quel impact pour les ménages ?
En quête de recettes fiscales supplémentaires pour ramener le déficit public à 3% d’ici 2029 – alors qu’il pourrait dépasser 6% cette année – le gouvernement Barnier envisagerait de taxer davantage les consommateurs sur leur facture d’électricité.
Pour ce faire, selon les informations de parisienBercy pourrait proposer une augmentation de la Taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE), lors de la présentation de son projet de loi de finances 2025 en Conseil des ministres le 10 octobre.
Qu’est-ce que la TICFE ?
La TICFE, également appelée fraction perçue sur l’électricité, est une accise sur l’électricité. Elle est payé par tous les consommateurs électricité depuis le 1euh janvier 2004, qu’il s’agisse des ménages ou des entreprises, dont certains pourront toutefois bénéficier d’une exonération.
Cela s’applique à toutes les offres. Cela concerne donc les consommateurs ayant souscrit au tarif bleu d’EDF, c’est-à-dire le tarif réglementé de vente (TRV), mais aussi ceux qui ont un contrat avec un fournisseur alternatif, que celui-ci soit indexé sur le tarif bleu. ‘EDF ou pas.
L’accise sur l’électricité est collectée par les fournisseurs d’énergie via la facture d’électricité et est transférée au budget général de l’État.qui assure le versement d’indemnisations aux opérateurs supportant les coûts.
Avant 2022, cette taxe s’élevait à 32,44 euros par mégawattheure (euros/MWh). Mais en réponse à la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine, le gouvernement l’a abaissé à son minimum légal européen (0,5 euro/MWh), dans le cadre du bouclier tarifaire mis en place en 2022 et 2023.
De combien l’État pourrait-il l’augmenter ?
Enfin, avec la baisse des prix de l’énergie, le gouvernement en a profité pour le relever en février dernier de 1 à 21 euros le MWh. Il devrait normalement revenir au 1er février 2025 à son niveau d’avant-crise de 32,44 euros par MWh.
Mais dans sa quête de 60 milliards d’euros d’économies en 2025, dont 20 milliards grâce aux nouvelles recettes, le gouvernement de Michel Barnier envisage de mettre en œuvre contribution des contribuables de cet impôt. Il pourrait proposer, dans le budget 2025, de l’augmenter au-delà de 32,44 euros par MWh, selon des sources interrogées par Le Parisien. Pour l’instant, Bercy n’a communiqué aucune estimation d’éventuelles recettes supplémentaires liées à cette hausse.
Quelles conséquences sur les factures françaises ?
A 32 euros le MWh, la hausse devrait néanmoins être indolore pour les ménages puisque les prix de gros de l’électricité ont baissé de moitié en un an : les contrats à terme s’établissaient à 73 euros le MWh en juin contre 146 euros. en septembre 2023.
Même en incluant la hausse du TICFE, eEn juin, le ministre de l’Économie de l’époque, Bruno Le Maire, avait promis que les tarifs réglementés de vente d’électricité (TRVE) diminuerait de 10 à 15% en février 2025.
Ainsi, pour les ménages encore abonnés au tarif réglementé, uUne augmentation plus importante que prévu de la taxe sur la consommation finale d’électricité représenterait une réduction de leur facture, non pas de 10 à 15%, mais de l’ordre de 9% selon les informations du Parisien. Ce qui représenterait une réduction de 110 euros par an pour 80% des foyers exposés au tarif réglementé.
En revanche, le flou demeure pour les 20 % de consommateurs ayant souscrit à une offre non indexée sur le tarif réglementé. En effet, pPour ce type de contrat, les fournisseurs alternatifs ne sont pas tenus de répliquer l’évolution du tarif bleu d’EDF, attendu, dans ce cas, en baisse au 1er février 2025. Autrement dit, leur facture pourrait augmenter car elle n’inclurait pas uniquement le augmentation de cette taxe, qui ne serait pas nécessairement compensée simultanément par une baisse du prix de la fourniture de l’électricité.
Toutefois, certains de ces consommateurs profitent déjà de la baisse des prix observée sur les marchés de gros depuis plusieurs mois. Ce n’est pas le cas des clients des TRV ou des offres indexées, dont le prix d’approvisionnement est calculé pour 2023 et 2022, année durant laquelle les prix du marché s’étaient envolés.
Une autre taxe envisagée ?
Mais l’idée de cette taxe ne fait pas l’unanimité au sein même du gouvernement. Si le ministre de la Transition écologique estimait, hier le France 3que la situation géopolitique a permis « ramener l’impôt que les Français payaient avant la crise énergétique au niveau d’avant-crise », elle a également averti qu’il ne fallait pas « aller au-delà ».
» Si l’on va au-delà, le risque est qu’il y ait effectivement une augmentation du prix de l’électricité. Il faut être très vigilant car les Français modestes et les classes moyennes (…) auront un double coup dur. Ce sont souvent eux qui vivent dans des passoires thermiques », a poursuivi Agnès Pannier-Runacher.
» C’est aussi un élément important pour les industriels, pour les boulangers, car quand il y a une fiscalité, cela se voit dans leurs coûts. Et donc là aussi, il va falloir être vigilant », a insisté le ministre.
La revalorisation de la TICFE au-delà de 32 euros le mégawattheure n’est pas la seule piste étudiée par l’exécutif en quête de nouvelles recettes fiscales. Le gouvernement Barnier a d’abord réfléchi à une taxe sur les capacités installées, à l’image d’une taxe de production. Pensée (et poussée) par l’ancien gouvernement Attal, mais très vivement critiquée par EDF, cette piste aurait finalement été écartée.
Agnès Pannier-Runacher s’y était fermement opposée, avant même son retour à l’hôtel de Roquelaure. « Taxer les entreprises énergétiques, c’est prendre le risque qu’elle soit ensuite immédiatement incluse dans la facture des Français »elle a dit sur BFM. Mais c’est surtout Antoine Armand, le nouveau locataire de Bercy, très conscient des enjeux énergétiques, qui aurait dissuadé Michel Barnier de poursuivre dans cette voie.
Depuis, une autre idée a fait son chemin. LE le gouvernement pourrait en effet opter pour le versement d’un dividende exceptionnel. « Il ne s’agirait pas d’un impôt, mais du transfert d’une partie des bénéfices réalisés par EDF sur l’année à son actionnaire, l’Etat. », précise un poids lourd du budget sur l’énergie au Parlement. » LEs les arbitrages seront faits jusqu’à la dernière minute », assurent cependant plusieurs parties prenantes.