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Quel risque pour la France après l’ouverture par l’Union européenne d’une procédure pour déficit public excessif ?

Cette procédure est avant tout symbolique. Si elle va sans doute nuire à l’image de la France à l’international, le risque est faible que le pays soit sanctionné.

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La France une nouvelle fois parmi les plus mauvais élèves de l’Union européenne (UE). Vendredi 26 juillet, les Vingt-Sept ont officiellement lancé des procédures pour déficits publics excessifs visant sept États membres, dont la France.

Selon un communiqué du Conseil de l’Union européenne, la France, la Belgique, la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie et Malte sont visées. Le Conseil a également prolongé la procédure lancée en 2020 contre la Roumanie.

Selon le Pacte de stabilité, les États membres doivent respecter la discipline budgétaire. « Leur déficit ne doit pas dépasser 3% de leur produit intérieur brut (PIB) et leur dette ne doit pas dépasser 60% de leur PIB »« Ces pays ont pourtant tous dépassé ces limites l’an dernier. Constatant l’existence de déficits excessifs, et sur proposition de la Commission européenne, le Conseil de l’Union européenne a pointé du doigt ces sept Etats », justifie le communiqué.« La procédure concernant les déficits excessifs vise à garantir que tous les États membres reviennent à la discipline budgétaire ou la maintiennent et évitent d’enregistrer des déficits excessifs. »le communiqué de presse précise.

En 2023, le déficit public de la France a atteint 5,5% du PIB et la dette 110,6% du PIB. Des chiffres loin de respecter les limites imposées par le Pacte de stabilité. Contacté par franceinfo, Elliot Aurissergues, chercheur à l’Observatoire français des conjonctures économiques, estime que Bruxelles ne pouvait plus accepter l’état des finances publiques françaises. « Les conditions macroéconomiques n’étaient plus réunies pour justifier un tel déficit »il dit.

Selon lui, avec la fin de la décision du « quoi qu’il en coûte » décidée pendant la pandémie et la crise énergétique de 2022, le déficit public aurait dû être beaucoup plus bas. « On s’attendait à une amélioration en 2023, mais finalement, ce fut l’inverse avec une dégradation surprise »explique le chercheur. En mars 2024, Bruno Le Maire, Le ministre de l’Economie du gouvernement démissionnaire a justifié sur RTL, l’état des finances publiques par « Des recettes fiscales bien inférieures aux prévisions ». Malgré cette surprise, le ministre n’a pas abandonné ses objectifs. « Ma détermination à assainir les finances publiques et à revenir sous la barre des 3% de déficit public en 2027 est intacte »a-t-il assuré. Selon Elliot Aurissergues, la Commission a estimé que cet objectif serait trop difficile à atteindre.

La France dispose désormais de plusieurs mois pour rectifier le tir. Les pays visés par les mesures disciplinaires doivent transmettre d’ici le 20 septembre des plans à moyen terme sur les moyens de se remettre sur la bonne voie. « La France devra convaincre la Commission que l’objectif est toujours atteignable et proposer des mesures concrètes pour y parvenir »note le chercheur.

En novembre, une fois ces propositions examinées, la Commission européenne communiquera ensuite des évaluations détaillées de ces plans contenant « recommandations aux États membres de prendre des mesures efficaces pour corriger leur déficit dans un délai donné »Les pays doivent revenir à une trajectoire soutenable et réduire leur déficit public de 0,5 point de PIB par an, comme le prévoient les règles européennes. Ces recommandations devront être à nouveau validées par le Conseil de l’Union européenne en décembre.

Cette procédure place les États concernés « sous surveillance accrue » par la Commission européenne. Le respect de leurs engagements sera inspecté et scruté. Au printemps 2025, la France devra transmettre « un rapport annuel d’avancement »afin de clarifier sa trajectoire budgétaire et de faire le point sur les réformes entreprises.

Si la France ne respecte pas ses engagements, elle pourrait être sanctionnée. Le Pacte de stabilité prévoit en principe des sanctions financières à hauteur de 0,1% du PIB par an, soit près de 2,5 milliards d’euros dans le cas de la France. Or, à ce jour, aucune sanction de ce type n’a jamais été appliquée dans le cadre du Pacte de stabilité.

Ce n’est pas la première fois que le déficit public français est dans le viseur de la Commission européenne. La France a en effet été jugée en déficit public excessif par la Commission européenne entre 2003 et 2007, puis entre 2009 et 2018.

Selon Elliot Aurissergues, cette procédure est donc avant tout symbolique.« Le poids politique et la réputation de la France pourraient être entachés par cette procédure. »juge-t-il. Selon lui, si ces procédures devaient se multiplier contre Paris, elles risqueraient à plus long terme de nuire au fonctionnement de l’Union européenne, la France étant l’un des pays fondateurs de l’UE.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides

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