quel soutien économique et financier aux sportifs après Paris 2024 ?
Après le grand rendez-vous de l’été, plusieurs entreprises ont annoncé leur intention de poursuivre leur soutien historique aux sportifs, tandis que l’Agence nationale du sport espère pérenniser chez elle les dispositifs instaurés à l’approche des Jeux.
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L’héritage des Jeux sera-t-il également économique pour les athlètes ? Après le succès des grands événements olympiques et paralympiques de Paris 2024, au cours desquels de nombreux athlètes français ont été mis à l’honneur, la question de l’avenir du soutien financier aux sportifs de haut niveau se pose nécessairement. D’autant que, dans un an et demi, se profile la prochaine épreuve olympique et paralympique, à Milan-Cortina (Italie), pour les Jeux d’hiver de 2026.
En vue des Jeux à domicile, une attention particulière a été portée aux moyens et aux systèmes de soutien. Ceux-ci peuvent prendre plusieurs formes : versement d’aides financières, contrats d’image, contrats d’insertion professionnelle (CIP, avec des entreprises) ou contrats d’emploi (avec des établissements publics), qui offrent une stabilité et une organisation pour l’entraînement et la compétition, des emplois sportifs de haut niveau.
« Entre 2020 et 2023, nous avons augmenté de 75 % les moyens dédiés à l’accompagnement des sportifs, ce qui est significatif »confie Yann Cucherat, qui prendra en charge la haute performance à l’Agence nationale du sport (ANS) le 1er octobre. Il assure également que l’ANS paie aujourd’hui « un peu plus de 17 millions d’euros pour tout ce qui touche au suivi socioprofessionnel des sportifs ». L’ANS a notamment mis en place deux grands dispositifs : identifier les médaillés potentiels et leur garantir un revenu annuel minimum de 40 000 euros brut, et veiller à ce qu’aucun athlète inscrit aux Jeux ne se trouve en dessous du seuil de pauvreté, soit un revenu de 15 000 euros minimum assuré.
Même dynamique du côté de l’Armée des Champions, qui a fourni un effort spécifique en vue de Paris 2024. « Le ministère des Armées a recruté une centaine d’athlètes et para-athlètes supplémentaires entre 2019 et 2024. Nous sommes passés de 150 en 2019 à 232 athlètes de défense de haut niveau en 2024 »explique le général Paul Sanzey, commissaire conjoint aux sports militaires. « L’armée consacre chaque année, depuis 2019, un effort important en matière de paie pour les athlètes et para-athlètes de l’armée. Bataillon de Joinville (unité qui regroupe les sportifs au sein de l’armée). » Certaines entreprises avaient également lancé leur équipe d’athlètes sur la route de Paris 2024, comme Allianz (huit athlètes répartis entre mentors et athlètes moins expérimentés) et LVMH (sept athlètes, dont Antoine Dupont et Léon Marchand).
Les Jeux étant désormais terminés, les interrogations se portent désormais sur l’avenir de ce support. Plusieurs entreprises ont confirmé à franceinfo : sport leur volonté de poursuivre leur engagement. « C’est prévu, les budgets et les investissements resteront au même niveau, c’est vraiment quelque chose que nous voulons consolider (…) Nous sommes en recherche constante, nous rencontrons continuellement les sportifs pour voir s’ils peuvent intégrer notre système »explique Agnès Desmaret, responsable de la communication corporate et de la marque groupe à la RATP, qui propose des contrats d’image et des CIP aux sportifs de haut niveau depuis 1982.
Pour les Jeux de Paris 2024, la société de transport parisienne a soutenu six athlètes, dont Carlota Dudek, l’une des deux Françaises concourant en déverrouillage. « Le système sera construit avec un minimum de six athlètes, comme ce que nous avons actuellement. Nous avons très envie de continuer”assure-t-elle.
