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qu’est-ce que la FINUL, la Force intérimaire des Nations Unies ?

qu’est-ce que la FINUL, la Force intérimaire des Nations Unies ?

La FINUL était censée permettre au Liban de maintenir son intégrité territoriale, mais elle est désormais – selon son porte-parole – victime d’attaques « délibérées » de l’armée israélienne. Alors qu’Israël a multiplié ses opérations militaires au Liban ces deux dernières semaines, la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) a dénoncé des « violations choquantes » de la part de Tsahal.

Au moins cinq casques bleus ont été blessés ces derniers jours, tandis que l’état-major israélien exige le retrait des troupes des Nations Unies (ONU). Comme l’a confirmé ce lundi le ministre français des Armées Sébastien Lecornu sur France 5, la FINUL « désire néanmoins rester » dans la région pour poursuivre sa mission commencée il y a plus de 46 ans.

Bien qu’elle ait été fondée dans un contexte bien particulier (l’invasion du sud-Liban par l’armée israélienne en 1978), la FINUL est censée contribuer à résoudre un conflit territorial bien plus ancien entre les deux voisins. Depuis la création de l’État d’Israël en 1948, sa frontière avec le Liban (au nord du pays) est une zone particulièrement instable.

En 1978, les tensions frontalières prennent une autre tournure avec le lancement par Tsahal de l’opération « Litani », consistant à envahir le sud du Liban pour établir une « zone de sécurité » censée protéger Israël des combattants de l’Organisation. de libération de la Palestine (OLP) qui se seraient installés dans la région.

La création de la FINUL est une réponse directe à cette invasion militaire. Le 19 mars 1978, quatre jours après l’entrée de Tsahal au Liban, le Conseil de sécurité de l’ONU adoptait les résolutions 425 et 426. Exhortant Israël à « cesser immédiatement son action militaire au Liban », la résolution 425 annonçait la mise en place immédiate d’un « force intérimaire » dans le sud du pays, qui devra « confirmer le retrait des forces israéliennes » et « restaurer la paix et la sécurité internationales ».

La résolution 426 fixe une durée initiale de six mois pour cette FINUL, avec la possibilité de prolonger la mission si nécessaire. Dans la foulée, un contingent d’environ 4 000 casques bleus y a été envoyé et a installé son quartier général dans la ville de Naqoura. Or, si Israël feint officiellement de retirer ses troupes en juin 1978, l’État hébreu va en réalité, et au contraire, s’installer durablement dans la région et même poursuivre son avance un peu plus au nord, toujours avec l’objectif affiché d’anéantir l’OLP. .

Au cours des années 1980, la FINUL se retrouve donc dans une position improbable, prise entre deux feux et clairement incapable de mener à bien sa mission. Comme l’explique Le Monde, elle est alors régulièrement la cible des deux camps, subissant les attaques de groupes palestiniens, mais aussi d’une milice armée par Israël, l’Armée du Sud-Liban (ALS).

Si elle n’atteint pas son objectif de désescalade, la force onusienne résiste néanmoins aux offensives répétées de l’ALS et permet, selon Le Monde, d' »assurer une relative sécurité aux habitants » dans les villages de la région. Sa mission s’est donc logiquement étendue au cours des années 1990, alors que le conflit se poursuivait au Sud-Liban.

L’année 2000 marque un tournant dans l’histoire de la FINUL avec le retrait effectif des troupes israéliennes, conformément à la résolution 425 de l’ONU (mais avec 22 ans de retard donc). L’ONU décide alors d’établir une « ligne bleue » de 120 km de long entre les deux pays, qui ne doit pas être une frontière, mais plutôt une « ligne de retrait » pour l’armée israélienne. Pour garantir le respect de cette limite, la mission de la FINUL est une nouvelle fois prolongée.

Ses effectifs, qui oscillaient entre 4 000 et 6 000 soldats depuis 1978, ont cependant été drastiquement réduits à 2 000 casques bleus. Cette accalmie ne durera pas. Au début de l’été 2006, une guerre éclate entre Israël et le Hezbollah libanais. Le conflit a rapidement pris des proportions très inquiétantes, obligeant l’ONU à réagir.

Pour obtenir et garantir un cessez-le-feu, les Nations Unies décident alors de renforcer la FINUL et de développer sa mission. Le 11 août 2006, le Conseil de sécurité adoptait la résolution 1701, qui prévoyait notamment d’augmenter les effectifs militaires de la FINUL « jusqu’à 15 000 soldats » et lui assignait de nouveaux objectifs.

La force onusienne est ainsi chargée de « surveiller la cessation des hostilités », mais aussi de garantir « l’accès humanitaire » aux populations civiles directement touchées par les combats et par les frappes israéliennes sur le Liban. La résolution 1701 stipule également que la FINUL doit aider l’armée libanaise à sécuriser ses frontières, notamment au niveau de la fameuse « ligne bleue ».

Conformément à ces nouvelles instructions, le contingent de casques bleus envoyé au Liban est passé en quelques mois de 2 000 à 13 000 soldats. Depuis lors, les troupes ont été quelque peu réduites, mais sont restées constamment au-dessus de 10 000 soldats mobilisés, tandis que les tensions entre Israël et le Liban se sont poursuivies jusqu’à la récente flambée de violence.

Durant cette dernière période, de 2006 à aujourd’hui, la mission de la FINUL n’a pas changé, mais son succès semble de plus en plus compromis. Le détachement de l’ONU continue cependant de jouer un rôle crucial dans la protection des populations locales, ainsi que dans la sécurisation des couloirs humanitaires, ce qui explique que son mandat ait été à nouveau prolongé d’un an en août dernier (depuis 1979, l’ONU publie une résolution chaque année pour prolonger ce mandat.

Selon les derniers chiffres de l’ONU (datant de septembre 2024), les 10 058 casques bleus actuellement présents au Liban proviennent d’une cinquantaine de pays différents. Parmi eux, pas moins de 673 Français, ce qui représente l’un des principaux contingents, loin derrière des pays comme l’Indonésie (1 231 soldats), l’Italie (1 068), l’Inde (903) ou le Ghana (873).

Financée par les pays membres, et principalement par les États-Unis, la FINUL devrait donc rester en place, malgré les menaces lancées par le président israélien Benjamin Netanyahu. L’ONU a récemment calculé que 334 soldats de la FINUL ont perdu la vie depuis la création du contingent en 1978.

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