la loi sur les armes de 1968, qui impose notamment un numéro de série et une vérification du casier judiciaire des acheteurs. Cette initiative a cependant été contestée par les fabricants et les organisations militant pour le droit au port d’arme, qui estimaient que l’ATF avait outrepassé son autorité en « étendant la définition d’une arme à feu à des assemblages de composants qui ne sont pas des armes ».

Un juge fédéral du Texas puis une cour d’appel réputée ultraconservatrice ont donné raison à ces plaignants en 2023 et la question a été renvoyée devant la Cour suprême. Cette dernière a suspendu la décision précédente à la demande de l’administration Biden, le temps qu’elle statue elle-même. Elle doit se prononcer sur la question des armes fantômes d’ici la fin du premier semestre 2025.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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