Qu’est-ce que la Mocro Maffia, dangereuse organisation criminelle reine de la cocaïne
Saïd A. a été interpellé à Paris ce mardi, à la sortie d’un restaurant. Sous le coup d’un mandat d’arrêt européen, cet homme originaire du Maroc, âgé de 35 ans, est considéré comme l’un des membres importants de la Mocro Maffia. Cette organisation criminelle d’origine marocaine mais basée aux Pays-Bas est l’un des plus grands réseaux de revente de cocaïne en Europe. Dans un marché particulièrement lucratif, la Mocro Maffia est également connue pour ses règlements de comptes et ses trafics d’armes particulièrement sanglants. Un grand coup réalisé par la section de recherche de la gendarmerie de Paris, qui avait fait appel au GIGN pour arrêter le dangereux trafiquant. Recherché pour trafic de drogue et production de drogues de synthèse, Saïd A. est également soupçonné d’enlèvements, d’actes de torture et de barbarie commis sur le territoire espagnol.
Considéré par les enquêteurs comme l’une des principales cibles au sein de la mafia Mocro, il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt depuis le mois d’août. Que va-t-il devenir ? Cela dépendra de sa «consentement» ou non à être remis aux Pays-Bas.
Un procès inédit et hyper surveillé
En février, le pays batave avait déjà été le théâtre d’un grand procès. Ridouan Taghi, considéré comme le cerveau de la mafia Mocro et l’un des hommes les plus redoutés des Pays-Bas, a été condamné à la prison à vie. Non pas pour trafic mais pour une série de six meurtres et quatre tentatives de meurtre, sur des personnes soupçonnées par la bande d’être du côté de la police. Ridouan Taghi et ses 16 coaccusés ont été condamnés à des peines allant de la perpétuité à neuf mois de prison.
Ce procès hors du commun a nécessité des mesures exceptionnelles. Sous la protection de l’armée, les juges et procureurs qui y siégeaient ont été anonymisés et se sont rendus dans un tribunal ultra-sécurisé à bord d’un véhicule blindé. Incarcéré depuis plusieurs années dans un lieu fortement gardé aux Pays-Bas, Ridouan Taghi a pu continuer de donner des instructions à ses complices depuis la prison. Au cours du procès, trois personnes ont été assassinées : le frère d’un témoin clé, son avocat Derk Wiersum et son confident, le journaliste Peter R. de Vries.
Après le cannabis, place à la coca
La Mocro Maffia est née dans les années 1990 autour de l’exportation du haschisch, dont le Maroc est le premier producteur mondial. Plusieurs communautés issues des régions pauvres du Maghreb s’installent aux Pays-Bas ou en Belgique. Comme la Corse ou la Sicile, ses membres cultivent « des relations communautaires très fortes, un esprit d’omerta et d’autosurveillance », selon un article du Courrier Atlas.
Au fil des années et de l’évolution du marché de la drogue, la Mocro Maffia s’est diversifiée, préférant aujourd’hui le très lucratif marché de la cocaïne. L’organisation criminelle est cependant divisée en plusieurs gangs, qui peuvent parfois s’affronter dans des règlements de comptes sanglants. Sa devise : « Celui qui parle meurt ». » C’est l’un des plus grands dealers de cocaïne d’Europe, contrôlant près d’un tiers du marché et profitant des ports de Rotterdam et d’Anvers pour transporter ses cargaisons de poudre blanche. Un produit de plus en plus consommé malgré son prix.
La cocaïne devient de plus en plus populaire
En 2023, près d’un adulte français sur dix (9,4 %) avait consommé de la cocaïne au moins une fois au cours de sa vie, contre 5,6 % en 2017. La consommation actuelle (au moins une fois sur les 12 derniers mois) connaît une trajectoire exponentielle : la consommation a décuplé entre 1992 (0,3%) et 2023 (2,7%).