Mais quel est donc ce drôle de petit boîtier niché entre la box et le décodeur sous la télévision du voisin ? Il pourrait bien s’agir de l’IPTV. La télévision par protocole Internet peut être utilisée légalement car elle permet d’accéder à la télévision via internet, mais cette fonction est quasiment devenue obsolète puisque, la plupart du temps, ce service est déjà proposé par les décodeurs fournis lors de la souscription d’un abonnement.
La fonction de la box est donc de plus en plus détournée avec des connexions piratées et des VPN à l’étranger, conséquence de la frustration des utilisateurs lassés de payer toujours plus cher pour regarder leurs matchs, films et séries.
Les abonnements sont devenus trop chers
Au cœur de la polémique ces derniers jours : l’annonce des tarifs d’abonnement à la plateforme DAZN, nouveau diffuseur principal des matchs de football de Ligue 1 (29,99 € par mois avec un contrat d’un an ou 39,99 € sans contrat), qui a donné lieu au hashtag #BoycottDAZN et remis l’IPTV sur le devant de la scène. « Le prix augmente mais le service se dégrade. Il n’y aura plus qu’un seul commentateur et plus de multiplex », explique Erwan (nom modifié), un fan de foot qui a récemment investi dans l’IPTV. « J’en avais marre de payer toute une série d’abonnements à différentes plateformes. En plus, dans le sport, ça change sans cesse, il faut résilier et recommencer », ajoute Guénolé (nom modifié).
Facile comme bonjour
Guénolé est justement celui qui a partagé son « bon plan » avec Erwan. « C’est du bouche-à-oreille, on a un contact sur Snapchat que l’on paye 100 euros via Paypal. De là, il nous recommande un modèle de box à commander sur Amazon (50 euros), puis il nous envoie un guide d’installation et, le soir même, c’est parti : j’ai toutes les chaînes, films et séries dans toutes les langues du monde, en HD, et le tout avec une protection VPN intégrée pour que personne ne puisse me pister, ainsi qu’un service après-vente », explique Guénolé.
Si l’acheteur de ce service illégal trouve un nouveau client pour ce mystérieux contact Snapchat, ce dernier pourra bénéficier d’un mois d’abonnement gratuit : « Le calcul est vite fait ! » Les deux abonnés ont depuis annulé tous leurs autres abonnements de streaming.
Attrape-moi si tu peux…
Selon l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique), depuis 2020, l’audience des services IPTV illégaux augmente progressivement. Xavier Spender, secrétaire général de l’APPS (Association pour la protection des programmes sportifs), confiait dans un article de L’Équipe que « 2 à 2,5 millions de Français consomment des contenus sportifs via ce canal ». Or, du côté de l’Arcom, seuls 137 578 premiers avertissements ont été adressés aux utilisateurs d’IPTV illégaux. La majorité passe donc entre les mailles du filet.
Après une phase pédagogique, qui consiste en deux avertissements, l’Arcom peut, au troisième avertissement, décider de saisir la justice. Malgré cette information dont ils n’avaient pas connaissance, les deux utilisateurs interrogés ne se montrent pas inquiets. « À l’époque des sites de streaming et de Torrent, Hadopi existait déjà et je n’ai jamais été embêté. Je pense que les pouvoirs publics s’intéressent davantage au haut de la chaîne, et ensuite à nous, les petits consommateurs. « Nous sommes bien trop nombreux pour tous les attraper », conclut Erwan.
L’IPTV dans le viseur des autorités étrangères
La menace contre les contrevenants semble se préciser en Europe, puisqu’un utilisateur espagnol d’IPTV a été pointé du doigt par la Ligue de Football, qui lui a envoyé une lettre partagée sur X. Identifié par son adresse IP démasquée, l’utilisateur est menacé de devoir payer une amende de 450 euros et sommé de cesser immédiatement d’utiliser ce service illégal.
L’Italie suit la même ligne, le directeur de l’Agcom, l’autorité de régulation italienne des télécommunications, a annoncé sur son compte LinkedIn que des amendes allant jusqu’à 5 000 euros seraient bientôt envoyées aux utilisateurs d’IPTV illégale se cachant derrière leur VPN.