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Quels sont les enjeux de la quatrième visite de Volodymyr Zelensky en France depuis le début de l’invasion russe ?

Quels sont les enjeux de la quatrième visite de Volodymyr Zelensky en France depuis le début de l’invasion russe ?

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Le président ukrainien est invité jeudi aux commémorations du 80e anniversaire du Débarquement. Il s’exprimera le lendemain à l’Assemblée nationale, 48 heures avant les élections européennes.

Une visite scrutée de près. Après trois visites en France depuis le début de la guerre en Ukraine, Volodymyr Zelensky revient cette fois en France pour participer aux commémorations du 80e anniversaire du Débarquement, jeudi 6 juin. Au lendemain de cet hommage de grande ampleur en Normandie, le président ukrainien prononcera un discours à l’Assemblée nationale, peu avant 10 heures. Un tête-à-tête est également prévu vendredi avec Emmanuel Macron à l’Elysée, suivi d’une conférence de presse. Franceinfo revient sur les enjeux de cette arrivée.

Une présence très symbolique en Normandie

Huit décennies après le Débarquement, à Omaha Beach, où débarquèrent les premiers soldats américains à l’aube du 6 juin 1944, le président ukrainien Volodymyr Zelensky est invité aux côtés des pays alliés pour célébrer la victoire sur le nazisme, tandis que son homologue russe Vladimir Poutine est absent de ces commémorations historiques. Une manière pour les pays occidentaux d’afficher leur soutien à l’Ukraine.

Si le président russe n’apparaît pas aux côtés de Joe Biden, le président des États-Unis, et du chancelier allemand Olaf Scholz, alors même que la Russie a contribué à la chute du nazisme, c’est en raison de la « guerre d’agression » que Moscou est en tête en Ukraine, a déclaré Paris. La Russie a ainsi été formellement exclue des célébrations cette année, alors que Vladimir Poutine était encore présent en 2014 malgré l’annexion de la Crimée trois mois plus tôt.

Une opportunité de dialogue avec les alliés

Face aux attaques incessantes de la Russie, Volodymyr Zelensky réclame toujours plus d’aide militaire. Pour ce faire, le président ukrainien multiplie ces derniers jours les déplacements dans plusieurs pays européens. Mais cette venue en France représente une opportunité particulière : selon l’ancien président François Hollande, interrogé sur Flance Bleu, sa présence pourrait permettre «des dialogues qui peuvent se faire directement»dans la mesure où le président ukrainien « sera parmi ses partenaires ».

Le chef de l’Etat ukrainien rencontrera Joe Biden en marge des commémorations du 80e anniversaire du Débarquement, « pour discuter de l’état de la situation en Ukraine et de la manière dont nous pouvons continuer à approfondir notre soutien à l’Ukraine »a déclaré un porte-parole américain. Cet échange est d’autant plus important que le président des Etats-Unis ne sera pas présent lors du sommet de paix pour l’Ukraine, qui doit se tenir en Suisse à la mi-juin.

Une opportunité de signer des accords

Au-delà des discussions officieuses, deux accords seront également signés par Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron. Le premier devrait permettre de mettre à la disposition de l’Agence française de développement (AFD) « des fonds projetés de 400 millions d’euros de prêts et 50 millions de dons jusqu’en 2027 » pour «pour étendre ses activités en Ukraine». Cela permettra à l’AFD de « déployer toute sa palette d’instruments (…) pour intervenir en soutien aux autorités locales ukrainiennes, en coordination et en complémentarité avec les bailleurs déjà présents en Ukraine », a expliqué l’Elysée. Les domaines d’intervention prioritaires seront les secteurs de l’énergie et des transports.

Le deuxième accord portera sur la mise en place d’un « fonds de soutien » pour les infrastructures critiques, doté de 200 millions d’euros, « pour accompagner les entreprises françaises dans les futurs appels d’offres (…) dans les domaines de l’énergie, des transports, de l’eau et de l’assainissement, de la santé et de l’agriculture ». « Ces fonds serviront à financer des projets importants, à renforcer ou remplacer des infrastructures énergétiques défaillantes » car ils sont particulièrement visés par Moscou. Ces deux accords équivalent à un total de 650 millions d’euros sous forme de prêts et de dons à l’Ukraine.

Une formalisation sur l’envoi de formateurs ?

Même si la France ne dispose officiellement pas d’entraîneurs militaires en Ukraine, la question a été largement évoquée ces derniers jours, et laisse entrevoir une annonce sur ce point vendredi. L’idée date de la conférence pour l’Ukraine organisée à l’Elysée en février. Les pays européens ont accepté d’envoyer des formateurs sur le sol ukrainien. Cependant, la mission est désormais accomplie à distance au Royaume-Uni, en France ou en Pologne.

Le projet de Paris, soutenu par des pays comme la Lituanie et l’Estonie, serait donc de former des soldats ukrainiens dans leur propre pays. Des discussions sont en cours entre Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky sur des formations au déminage ou la formation de brigades motorisées. Dans le cas où l’envoi d’instructeurs devait être officialisé vendredi, l’engagement français aux côtés des Ukrainiens constituerait un nouveau message envoyé à Moscou.

Anticipant un tel scénario, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré mardi à la presse :« Aucun instructeur impliqué dans la formation du personnel militaire ukrainien ne bénéficie de l’immunité ». Autrement dit, Moscou ne s’abstiendra pas de cibler les cibles où se trouvent ces soldats étrangers.

Une visite à des fins électorales en pleine campagne ?

Cette arrivée de Volodymyr Zelensky détonne cependant avec le calendrier des élections européennes : à moins de 72 heures du scrutin, plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer les éventuels bénéfices de ce déplacement sur la campagne de la majorité. À l’Assemblée nationale, Le député Olivier Marleix, président du groupe Les Républicains, ainsi jugé « déplacé » inviter « Président Zelenski venir s’exprimer »accusant Emmanuel Macron de « parasiter » le débat européen. « Cela n’enlève évidemment rien à notre soutien aux Ukrainiens »a-t-il précisé.

« La ficelle est un peu grosse »estime Manon Aubry, la tête de liste de La France insoumise, sur franceinfo, se demandant « au timing » de cette visite et soulignant un « désir d’exploiter la guerre en Ukraine ». Même scepticisme de la part de Marine Le Pen sur Sud Radio : « Je suis ravi de l’accueillir à l’Assemblée, il est toujours le bienvenu, mais à quelques heures de la fin de la campagne, c’est une volonté de manipuler l’opinion. »

Le Président de l’Assemblée Nationale, Yaël Braun-Pivet, a répondu à Olivier Marleix mardi. Selon elle, le président ukrainien est invité « à l’occasion des commémorations du 80ème anniversaire du Débarquement »dont « on ne choisit pas la date »le 6 juin, « à trois jours des élections européennes ».

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