En 2014, l’Inserm indiquait qu’aucune donnée clinique basée sur des essais méthodologiques rigoureux ne pouvait étayer les bénéfices supposés du jeûne. Pourtant, en France et à l’étranger, des études sérieuses montrent les effets positifs du jeûne médicalement supervisé sur des maladies comme le diabète de type II, l’hypertension artérielle. , des douleurs articulaires ou une stéatose hépatique. Pourquoi le corps médical français oppose-t-il une résistance aux jeunes à des fins thérapeutiques et préventives ? À quel point est-ce vraiment dangereux ? Quelles sont les contre-indications et quels sont les espoirs de la recherche ? Éléments de réponse ce matin.
Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade, réalisateurs d’un nouveau documentaire sur Arte (Jeûne, enquête sur un phénomène)ainsi que le chercheur Yvon Le Maho, membre de l’Académie des sciences, font le point sur les avancées scientifiques concernant le jeûne thérapeutique. « En Allemagne, six hôpitaux publics proposent des traitements de jeûne médicalement supervisés dans leur service de santé intégrative. » soulignent les réalisateurs, alors que cette pratique reste encore controversée en France.
Les mécanismes du jeûne mieux compris par la science
Pour Yvon Le Maho, « Le jeûne est une adaptation remarquable aux périodes de restrictions alimentaires. De plus, la plupart des animaux accumulent des réserves avant cette période difficile et ont développé des mécanismes qui sont les mêmes chez les oiseaux, les mammifères et donc chez l’homme. Lors du jeûne, l’organisme active des mécanismes d’adaptation spécifiques. « Une fois qu’il n’y aura plus de sucre, le corps va commencer à produire un nouveau carburant, un supercarburant : les cétones. explique Sylvie Gilman. Elle ajoute que « Des chercheurs ont récemment découvert qu’ils possèdent des propriétés anti-inflammatoires. » Le processus d’autophagie, permettant aux cellules de se nettoyer, est également stimulé pendant le jeûne. Comme l’explique Thierry de Lestrade : «La cellule va prendre des débris cellulaires, des protéines endommagées, des virus ou des bactéries (…) et va transformer tous ces débris en énergie.
Comment se déroule une cure médicale de jeûne ?
Une cure de jeûne commence par un bilan de santé complet et un « descente de nourriture » progressif. Pendant le jeûne, les patients reçoivent « environ 250 calories par jour sous forme de bouillon ou de jus de fruit non industriel » précise Sylvie Gilman. L’activité physique prend alors une place centrale : « Nous vous encourageons à faire de l’exercice au moins deux heures par jour. » Cette association jeûne-exercice est essentielle, car « notre corps est adapté à l’exercice » souligne Yvon Le Maho. Une étude a également montré que « La moitié des personnes qui jeûnaient (…) adoptent un nouveau mode de vie » après leur traitement.
Des résultats prometteurs pour certaines pathologies
En Allemagne, des résultats encourageants ont été observés dans le traitement de plusieurs pathologies. Le professeur Peter Schwartz, président de la Fédération internationale du diabète, a suivi « 800 patients atteints de diabète de type II » avec des « résultats très surprenants ». Une autre étude menée sur « 1422 sujets » par le Dr Françoise Wilhelmi de Toledo, publié dans PLoS One, « montre une nette amélioration du métabolisme avec une réduction de la pression artérielle, du taux de cholestérol et de la tension artérielle. »
Surveillance médicale nécessaire et contre-indications à respecter
Les experts soulignent l’importance d’un suivi médical strict. Comme l’explique Sylvie Gilman : « Si vous êtes malade, si vous prenez un médicament hypotenseur, un antidiabétique, évidemment il faut être très encadré médicalement ». Les contre-indications comprennent « troubles du comportement alimentaire, anorexie, boulimie, diabète de type I, insuffisance rénale, hyperthyroïdie, grossesse, allaitement »elle énumère. Pour le cancer, la recherche montre des pistes intéressantes, mais seulement « en concomitance avec les traitements anticancéreux traditionnels »insistent les spécialistes qui préviennent « contre les charlatans qui pullulent ».
Une pratique encore controversée en France
Contrairement à l’Allemagne où « les guérisons sont remboursées par l’assurance maladie », avec des « listes d’attente de six mois », la France reste réticente à cette démarche. « Des médecins français sont allés en Allemagne. Ils y sont allés se former avec leurs confrères allemands (…) Il y a une soixantaine de médecins », explique Sylvie Gilman. Après « Certains ont été convoqués par les conseils de l’Ordre pour dire « non, ce n’est pas grave ». Cette situation pousse certains patients à traverser la frontière pour bénéficier d’un accompagnement médical adapté.
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