Il s’agit d’une part importante du trafic au Pays Basque. « Environ 4 à 5 % du matériel roulant », explique Martine Bisauta, vice-présidente de la Communauté urbaine du Pays basque (CAPB) en charge de la transition écologique. Grâce à cela, nous réduirons considérablement les polluants. » A partir d’avril 2025 et pour les cinq prochaines années, les véhicules non classés ou diesel mis en circulation avant 2001 (Crit’Air 5) ne pourront plus circuler sur la côte basque. Le projet de décret instituant une Zone de mobilité à faibles émissions (ZFE-m) était à l’ordre du jour du Conseil d’agglomération ce samedi 28 septembre.
Le périmètre s’étend sur 11 communes, de Tarnos à Hendaye : Tarnos, Boucau, Bayonne, Anglet, Biarritz, Bidart, Guéthary, Saint-Jean-de-Luz, Ciboure, Urrugne et Hendaye. Il y a une urgence. En 2018, le trafic routier représentait 57 % des émissions de dioxyde d’azote au Pays Basque. « En France, les conséquences de la pollution de l’air sont estimées à plus de 47 000 décès par an », illustre Martine Bisauta. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de diviser par quatre les seuils d’émission actuels. » Dans ce dossier, l’élu craint que le Pays Basque ne passe dans le rouge.
La côte de Biriatou
La nouvelle règle s’appliquera tous les jours de l’année. «C’est global, pour être plus lisible», explique Martine Bisauta. Le système prévoit néanmoins son lot d’exceptions. Véhicules de l’État et machines agricoles, notamment. « Nous mettrons également en place un pass vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Entrer sur la zone avec un véhicule polluant, lors d’un rendez-vous ponctuel. A raison de 24 passages maximum par an », précise Martine Bisauta.
Les élus de la CAPB sont moins digestes de cette dernière exception. A la demande de l’Etat, les autoroutes ne sont pas concernées. Martine Bisauta regrette le côté « schizophrène » des choses. Pour Philippe Aramendy, maire d’Urrugne, il s’agit d’une « aberration ». Sa commune est située en plein axe de l’A 63. « Lors de l’élargissement à trois voies, une étude a montré que nous étions très pollués. Les problèmes de santé sont là. Malgré le ZFE, cela va continuer. »
Mixel Esteban l’illustre concrètement. « Un poids lourd sur la côte de Biriatou pollue comme 30 voitures. 15 sur terrain plat. » Pour l’élu écologiste bayonnais, la ZFE-m doit aller de pair avec le développement du fret ferroviaire et des trains du quotidien. Le maire de Bidart en sait quelque chose. « Notre première visite dans la Région pour rouvrir notre station, fermée en 1991, date de 2009 », rappelle Emmanuel Alzuri. Nous n’allons pas arrêter les transports internationaux. Si nous ne voulons pas qu’il soit transporté par camion, en voiture ou en avion, nous devons l’envoyer par train. » Le projet du RER Basque-Landais constituera un début de solution en doublant la fréquence des trains de voyageurs dans les dix prochaines années.
« Le message des Gilets jaunes »
Alain Duzert demande d’accélérer dans les transports en commun. Pourquoi pas parce qu’ils sont gratuits ? « Un investissement et non un coût », estime l’élu communiste de Bayonne. « La ZFE sera vécue comme une sanction, voire une stigmatisation, par les salariés contraints de se loger hors du périmètre en raison des prix de l’immobilier. » L’étalement urbain interroge aussi Mixel Esteban. « Je ne voudrais pas qu’on oublie le message initial des Gilets jaunes. 4% des véhicules légers, cela correspond à près de 9 000 foyers. L’écologie est aussi une transition sociale. Pensons-y. »
Martine Bisauta promet des « entretiens individuels » pour des personnes extérieures à la ZFE, sur le modèle de ceux organisés à Grenoble. « C’est un travail considérable, mais cela permet d’identifier d’autres options de mobilité possibles. » Des aides en espèces sonnantes et trébuchantes pour remplacer un véhicule trop polluant ne sont pas exclues. « Des propositions seront faites dans la limite des moyens du CAPB », annonce Martine Bisauta. Les aides d’État concernent uniquement l’achat de véhicules électriques.
Qui contrôlera ?
De nouvelles règles à appliquer. Reste à décider qui veillera à leur bonne application. « Nous n’avons pas beaucoup avancé sur la question », concède Jean-François Irigoyen, maire de Saint-Jean-de-Luz, en charge de la mobilité durable. Le pouvoir de police appartient à chaque municipalité. Pas de l’Agglomération.