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qu’est-ce qu’Eléona, ce domaine français où des gendarmes ont été brièvement arrêtés par la police israélienne ?

Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a visité jeudi ce site historique, qui est l’un des hauts lieux tenus par la France en Israël.

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L'église Pater Noster du Mont des Oliviers, à Jérusalem-Est, dans le domaine national français d'Eléona, le 18 août 2023. (FREDERIC PETRY / HANS LUCAS / AFP)

Un voyage qui se transforme en incident diplomatique entre la France et Israël. La police israélienne est entrée « armée » Et « sans autorisation » à Eléona, lieu de pèlerinage géré par la France à Jérusalem-Est, jeudi 7 novembre, dans le cadre d’un déplacement du ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Le chef de la diplomatie française a dénoncé un « situation inacceptable » et a refusé de pénétrer dans ce lieu, tandis que la police israélienne a ensuite brièvement arrêté deux gendarmes français en civil. « L’entrée en vigueur de la sécurité israélienne constitue une décision sans précédent, ce qui la rend si grave »Des sources diplomatiques ont réagi auprès de Radio France.

Cette visite officielle en Israël devrait être de nature à cultiver les liens entre les deux pays. Dans ce contexte, l’arrivée du ministre dans ce « domaine placé sous la responsabilité de la France », « mentionné à plusieurs reprises auparavant »selon ces mêmes sources, devait se faire sans « pas de sécurité armée israélienne (…) sur le site ». « Le domaine Eléona (…) est un domaine qui non seulement appartient à la France depuis plus de 150 ans, mais dont la France assure la sécurité, l’entretien et avec beaucoup soins »dit le ministre.

L’Eléona (« l’oliveraie » en grec) est construite sur sur les hauteurs du Mont des Oliviers, à Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la ville occupée par Israël depuis 1967. Il abrite un haut lieu de la religion catholique, « la soi-disant grotte Pater »refuge du Christ à Jérusalem et lieu d’enseignement de la prière du « Notre Père » aux disciples, au sous-sol, « et au-dessus un cloître inachevé datant du 19ème siècle »décrit le Consulat général de France à Jérusalem.

Sur le fronton de la grotte est gravée l’inscription latine « Spelunga in qua docebat Dominus apostolos à Monte Oliveti »ce qui veut dire « Grotte dans laquelle le Seigneur enseignait ses apôtres sur le Mont des Oliviers »précise La Croix. Sur les murs de la propriété, on peut lire « Nos Pères » dans toutes les langues. L’Éléona « est un lieu saint »résume le père Laurent, recteur de la basilique Sainte-Anne, à l’AFP.

« Ici en Israël, les lieux saints sont des lieux particulièrement protégés. Nous n’entrons pas avec des armes.

Père Laurent, recteur de la basilique Sainte-Anne

à l’AFP

Le site était « Accès interdit aux chrétiens sous Saladin »alors c’était « acheté à la fin du XIXème siècle par la Princesse de la Tour d’Auvergne qui y fit construire un cloître, réalisé par Viollet-le-Duc, pour encadrer la grotte »trace le Consulat Général. La princesse a donné un rôle « de ses terres en France en 1868″ajoute La Croix. Depuis 1873, le site d’Eléona abrite également un monastère et 12 sœurs de l’ordre religieux des Carmélites.

D’un point de vue diplomatique, Eléona est l’un des quatre domaines nationaux français proches de Jérusalem, avec le Tombeau des Rois, la basilique Sainte-Anne et l’ancienne commanderie croisée d’Abou Gosh avec leurs églises romanes. Selon l’ancien ambassadeur de France en Israël, Gérard Araud, cité par Le Figaroce domaine national n’est pas une emprise diplomatique au même titre qu’une ambassade, c’est-à-dire un espace protégé interdit aux autorités du pays où il se trouve. « Donc le droit du pays hôte (Israël) s’appliqueassure-t-il au quotidien. L’objection que nous pourrions faire est que nous ne reconnaissons pas la souveraineté israélienne sur Jérusalem-Est. Mais en fait, nous l’avons respecté. »

Concernant les autres zones, le Tombeau des Rois est en fait le tombeau de la princesse Hélène d’Adiabène (Kurdistan), assure le Consulat général de France à Jérusalem. Le site fut fouillé en 1863 par des archéologues français et acquis par les frères Péreire, célèbres banquiers du Second Empire, qui le cédèrent à la France en 1886.

Abou Gosh, située à Jérusalem-Ouest, est une ancienne commanderie construite au XIIe siècle par les chevaliers de Saint Jean l’Hospitalier et abandonnée aux musulmans en 1187, rapporte le Consulat général. Elle fut ensuite donnée à la France par l’Empire ottoman et abrite depuis 1976 une communauté de religieuses. Enfin, la basilique Sainte-Anne, également construite au XIIe siècle et située à l’intérieur des murs de Jérusalem, est considérée comme le site « de la maison des parents de la Vierge Marie et de la piscine de Béthesda où, selon les évangiles, le Christ guérit un paralytique »détaille la même source. Elle fut offerte à Napoléon III en 1856 et restaurée par le gouvernement français, après les dégâts survenus lors de la guerre des Six Jours en 1967.

C’est dans cette basilique, le 22 janvier 2022, que la visite d’Emmanuel Macron a été marquée par une bousculade. Le président avait dit en anglais à un policier israélien « Je n’aime pas ce que tu as fait devant moi » (« Je n’aime pas ce que tu as fait devant moi. »). Mais l’incident le plus célèbre reste celui de 1996. Jacques Chirac, alors président de la République, s’emporte contre les soldats israéliens qui l’entourent de trop près en lançant le fameux « Voulez-vous que je retourne à mon avion? » (« Voulez-vous que je remonte dans mon avion? »), avant d’exiger que les militaires quittent le domaine Sainte-Anne.

Cammile Bussière

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