Un nouveau virus pris très au sérieux par la communauté scientifique internationale. Depuis quelques jours, l’Etat du Kerala (Inde) est en alerte sanitaire, suite au décès d’un adolescent de 14 ans d’une encéphalite provoquée par une infection virale.
Comme le rapporte The Indian Express, la jeune victime a commencé à souffrir de fièvre il y a une dizaine de jours. L’adolescent a ensuite été hospitalisé dans la ville de Kozhikode, où il a été testé positif au virus Nipah. Son état s’est ensuite rapidement dégradé à partir du vendredi 19 juillet et le jeune garçon est finalement décédé ce dimanche d’un arrêt cardiaque.
Les symptômes peuvent aller d’une « infection respiratoire aiguë à une encéphalite mortelle »
Selon les médias indiens, il s’agit du 21e décès causé par le virus Nipah depuis 2018. Un chiffre élevé qui explique les importantes mesures de précaution déployées par les autorités sanitaires du Kerala dès l’annonce du cas clinique dont souffrait le jeune homme. La maladie provoquée par ce virus émergent est en effet particulièrement dangereuse et relativement contagieuse.
Dans un article publié en octobre 2023, après la précédente flambée épidémique, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a décrit l’infection par le virus Nipah comme une « maladie zoonotique émergente » (c’est-à-dire transmissible de l’animal à l’homme), qui peut provoquer des symptômes allant de « l’infection respiratoire aiguë à l’encéphalite mortelle ».
Une maladie transmise par les animaux
Comme l’explique l’Organisation mondiale de la santé animale (OMS), cette maladie « est apparue pour la première fois chez des porcs domestiques en Malaisie et à Singapour en 1998 et 1999, entraînant l’abattage de plus d’un million de porcs afin de contrôler la maladie ». Cette purge n’a toutefois pas empêché cette infection d’être transmise à l’homme à partir de 2001, selon les données de l’OMS. La première contamination humaine a été observée dans le village malaisien de Nipah, qui a donné son nom au virus. Depuis, des cas de cette maladie ont également été signalés à Singapour, au Bangladesh et donc en Inde.
L’agence de santé publique des Nations Unies décrit l’infection comme « véhiculée par les chauves-souris et transmise aux humains par des animaux infectés (tels que les chauves-souris et les porcs) ou par des aliments contaminés par la salive, l’urine ou les excréments d’animaux infectés ». Selon le Hindustan Times, l’adolescent récemment décédé en Inde a été infecté après avoir mangé une prune mombin « provenant d’une parcelle infestée de chauves-souris ».
Un potentiel épidémique inquiétant
Dans son article introductif, l’OMS ajoute que « le virus peut également se transmettre directement d’une personne à une autre par contact étroit avec une personne infectée (bien que cette voie de transmission soit moins courante) ». La combinaison de ces propriétés confère ainsi à l’infection un potentiel épidémique inquiétant.
« Il faut surveiller ce virus comme un faucon », confirme Jean-Claude Manuguerra, chef de l’unité d’intervention biologique d’urgence à l’Institut Pasteur, cité par Europe 1. « C’est un virus qui vient des chauves-souris comme beaucoup de virus. Une fois qu’il a été transmis à l’homme, on a une transmission interhumaine plus ou moins efficace. Et donc une fois chez l’homme, l’épidémie peut continuer. »
Un taux de mortalité d’environ 70 %
D’autres éléments particulièrement alarmants ressortent des premières recherches sur le virus Nipah. L’OMS précise que « le taux de létalité enregistré lors des épidémies au Bangladesh, en Inde, en Malaisie et à Singapour se situe généralement entre 40 % et 100 % » et précise qu’« à l’heure actuelle, il n’existe aucun traitement ou vaccin efficace contre cette maladie ».
« Ce qui rend (ce virus) particulièrement dangereux, c’est son taux de létalité, qui peut avoisiner les 70 %, le fait qu’il n’existe actuellement aucun traitement ni vaccin, et une variété de symptômes allant d’une forte fièvre à une inflammation mortelle du cerveau, résume le virologue Hervé Fleury, professeur émérite au CNRS et à l’université de Bordeaux, cité par L’Express. S’il muterait pour devenir plus transmissible, cela pourrait être catastrophique. »
Masque obligatoire, confinement et tests négatifs
Au vu de ces différents éléments, l’OMS a classé le virus Nipah parmi ceux présentant « le plus grand risque pour la santé publique en raison de leur potentiel épidémique », « Comme le Covid-19 ou Ebola », comme le rapporte Le Journal des Femmes. Le foyer de l’Etat du Kerala, qui vient de connaître sa cinquième flambée épidémique depuis 2018, est particulièrement surveillé. Selon Reuters, l’urbanisation galopante de cette région offre « des conditions idéales pour l’émergence d’un virus comme Nipah ».
Conscientes de la menace que représentait le virus, les autorités sanitaires locales ont réagi très rapidement au cas positif de l’adolescent infecté, en décrétant le port du masque obligatoire dans le district concerné et un confinement dans certaines zones. 330 personnes ayant été en contact avec le défunt ont été placées en observation. Selon The Hindustan Times, 13 personnes à haut risque, dont 6 qui présentaient des symptômes pouvant suggérer une infection au virus Nipah, ont été testées. Toutes ont donné des résultats négatifs.