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Quelles mesures pourraient permettre des « compromis législatifs » entre Renaissance, la gauche et la droite ?

Alors que les Jeux ont occupé les esprits pendant deux semaines et demie, la bataille politique a repris dès la remise du drapeau olympique à Los Angeles. Alors que cinq semaines après les élections législatives, la France n’a toujours pas de nouveau gouvernement, Les initiatives se multiplient, en attendant la décision d’Emmanuel Macron. Lundi 12 août, la haute fonctionnaire Lucie Castets a expliqué aux parlementaires ses priorités si elle était nommée Premier ministre, comme le lui demandait le Nouveau Front populaire (NFP). Parallèlement, Gabriel Attal et Stéphane Séjourné ont également pris la plume pour écrire aux élus.

Dans cette lettre, le président du groupe Ensemble pour la République à l’Assemblée et le chef du parti Renaissance soulignent une « pacte d’action pour les Français »permettant de « construire des compromis législatifs », avec six priorités : le rétablissement des comptes publics, la défense de la laïcité et des institutions, le pouvoir d’achat et le logement, l’environnement, la sécurité et les services publics.Les deux figures du camp présidentiel s’adressent à tous les partis, à l’exception du Rassemblement national (RN) et de La France Insoumise (LFI), même si le mouvement de Jean-Luc Mélenchon partage le programme du NFP avec ses partenaires de gauche. Franceinfo est revenu sur les propositions de la gauche, du centre et de la droite pour les comparer et voir si un consensus pouvait émerger autour de ces priorités.

Sur la « défense de la laïcité », un compromis difficile à trouver

La question de la laïcité est un sujet hautement inflammatoire pour la classe politique. Au sein même du NFP, les partis ont des vues divergentes sur le sujet. Dans leur programme pour les législatives, le parti macroniste et ses alliés ont déclaré vouloir réaffirmer laïcité « à l’école de la République contre les béliers des islamistes et des extrémistes »Rappelant l’interdiction du port de l’abaya décidée en septembre 2023 (dénoncée par une partie de la gauche), elles ont promis de lutter « pour la laïcité dans tous nos services publics »Une ambition partagée par les députés de la Droite républicaine (nom du groupe LR non démocrate à l’Assemblée) dans leur proposition de « pacte législatif d’urgence » publiée en juillet.

Dans leur programme législatif, les républicains sont allés encore plus loin, en appelant à modifier la Constitution pour introduire une règle selon laquelle « Nul ne peut invoquer sa religion ou son origine pour ne pas respecter les lois de la République »Le NFP, à l’opposé des propositions de la droite, proposait dans son programme :« lancer un vaste plan de formation des fonctionnaires à la laïcité et aux principes juridiques de la loi de 1905 ».

Sur « le renouvellement des institutions », un accord potentiel sur la proportionnelle

Sur la question des institutions, les visions pourraient converger sur le mode de scrutin. Le NFP, suivant une proposition longtemps défendue par LFI, veut passer à la VIe République en convoquant « une assemblée constituante citoyenne élue »Dans sa lettre détaillant ses priorités et envoyée aux députés lundi, Lucie Castets défend une « reconquérir l’espace donné au travail parlementaire ».

Le camp macroniste n’a proposé aucune réforme institutionnelle dans son programme, mais plusieurs de ses députés ont appelé à l’introduction de la représentation proportionnelle pour les législatives, promise par Emmanuel Macron en 2017. Une promesse également formulée par le PFN. Reste à s’entendre sur les modalités. Concernant la loi sur le non-cumul des mandats que la droite voudrait abroger, les positions semblent irréconciliables, la gauche y étant opposée.

Sur le «contrôle des comptes publics», LR et le camp présidentiel sur la même longueur d’onde

En matière de comptes publics, deux grands blocs s’affrontent, avec d’un côté le camp présidentiel et LR, de l’autre le NFP. D’une manière générale, les premiers veulent faire des économies et sont opposés à des hausses d’impôts pour assainir les comptes publics, tandis que qu’une procédure de déficit excessif a été ouverte par l’UE en juillet. « Nous respecterons une règle d’or contre les hausses d’impôts pour les Français afin de les protéger du matraquage fiscal »Ensemble a défendu dans son programme. Il y a des nuances, mais les LR ne sont pas en désaccord avec cette vision : les cadres de droite ont affirmé, lors de la présentation de leur « pacte législatif », qu’ils voulaient « contribuer immédiatement à un plan d’économies de 25 milliards ».

De l’autre côté, le PFN présente une autre trajectoire, difficilement conciliable en l’état avec le bloc Ensemble-LR. En contrepartie de l’augmentation du Smic à 1 600 euros, de l’abrogation de la réforme des retraites ou de l’augmentation de 10 % du point d’indice des fonctionnaires, le PFN souhaite le retour de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), avec un volet climat de 15 milliards d’euros. Lucie Castets précise toutefois dans sa lettre que ces mesures restent « horizons »suggérant que des ajustements sont possibles.

