Quelles sont les perspectives pour les salariés de Michelin à Vannes ?
« J’ai déjà connu une fermeture en 2016. C’était à l’usine Michelin de Fossano, en Italie. Nous étions 240 à la fin mais jusqu’à 1 000 ans plus tôt. C’était assez déprimant. Pour le transfert interne, nous avions le choix entre l’Espagne, la Roumanie ou la France. Nous avons choisi Vannes en famille. Ce n’était pas facile de s’adapter, mais ensuite ça s’est amélioré. C’était une belle expérience jusqu’à l’annonce de cette semaine », raconte Mustapha.
Cet ouvrier italo-marocain a 58 ans, dont vingt-sept chez Michelin. « L’avenir est un peu sombre. Je comprends la colère de certains. J’étudierai les cas que la direction proposera pour la mobilité interne », précise-t-il. Les perspectives de reclassement seront-elles légion dans un groupe qui réduit ses effectifs depuis des décennies ?
« Ça va être dur de les reclasser »
« Cela va être dur pour les 1 254 personnes concernées à Vannes et Cholet, d’autant qu’une majorité d’ouvriers y travaillent. Dans les années 1980, ils étaient 50 000 chez Michelin, après ces deux fermetures, on va se retrouver entre 13 000 ou 14 000 salariés, dont 9 000 à 10 000 à Clermont, ce qui limite les possibilités de reclassement », explique Romain Baciak. , délégué central CGT du Groupe.
En attendant l’ouverture, le 21 novembre, des négociations sur le plan de sauvegarde de l’emploi, les salariés de Vannes ont déjà découvert les conditions financières de mobilité interne, de départ ou de retraite anticipée. L’indemnité de reclassement s’élève à 33 000 € bruts, auxquels s’ajoutent un minimum de 350 € par mois pendant quatre ans pour le logement. Michelin accorde six mois d’accompagnement et 10 000 € pour accompagner le conjoint dans sa recherche d’emploi.
Indemnité de départ offerte par la direction
Quant aux espoirs d’un rebond local, extérieur à l’entreprise, ils se confirment « très faibles compte tenu du manque de présence de l’industrie dans le bassin de Vannes », pointe Christophe Villate, secrétaire CGT, syndicat majoritaire à l’usine de Vannes. . En plus des mesures d’accompagnement à la reconversion, la direction propose des indemnités de départ pouvant aller jusqu’à 15 mois de salaire. Il est assorti d’une enveloppe minimale de 35 000 €, qui augmenterait de deux à six mois de salaire, selon l’ancienneté.
A 46 ans, Stéphanie travaille chez Michelin depuis 21 ans. « Nous étions 900 quand j’ai commencé. C’est douloureux ! Je pense que je vais tourner la page, faire un bilan de compétences, suivre une formation dans tout autre chose. Mais c’est compliqué, mon chéri est aussi dans la compagnie », confie celle qui se dit très attachée à la Bretagne. Reste, pour d’autres, la retraite anticipée, selon le dispositif un tiers travaillait, les deux tiers en exonération d’activité augmentée de 75% du salaire.
Trois ans après la fermeture de La Roche-sur-Yon
Tous ces éléments restent à négocier. Mais « nous voulons proposer des alternatives avant l’ouverture des négociations. Nous ne devons pas seulement fabriquer des pneus. Si Michelin investit, comme dans le transport maritime, il pourra trouver du travail à ces 1.254 salariés dans ses usines», assure Romain Baciak, de Clermont-Ferrand, où son syndicat a lancé jeudi un appel à la grève illimitée. .
A La Roche-sur-Yon, en Vendée, trois ans après la fermeture d’une usine Michelin, en 2020, la quasi-totalité des 536 salariés à reclasser avaient retrouvé un emploi permanent dans ce département, 67 autres avaient choisi une retraite anticipée, selon une note rapportée par Le Monde. Michelin a-t-il déjà décidé de ne pas fermer de site ? « Depuis 1983, jamais même si on a parfois réussi à retarder l’échéance », explique Michel Chevalier, qui fut, pendant 18 ans, délégué central CGT.