Chez EDF, dont les premiers contrats avec les sportifs remontent à plus de vingt ans, le soutien ne s’arrêtera pas non plus après l’été 2024. « L’équipe EDF existait avant Paris 2024, elle continuera d’exister après, c’est une certitude» précise Alexandre Boulleray, responsable du sponsoring et des activations externes de Paris 2024 au sein de l’entreprise. On va prendre le temps, en fin d’année, de discuter avec tous les athlètes qui composent l’équipe, de voir quel est leur projet de vie, leur projet de carrière, avant de planifier tranquillement les années à venir. «
Même projection pour la SNCF, dont 31 contrats d’insertion professionnelle composent actuellement le dispositif pour les sportifs, qui existe depuis 1982. « Le Dispositif Athlètes SNCF existe depuis quarante-deux ans, il n’y a aucune raison que cela change» précise Laurent Guillemette, directeur des grands événements sportifs. Même si les prochains Jeux d’été auront lieu aux États-Unis, nous continuons de suivre nos athlètes dans leur carrière sportive et professionnelle.« Avec des contrats variés et des délais différents, les entreprises ont annoncé leur intention de faire le point avec les membres de leur équipe, avant d’éventuellement rechercher de nouveaux profils.
« Après chaque Jeux, que ce soit à Rio, Londres, Tokyo, il y a un turnover entre deux campagnes olympiques. Là, nous nous lançons dans une stratégie d’acquisition de nouveaux athlètes.
Laurent Guillemette, directeur des grands événements sportifs à la SNCFsur franceinfo : le sport
Créée lors de la préparation des Jeux de Paris, l’équipe des athlètes Allianz va également perdurer. « Nous voulons continuer à les accompagner, mais cela doit être une envie commune avec un projet partagé. En tant que partenaires de longue date des Jeux Olympiques et Paralympiques nous nous inscrivons dans cette logique, si tant est que nos athlètes souhaitent poursuivre l’aventure. »assure Christophe Dépont, directeur de la marque, de la publicité, des réseaux sociaux et des partenariats chez Allianz France. Il explique également que « les perspectives financières sont stables » et ça « L’idée est de continuer à tourner avec une équipe soudée. »
Du côté de l’ANS, « l’objectif est vraiment de consolider tout ce qu’on a mis en place pour pouvoir se projeter et considérer que ce qui s’est passé à Paris 2024 est une fondation, et qu’il ne faut plus revenir en arrière »assure Yann Cucherat, expliquant que c’est « l’ensemble des travaux initiés par l’agence ces dernières années ».
Mais il attend aussi le vote du budget 2025 pour connaître ses marges de manœuvre économiques. « Nous verrons les moyens dont nous disposons et si nous sommes capables de continuer à mener à bien ces programmes. Très clairement, ces systèmes qui nous permettent d’accompagner les sportifs sont essentiels pour nous »affirme Yann Cucherat.
La perspective des Jeux d’hiver de 2030 dans les Alpes françaises représente également un nouvel objectif à poursuivre. « Les Jeux d’hiver de 2030 dans les Alpes françaises sont un objectif pour l’équipe de France militaire de ski, qui représente un quart des effectifs du bataillon de Joinville, dit le général Paul Sanzey. Nous dialoguerons avec le ministère des Sports pour nous donner la possibilité d’accueillir non seulement des sportifs de haut niveau, mais aussi des entraîneurs et peut-être des arbitres dans certaines disciplines. Nous allons également ouvrir davantage le bataillon de Joinville aux para-athlètes des armées, vétérans notamment, parmi lesquels l’envie de concourir s’est répandue lors des Jeux Paralympiques. ».
Le rendez-vous est également identifié par le directeur des grands événements à la SNCF, Laurent Guillemette, dans les évolutions de l’équipe : « Nous voulons plus de sports d’hiver. On avait jusqu’à quatre athlètes, il ne nous en reste qu’un (le snowboardeur Ken Vuagnoux). ÔNous aimerions en avoir cinq ou six, donc nous allons essayer de trouver quelques jeunes pousses. »