Pour 113 400 euros, on peut s’offrir un T3 près de Lille, un petit appartement à Rennes et même un débarras de 6 m2 dans le 16e, à Paris. Pour un budget équivalent, c’est une table que le Centre des monuments nationaux (CMN) a achetée lors d’une vente aux enchères chez Christie’s jeudi à Paris. Alors on vous arrête tout de suite, ce n’est pas un caprice d’Emmanuel Macron ou de la première dame.
C’est une table sur laquelle personne ne mangera jamais, une table sur laquelle aucun enfant ne griffonnera et autour de laquelle personne ne jouera à Uno. Et il y a plusieurs raisons à cela, la première étant qu’il sera installé dans une maison inhabitée : la Villa Cavrois, à Croix, près de Lille. La coûteuse table en noyer a été commandée dans les années 1930 par Paul et Lucie Cavrois à Robert Mallet-Stevens, l’architecte qui a conçu la villa, afin de meubler le hall-séjour.
Meubles épars, villa abandonnée
La table est restée dans la famille Cavrois jusqu’en 1986, avant que tous les meubles de la villa ne soient vendus et que la maison soit abandonnée pendant de nombreuses années. Classée monument historique en 1990 puis acquise par l’État en 2001, la villa a été restaurée à grands frais. Depuis 2017, le CMN a entrepris de réaménager le bâtiment avec ses éléments d’origine.
Le problème est que la quasi-totalité du mobilier appartient à des particuliers et l’État ne peut acheter que ce qui est mis en vente. Ce fut le cas jeudi à la table Mallet-Stevens chez Christie’s. Lorsque la famille Cavrois vendit cette table en 1986, elle partit à la galerie parisienne Arc en Seine avant d’être revendue à son dernier propriétaire en 1997.
C’est lui qui l’a vendu aux enchères, espérant obtenir entre 80 000 et 120 000 euros selon les estimations. Le CMN a préempté le mobilier pour un montant de 113 000 euros, « frais inclus », confirme-t-on à 20 Minutes. Il ne reste plus qu’à réinstaller la table dans le hall-séjour de la villa, là où elle se trouvait encore il y a près de quarante ans.