Quelle est cette banque qui pèse autant que le Crédit Agricole mais qui ne propose ni Livret A ni crédit ?

Peut-être que cela ne vous dit rien. Ou vous le savez simplement pour l’avoir utilisé comme moyen de paiement à l’étranger. Pourtant, la néobanque Revolut est l’application bancaire la plus téléchargée en France et devient un acteur majeur comparable aux banques traditionnelles. Ce vendredi 16 août 2024, cette entreprise britannique a annoncé avoir atteint une valorisation de 41 milliards d’euros. Soit autant que le Crédit Agricole et deux fois plus que la Société Générale.

Ce chiffre de valorisation n’est toutefois pas le plus parlant pour le consommateur. Regardons plutôt son nombre de clients : 45 millions répartis dans 38 pays, dont environ 3,5 millions en France. On est encore loin des 20 millions du Crédit Agricole en France, mais Revolut affiche de grandes ambitions. Notamment atteindre ce cap des 20 millions de clients d’ici 2028 et faire en sorte qu’ils soient de plus en plus nombreux à l’utiliser comme banque principale.

Paiements gratuits en dehors de la zone euro

Cette néobanque s’est en effet fait connaître lors de son arrivée en France en 2021, avec ses offres très avantageuses pour le change de devises étrangères. Avec Revolut, comme avec les banques en ligne (BoursoBank, Fortuneo) ou d’autres néobanques (N26, Bunq), vous pouvez effectuer des paiements hors de la zone euro gratuitement. De nombreux Français ont donc été séduits et ont souscrit à l’une de ses offres, qui vont de 0 € pour la Standard à 45 € par mois pour l’Ultra qui comprend plusieurs assurances.

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Mais la plupart de ces clients disposent toujours d’un compte dans une banque traditionnelle, sur lequel ils versent l’essentiel de leur revenu. « En bref, Revolut est aujourd’hui davantage utilisé comme un compte de flux que comme un compte de dépôt »résume Antoine Le Nel, vice-président en charge de la croissance chez Revolut, dans une interview pour Moneyvox .

Une licence bancaire en Lituanie

Revolut souffre donc de ne pas être pleinement identifiée comme une banque. Elle dispose pourtant des agréments nécessaires, dont une licence bancaire. En Lituanie, bien sûr, mais qui via le mécanisme du passeport européen pour les banques et les sociétés de services financiers lui permet de commercer librement dans n’importe quel autre État de l’Union européenne. Grâce à cette licence, la néobanque a pu commencer à développer des produits bancaires plus traditionnels comme le crédit à la consommation.

Mais cela ne suffit pas encore pour être pleinement reconnu comme un acteur bancaire, notamment en France. Un incontournable pour attirer ce marché serait par exemple de proposer aux clients la possibilité d’ouvrir un Livret A. La plupart des autres banques en ligne les proposent, ce qui a contribué à leur donner une crédibilité sur le marché bancaire. A tel point que BoursoBank compte aujourd’hui près de 6,5 millions de clients.

Bientôt un Livret A et des prêts immobiliers

« Le Livret A arrivera, mais sans doute un peu plus tard que d’autres produits qui nous semblent plus importants aujourd’hui, pour que les Français nous choisissent comme banque principale »a annoncé Antoine Le Nel dans Moneyvox. Ces autres produits sont d’abord les prêts immobiliers, que la néobanque compte commercialiser dans le courant de l’année 2025. Ou encore l’autorisation de découvert, nécessaire selon lui pour que davantage de Français utilisent leur compte Revolut comme principal moyen de paiement.

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Enfin, la néobanque prévoit d’ouvrir des points de vente physiques voire de déployer des distributeurs automatiques de billets (DAB). Paradoxal pour une entreprise qui s’est toujours conçue comme 100% digitale. « La présence physique est l’un des éléments qui contribuent à établir la réputation d’une banque et la confiance auprès des clients »a concédé Nik Storonsky, le patron de Revolut, interrogé par Les échos en janvier.

Rentable pour la troisième année consécutive

Gagner cette confiance est d’autant plus fondamental que certaines de ses caractéristiques peuvent donner lieu à quelques réticences. En tout cas, pour l’avocate bancaire Aude Poulain de Saint-Père : « Revolut a bien une filiale française, grâce à laquelle les IBAN de ses clients sont français. Mais ses actifs sont en Lituanie. Si elle devait faire faillite, ses clients devraient donc faire appel à la garantie des dépôts lituanienne pour récupérer leurs fonds. C’est un parcours du combattant ! » elle croit. Un tel scénario reste hypothétique : en 2023, Revolut a été rentable pour la troisième année consécutive.