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Les 5 questions qui se posent avant l’annonce du gouvernement Barnier (ici le 12 septembre 2024)
POLITIQUE – Les horloges ont un nouveau maître. Nommé à Matignon le 5 septembre, Michel Barnier a promis de former son gouvernement cette semaine. Pour ce faire, le Premier ministre poursuit ses consultations. Il a reçu ce lundi 16 septembre les chefs de file de la droite Gérard Larcher, Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau pour un nouvel entretien.
Il doit ensuite tenir des consultations, rue de Varenne (les communistes sont attendus mardi) ou par téléphone, pour convaincre des profils » solide » de le rejoindre et de trouver le meilleur équilibre possible pour renforcer sa position au Parlement. Une tâche déjà complexe en général. Mais encore plus difficile pour un chef de gouvernement sans majorité.
Dans ce contexte, le porte-parole des Républicains, Vincent Jeanbrun, a du mal à imaginer une décision « avant dimanche. » En attendant cette fumée blanche, plusieurs questions se posent, tant sur la marge de manœuvre laissée à Michel Barnier, que sur les lignes rouges imposées par ses alliés.
1- Macron va-t-il vraiment céder du terrain ?
Ne parle pas de » cohabitationDepuis leur accord à Matignon, Emmanuel Macron et Michel Barnier évoquent une nouvelle ère de cohabitation. Mais les deux hommes tentent d’organiser une véritable rupture dans ce double quinquennat.
D’un côté, l’Élysée fait savoir dans la presse que les liens avec Matignon sont rompus. Autrement dit : plus de conseillers communs, plus d’émissaires envoyés par l’entourage du président aux réunions interministérielles, plus de ministres imposés à certains postes. De l’autre, Michel Barnier promet une certaine indépendance, avec cette formule : « Le président présidera et le gouvernement gouvernera. »
Que va-t-il se passer ? Le sort réservé aux ministres des Armées et des Affaires étrangères, souvent considérés comme étant du « domaine » du président, en sera un indicateur. Le contingent de macronistes en sera un autre.
2- Quels survivants parmi les diplômés ?
En ce sens, la question du renouvellement des ministres sortants se pose. Plusieurs d’entre eux souhaiteraient rester, quitte à changer de portefeuille. Mais les résultats des élections européennes puis législatives, comme les lignes rouges tracées par certains partis, incitent plutôt à un véritable bouleversement.
Le président du MoDem, François Bayrou, réclame ainsi le renouvellement « complet ou quasi complet » du gouvernement, tandis que le Rassemblement national agite déjà le spectre d’une motion de censure si certains profils qui l’irritent, comme Gérald Darmanin ou Éric Dupond-Moretti, sont reconduits.
Malgré tout, plusieurs survivants potentiels sont souvent cités : Rachida Dati, Catherine Vautrin ou… Gérald Darmanin. Le départ de Stéphane Séjourné (candidat à la Commission européenne) semble ouvrir la porte du Quai d’Orsay à l’actuel ministre de l’Intérieur, qui lorgnerait le poste. Il aurait l’avantage de plaire au président et à son Premier ministre… Mais donnerait au Rassemblement national des arguments pour jouer les rabat-joie.
3- A droite, grand chelem sur le régalien ?
Dans ce contexte, l’appétit de la droite grandit. Histoire de pimenter les choses. Alors que Laurent Wauquiez avait initialement exclu de participer à un gouvernement avec les troupes du président, son parti a désormais hâte de récupérer les postes les plus puissants. Selon plusieurs médias, le président du groupe LR aimerait se voir au ministère de l’Intérieur.
Un raid hypothétique qui met le camp présidentiel sous tension. Le MoDem appelle clairement Michel Barnier à ne pas donner trop de poids à sa famille politique, et le soutiendra » si et seulement si toutes les positions souveraines ne sont pas prises par les républicains ».
Bref, le Premier ministre doit servir son parti, mais aussi donner des assurances au camp macroniste, sa principale force de soutien à l’Assemblée avec quelque 150 députés. Cela, alors que plusieurs élus de Renaissance alertent déjà sur une ligne sans doute trop à droite.
4- Qui sera convaincu à gauche ?
C’est, parmi ses premiers engagements, celui qu’il aura le plus de mal à tenir. A peine nommé, Michel Barnier a expliqué son souhait d’avoir, parmi son équipe, des personnalités » gauche. » Problème : la liste des refus s’allonge de jour en jour.
Chez les socialistes, la présidente de la région Occitanie Carole Delga, le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane, l’ancien ministre Stéphane Le Foll, tous ont dit non. En réalité, il paraît difficile pour quiconque à gauche d’entrer dans un gouvernement sans programme, mais sous la menace du Rassemblement national, et en compagnie de personnalités incarnant la droite dure.
Dans ce contexte, l’attention se tournerait plutôt vers l’aile » sociale » du camp présidentiel. Mais là encore, difficile d’imaginer la cohabitation de ces profils, comme Roland Lescure ou Sacha Houlié, avec Laurent Wauquiez ou Bruno Retailleau. Autre possibilité : des personnalités issues de la société civile, ou éloignées de la politique partisane mais étiquetées à gauche comme l’ancien député socialiste Didier Migaud, dont le nom a un temps circulé.
5- Thierry Breton, de Bruxelles au gouvernement ?
Comme à chaque gouvernement, l’équilibre de cette nouvelle équipe sera scruté. Et les coups politiques notés. D’autant que le locataire de Matignon veut compter sur des personnalités expérimentées, capables, notamment, de se battre pour l’examen du Budget.
Thierry Breton pourrait alors cocher quelques cases. Ministre de Jacques Chirac entre 2005 et 2007, l’ancien patron de 69 ans vient de quitter son poste, avec fracas, de commissaire européen au marché intérieur. De là à l’imaginer récupérer un ministère, en France ? Un proche du chef du gouvernement l’affirme à l’AFP. La Tribune du dimanche que l’option n’est pas sur la table, pour le moment.
En attendant, des échéances cruciales approchent et le calendrier politique pourrait être perturbé. Michel Barnier envisage de ne présenter le budget 2025 qu’après avoir prononcé sa déclaration de politique générale. « début octobre » devant l’Assemblée nationale, a annoncé lundi Matignon. L’échéance du 1er octobre ne serait donc pas respectée et le projet de loi de finances ne serait soumis au Parlement que le 9 octobre.
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