Qu’est-ce que Draisy, ce futur train électrique de la SNCF qui veut révolutionner les services de proximité ?
Ce projet ambitieux vise à revitaliser les « belles lignes de services du territoire » actuellement peu fréquentées voire fermées, et ainsi offrir une alternative à la voiture individuelle en zone rurale.
Une petite révolution à venir. La SNCF et l’industriel alsacien Lohr ont dévoilé ce mercredi à Strasbourg un train électrique à batterie adapté aux petites lignes rurales. Encore à l’état de projet, ce wagon unique baptisé « Draisie » devrait être en circulation à partir de 2028. Vitré de toutes parts et d’une capacité de 80 passagers (dont 30 assis), il sera propulsé jusqu’à 100 km/h grâce à l’énergie de batteries électriques avec une autonomie d’une heure, soit une centaine de kilomètres. « L’autonomie peut être augmentée en installant des bornes de recharge rapide sur le quai de la gare »précise la SNCF. De quoi pallier efficacement au manque de sections électrifiées « les belles lignes de service du territoire » qui représentent un tiers du réseau ferroviaire français.
« Toutes les petites lignes qui sont fermées ou sur le point de l’être sont rarement électrifiées. Nous avons donc misé sur un véhicule qui embarque une batterie, un peu comme une batterie de bus, et qui nous permet donc de ne pas réinvestir dans des infrastructures coûteuses comme les caténaires. »explique à l’AFP Marie-José Navarre, vice-présidente de Lohr, le constructeur du train. Sa taille réduite de 14 mètres, l’équivalent d’un bus, et son poids de seulement 20 tonnes font donc de Draisy « particulièrement adapté aux petites lignes »aujourd’hui desservi par des machines de 47 tonnes.
« Nous avons recherché la frugalité et la légèreté de l’objet. Dix tonnes par essieu, notamment, permettent de préserver la voie et de réduire considérablement les coûts d’exploitation. »« Nous avons besoin d’un train de banlieue qui soit abordable et abordable », a ajouté Marie-José Navarre, précisant qu’elle recherchait un coût 60% inférieur à celui d’un train conventionnel. Car l’utilisation de l’infrastructure ferroviaire existante permet de réduire considérablement les coûts d’installation et d’entretien. « Grâce au poids limité du matériel roulant, la voie sera moins sollicitée, réduisant ainsi ses coûts de maintenance »La SNCF est d’accord avec cela.
Derrière Draisy se cache l’ambition d’offrir « une véritable alternative à la voiture individuelle » en zone rurale. Avec lui, le groupe SNCF, Lohr, et leurs trois partenaires (GCK Battery, Stations-e et l’Institut de Recherche Technologique Railenium) ambitionnent de relancer l’attractivité des petites lignes. Celles-ci ayant été « longtemps sacrifié et les plus grandes victimes de l’état de délabrement du réseau et du sous-investissement historique dans son renouvellement »comme le décrit un rapport au vitriol du Sénat publié en 2023. Les rapporteurs ont même ajouté : « Ces belles dessertes du territoire relèvent d’une mission de service public qui doit être assumée financièrement par l’Etat et les régions ».
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Le groupe n’a pas dévoilé le coût de fabrication d’une Draisy. Mais précise que son nouveau bijou « bénéficie d’un financement de l’État dans le cadre de France 2030 »Le train sera testé, à partir de 2027, sur la ligne Sarralbe-Kalhausen, en Moselle. « Il y a de l’espoir, il y a une attente de la part de nos habitants (…) de revoir ces trains circuler »a déclaré le président de la région Grand Est, Franck Leroy, lors de sa présentation. « Tout le monde se souvient des Michelin qui étaient là dans les années 60 et 70, qui ont pris fin. Après, il n’y avait plus rien, c’était un sentiment d’abandon, un sentiment que tout avait été sacrifié à grande vitesse. »a ajouté l’élu de la droite diverse. « C’est désormais à nous de démontrer que nous savons apporter aux territoires ruraux la réponse qu’ils attendent et méritent. »