Qu’est-ce que le droit foncier, dans le viseur du RN ?
Le Rassemblement national promet, en cas d’arrivée au pouvoir après les élections législatives, de restreindre les conditions d’accès à la nationalité française par le « droit de naissance »un principe fondamental ancien, attaqué à plusieurs reprises.
Aujourd’hui, l’acquisition de la nationalité par « droit de naissance » n’est pas automatique pour les enfants de parents étrangers, mais soumis à conditions. Il ne suffit pas d’être né en France pour l’obtenir.
Elle est en effet attribuée à la majorité lorsqu’un enfant naît en France de deux parents étrangers à condition de résider en France à l’âge de 18 ans et pendant une période continue ou discontinue d’au moins cinq ans depuis l’âge de 11 ans.
Toutefois, l’enfant peut obtenir la nationalité avant d’atteindre l’âge de la majorité à la demande de ses parents (entre 13 et 16 ans) ou sur demande personnelle (entre 16 et 18 ans).
La nationalité française n’est systématiquement accordée que par « loi du sang » pour tout enfant né en France ou à l’étranger dont au moins un parent est français. C’est également le cas pour « double droite du terrain », c’est-à-dire pour tout enfant né en France dont au moins un parent est également né en France. Ce sont les seuls cas d’attribution automatique dès la naissance.
Le Rassemblement national (RN) propose de restreindre les droits fonciers afin que « seul un enfant né d’au moins un parent français a automatiquement accès à la nationalité française », a indiqué à l’AFP le service de communication du parti d’extrême droite. Donc, « tout enfant né de deux parents étrangers sur le territoire français ne pourra obtenir la nationalité qu’après une demande dès l’âge de 18 ans »il ajouta.
Cette approche « sera soumis à un examen approfondi par l’administration et comportera certains critères fondés notamment sur le casier judiciaire », ajoute la même source. C’est déjà le cas en cas de peine de six mois ou plus de prison.
Cette réforme, qui prendrait la forme d’un« une loi simple » voté au parlement, « fait partie des urgences signalées par Jordan Bardella »explique le service communication du leader du RN.
Apparu au Moyen Âge, le droit foncier est inscrit dans le Code civil depuis 1804. Il fut aboli sous le régime de Vichy et rétabli par ordonnance en octobre 1945.
Dans les années 1980, dans le cadre des débats sur l’immigration, la question de l’automaticité du droit foncier, héritée de 1889, était déjà remise en cause par l’extrême droite. Entre 1993 et 1998, la loi dite Pasqua prévoyait que, pour bénéficier du droit du sol et devenir français, un enfant né en France de parents étrangers devait en exprimer le désir entre 16 et 21 ans.
Mi-février, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé son intention de supprimer le droit foncier à Mayotte, alors que l’archipel était bloqué par des groupes citoyens protestant contre l’immigration clandestine et la délinquance. Prévue en mai, la présentation en Conseil des ministres du projet de loi constitutionnelle prévoyant cette suppression avait été reportée à juillet.