Sur la « qualité de vie des Français », le « pouvoir d’achat » et le logement, des consensus possibles

Sur ce sujet, les convergences portent sur des objectifs partagés plutôt que sur des mesures concrètes. Sur le pouvoir d’achat par exemple, le principe d’une grande conférence sur les salaires peut les réunir. Avant les législatives, les trois partis ont promis d’augmenter les salaires : le NFP veut porter le Smic à 1 600 euros et Ensemble veut « Libérer les augmentations de salaires entre le SMIC et 2 000 euros » via une réforme des cotisations sociales. De son côté, la droite républicaine dit vouloir « augmenter le salaire net en réduisant les charges ».

En matière de logement, c’est le soutien aux primo-accédants qui peut faire consensus, du moins dans son objectif. Dans ses termes, c’est déjà un peu plus compliqué : le NFP défend « l’ouverture des prêts à taux zéro à tous les ménages primo-accédants sans distinction géographique ni entre neufs ou anciens »le bloc présidentiel souhaite permettre « 1 million de jeunes des classes moyennes et populaires accèdent à la propriété immobilière en les exonérant de droits de mutation (‘frais de notaire’) pour l’achat d’un logement jusqu’à 250 000 euros »alors que les républicains ont promis en mars de« instaurer un crédit d’impôt sur les intérêts d’emprunt pour l’achat d’une résidence principale ».

Sur l’«environnement», le dossier nucléaire rassemble… mais divise la gauche

Les questions environnementales pourraient faire l’objet d’un large consensus entre la gauche et l’ancienne majorité présidentielle. Certains, comme la patronne d’Oxfam, Cécile Duflot, l’a fait mercredi, en Le monde, demandant ainsi la création d’un « coalition climatique » Le NFP veut « faire passer une loi énergie-climat » viser la neutralité carbone en 2050 comme le prévoit la loi européenne, notamment en développant les énergies renouvelables et en accélérant les rénovations thermiques. Une ambition partagée par l’ancienne majorité présidentielle qui,« d’ici 2030, veut réduire « 55% de réduction des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990 ». « Pour cela, « Nous réduirons les émissions de gaz à effet de serre de 20 % supplémentaires d’ici 2027, en maintenant le taux sans précédent atteint l’année dernière (-6 %) »a déclaré Ensemble dans son programme pour les élections législatives

Un sujet majeur risque néanmoins de diviser : celui de la renaissance du nucléaire. Alors que Renaissance souhaite « débuter la construction de 14 nouveaux réacteurs » et que les élus de droite veulent « investir dans l’excellence nucléaire française »les partis du NFP sont en désaccord sur le sujet, LFI et les écologistes étant hostiles à toute nouvelle centrale, contrairement au Parti socialiste et aux communistes.

Sur la « sécurité », le bloc macroniste et la droite peuvent s’entendre

Comme pour le contrôle des comptes publics, des synergies en matière de sécurité semblent possibles entre le camp présidentiel et la droitemoins entre la gauche et ces deux autres blocs. Ensemble veut « Réviser l’excuse de la minorité » pour les jeunes délinquants « afin de briser la récidive et le sentiment d’impunité »en promouvant « le principe de sanction immédiate avec comparution immédiate dans les cas les plus graves ». « L’excuse de la minorité ne peut plus être appliquée systématiquement »estime en avril Xavier Bertrand, président LR de la région Hauts-de-France. La droite a déjà restreint à deux reprises sous prétexte de minorité, en 2007sous Nicolas Sarkozy.

Les Républicains, eux, défendent le retour des peines plancher, instaurées par la droite en 2007 et supprimées par la gauche en 2014. Une partie du camp présidentiel pourrait y être favorable : Horizons avait défendu le retour de cette mesure en 2023, tandis que en conflit avec la position de la Renaissance.

En revanche, la gauche s’oppose à la réintroduction des peines plancher, ainsi qu’à la suppression de l’excuse minoritaire. Elle met notamment en avant le redéploiement des équipes de police de proximité comme un axe clé de son programme en la matière. Un point pourrait permettre un rapprochement avec le camp présidentiel : le recrutement de personnels supplémentaires dans ce domaine. L’ancienne majorité a déjà accepté de recruter 1 500 magistrats et 1 800 greffiers d’ici 2027, tandis que la gauche veut augmenter, entre autres, les effectifs de la police judiciaire, technique et scientifique.

Sur les « services publics », peu de convergences sont possibles

A première vue, les trois camps ont le même objectif : renforcer les services publics. Mais tous ne s’accordent pas sur la manière d’y parvenir. « pacte législatif », la droite propose de se concentrer sur les écoles et les hôpitaux, et insiste sur la nécessité de « débureaucratiser ». De son côté, le NFP promet dans son programme de « réparer les services publics »notamment en organisant « une conférence pour sauver l’hôpital public »en renforçant les moyens des écoles et en recrutant davantage de fonctionnaires. Lucie Castets, co-fondatrice de l’association Nos services publics, s’est engagée dans sa lettre à « défendre les services publics locaux ».

Dans son programme, Ensemble a promis d’ouvrir « une maison de services France dans chaque canton, à 20 minutes de chez soi »mais aussi de « poursuivre » augmentations de salaires pour les fonctionnaires. Un désir qui semble difficile à concilier avec la « Plan d’économies de 25 milliards » recherché par la droite.

Cammile Bussière

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