Nouvel éditorial de Belkacem Bahlouli vous souhaitant de bonnes vacances d’été et parlant de l’actualité culturelle de cette période.
Alors les beaux jours sont là. Enfin, en théorie. Entre le contexte international, les élections en France, les marchandages incessants, les « avalements » de serpents pour un plat de lentilles, les trahisons façon Game of Thrones et les girouettes opportunistes, on peut le dire sans prendre trop de risques : la fête n’est pas pour demain ! Le pire, c’est de lire sur X que, dès leur arrivée au pouvoir, tant à l’extrême gauche qu’à l’extrême droite, la première décision sera de s’assurer le contrôle du service public audiovisuel et de s’en servir comme relais politique.
Côté musique, ce n’est pas plus rassurant : seuls les artistes bien vus et correspondant à la doctrine du moment seront montrés. Ce sera, hélas, une réalité. Il faudra donc être dans les petits papiers du gouvernement, qui confisquera la décision artistique pour la transformer en manifeste politique. Pire encore côté musique créative et contemporaine ! Dans les deux cas, seuls les « amis » bénéficieront de subventions en échange d’une allégeance au régime, et auront leur mot à dire.
Alors, à quoi ressemblera l’été ? Le grand concert d’août du groupe qui fait la une de ce numéro sera-t-il interdit pour cause, au choix, de déviationnisme ou de satanisme ? Car encore, pour certains, le rock’n’roll reste le symbole même de la perversion de la jeunesse qu’il faudra endoctriner car, par définition – du moins semble-t-il – elle est ancrée dans l’opposition. On a brûlé des disques pour moins que ça. Et des livres il y a vingt ans. Alors à quoi ressemblera cet été de tous les dangers, où désormais, les after-diners au bistrot sont la norme sur les réseaux sociaux, démultipliés par l’effet de groupe et la surmédiatisation des extrêmes ? On le dit à chaque fois, on l’a vu aux États-Unis avec Trump, on l’a vécu le soir du 21 avril 2002 : le spectacle continue. Hélas, pas celui qu’on aime, avec des rock stars, des chansons intemporelles et des moments magiques de communion.
Espérons donc un essor de l’art et de la culture, le vrai, celui qui n’a pas besoin de l’imprimatur du gouvernement, celui que tous les partisans de la démocratie défendent bec et ongles. Il y aura donc du sport cet été, et on ne pense pas forcément aux Jeux olympiques.
Joyeuses fêtes.
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Retrouvez cet éditorial sur les élections européennes dans de nombreux autres titres de notre numéro mensuel n°164, disponible en kiosque et sur notre boutique en ligne.
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