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quels seront les centres de contestation sur le parcours de la flamme olympique ?

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Malgré un important déploiement sécuritaire, les autorités craignent que le relais de la flamme soit perturbé par des manifestants.  (HÉLOISE KROB / FRANCEINFO)

Dans une note confidentielle consultée par franceinfo, le ministère de l’Intérieur recense toutes les menaces, jour par jour, lieu par lieu.

« Nous sommes heureux que la flamme arrive sur nos territoires. Mais nous serons aussi heureux quand il partira chez les voisins… » Ces propos glissés entre deux portes par le directeur de cabinet d’une préfecture de l’ouest de la France témoignent du stress et de la pression qui accompagnent l’arrivée de la flamme olympique sur le sol français, dès le mercredi 8 mai à Marseille. « Personne ne veut être le département où l’événement tourne mal »répète le haut responsable.

C’est en fait le début d’une autre épreuve pour les autorités, les collectivités territoriales et les organisateurs : assurer un relais à ciel ouvert sur une distance équivalente à trois fois le Tour de France (12 000 km), qui traverse plus de 60 départements et dont le parcours est connue à l’avance. Une co-noteLes informations confidentielles du ministère de l’Intérieur datées de janvier donnent un aperçu assez précis de l’état de la menace. Son titre : « Analyse et évaluation des risques liés aux relais de la flamme ». Dans ce document d’une quinzaine de pages, que Franceinfo a pu consulter, le principal « Fzones locales de protestation«  qui pourrait émerger d’ici l’allumage définitif de la vasque olympique le 26 juillet à Paris.

Ainsi, le 15 mai « le problème de la sécheresse et les restrictions d’utilisation de l’eau mises en place depuis l’été 2023 pourraient être en cause« rigine des actions » lors de la traversée des Pyrénées-Orientales. « En tant que telle document continue, la RN 116, axe routier principal du relais, est de nature à favoriser tentatives d’actions et blocages. » Deux jours plus tard, le 17 mai, le projet d’autoroute A69 entre Castres et Toulouse pourrait perturber le passage en Haute-Garonne. « Les militants opposés à ce projet d’autoroute voudront probablement perturber le relais »prévient la note.

Les mégabassins sont mentionnés trois fois. D’abord, les 24 et 25 mai, avec le passage de la flamme en Charente et à Vienne. Puis, dix jours plus tard, le 2 juin, à l’occasion de la traversée des Deux-Sèvres : « L’opposition aux projets de mégabassins, sous l’égide du collectif BNM 79, de la Confédération paysanne et du mouvement Insurrection de la Terre, a démontré à plusieurs son potentiel violent prouvé »anticipe le document, en référence à la manifestation de mars 2023.

« Un miracle s’il n’y a pas de débordements »

En page 2, le document rappelle que le relais de la flamme « été presque systématiquement la cible de perturbations lors des différents JO récents ». En juillet 2021, au Japon, un manifestant a tenté d’éteindre la flamme olympique à l’aide d’un pistolet à eau, lors du relais de la flamme dans la préfecture d’Ibaraki, au Japon. Cinq ans plus tôt, en juillet 2016, au Brésil, c’est avec un extincteur qu’un individu avait perturbé le convoi près de Sao Paulo. À Londres en 2012, un homme avec un seau d’eau a été aperçu dans la foule.

« S’il n’y a pas d’excès lors de ce relais, ce serait quand même un miracle »je suis allé jusqu’à parier un commissaire de police basé à Paris, contacté par franceinfo il y a quelques semaines. « Nous sommes convaincus que cela arrivera, a reconnu Tony Estanguet lui-même, mardi soir, quelques heures avant l’arrivée de la flamme sur le Vieux-Port. Les Jeux sont une caisse de résonance. Il s’agit de prendre les bonnes décisions sur le moment. Nous avons anticipé des scénarios et il y a des choses que nous n’aurions pas imaginées… »

C’est aussi ça la dernière expérience sur le sol français est un mauvais souvenir pour les autorités : en avril 2008, le passage de la flamme à Paris avant les Jeux de Pékin a dû être interrompu suite à des incidents avec des manifestants dénonçant la politique chinoise au Tibet. Pour éviter ce fiasco, une « bulle » de 115 policiers et gendarmes surveillera en permanence la flamme tout au long de son parcours, à laquelle s’ajouteront une centaine de forces mobiles.

Un manifestant pro-Tibet est retenu par un policier le 7 avril 2008, lors du passage de la flamme olympique à Paris.  (PATRICK KOVARIK/AFP)

« Une opportunité de mettre en lumière les luttes locales »

Outre le lieu et le jour, le document du ministère de l’Intérieur énumère également les fauteurs de troubles potentiels. Dans son viseur notamment, les associations environnementales, parmi lesquelles Saccage 2024, Food Response, Earth Uprisings et Extinction Rebellion. « Il est évident que le relais de la flamme est l’opportunité d’éventuelles actions pour confronter le gouvernement à ses contradictions sur sa soi-disant exemplarité environnementale »», déclare Thomas, militant de longue date d’Extinction Rebellion. Quels types d’actions ? « Tu verras… » Déploiements de bannières ? « Tu verras… » il répète.

« Il ne faut pas bouger parce que ce sont les JO, parce que c’est la flamme ? Sûrement pas. »

Thomas, militant d’Extinction Rebellion

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« La flamme olympique est en effet l’occasion de faire la lumière sur toutes les luttes locales partout où elle passe.confirme Julien Le Guet, porte-parole du collectif Bassines non merci (BNM). M. Darmanin, en revanche, a tort de se focaliser sur nous. Je tiens à lui rappeler que 150 comités locaux du Soulèvement de la Terre ont été formés depuis la menace de dissolution l’été dernier. Et chacun est libre d’agir quand il le souhaite veut, où il veut.« 

Chez Saccage 2024, on ne cache pas la tenue de réunions de préparation. Ils ont même lieu une fois par mois en Ile-de-France. D’autre part, « nous sommes très surpris » et même « fatigué d’être cité comme un danger potentiel par le ministère de l’Intérieurs’offusque Anaëlle, membre du collectif. C’est mal comprendre notre mode d’action. Jusqu’à présent, nous nous sommes toujours limités à un travail d’information, en distribuant des tracts par exemple. ÔNous voulons juste tenir le public informé de la réalité de ces JO. »

Certains collectifs pourraient même exercer leur mission au plus près de l’événement : selon nos informations, plusieurs militants ont tenté d’échapper aux contrôles administratifs et ont postulé pour devenir porteurs du flambeau. Leur identité est tenue secrète, tout comme le jour, le lieu et leur futur mode d’action.

Cammile Bussière

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