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Quel démocrate pourrait remplacer Joe Biden s’il se retire ?

La performance ratée de Joe Biden lors du premier débat présidentiel contre Donald Trump jeudi inquiète ses partisans. À tel point que les démocrates évoquent ouvertement le remplacement du président sortant, candidat à sa réélection, quatre mois avant le scrutin.

Ce débat était censé donner un nouvel élan à l’électorat démocrate. Il a eu l’effet inverse. Pire, certains de ses partisans réclament déjà le remplacement de Joe Biden dans la course à la présidentielle. Face à son adversaire Donald Trump, le président américain est apparu à plusieurs reprises déboussolé lors du premier débat organisé jeudi. Depuis, les médias ont ouvertement exprimé leurs doutes. Même son camp n’hésite plus à le critiquer. Reed Brody, ancien chef du parti démocrate, a déclaré sur franceinfo vendredi 28 juin que« il fait(llai)« Je ne trouve pas d’autre moyen » que Joe Biden pour les représenter à l’élection présidentielle de novembre. « Ce n’est pas trop tard (…) Si Biden décide de se retirer cette semaine, il y aura des candidats. Il y en a beaucoup »a déclaré l’ancien procureur adjoint de l’État de New York.

L’inquiétude suscitée par l’âge avancé du président, 81 ans, a été l’un des sujets récurrents des primaires. Pourtant, à quatre mois du scrutin, il entend maintenir sa candidature. « Je ne me présenterais pas à nouveau si je ne croyais pas, de tout mon cœur et de toute mon âme, que je peux faire ce travail. »a-t-il tenté de rassurer vendredi lors d’une réunion à Raleigh (Caroline du Nord). Néanmoins, « Les démocrates vont essayer de le convaincre (Se rétracter) (…) Cela va créer une fracture au sein du parti.»assure Dominique Simonnet, écrivain et journaliste spécialiste des Etats-Unis, à franceinfo.

Alors, qui remplacera Joe Biden en cas de retrait, lors de la Convention nationale démocrate qui se tiendra fin août pour désigner le candidat officiel du parti ? Franceinfo dresse le portrait des principaux successeurs potentiels.

Kamala Harris, une vice-présidente impopulaire

La vice-présidente américaine Kamala Harris le 21 juin 2024 à New York.  (ANGÉLA WEISS / AFP)

Le numéro deux de l’exécutif américain apparaît comme un choix évident pour succéder à Joe Biden. « C’est tout naturellement que c’est la personne qui occupe la vice-présidence qui est l’héritière de la présidence précédente »estime Ludivine Gilli, directrice de l’Observatoire Amérique du Nord de la Fondation Jean-Jaurès, rappelant la candidature d’Al Gore, ancien vice-président de Bill Clinton et candidat à sa succession en 2000. « Toute la difficulté réside dans le fait que nous avons besoin d’un candidat de consensus qui puisse unir l’aile droite et l’aile gauche du parti. »poursuit le docteur en histoire.

Kamala Harris, aujourd’hui âgée de 59 ans, est la première femme et première Afro-Américaine à devenir vice-présidente, en 2020. Si Joe Biden démissionne de son mandat, elle sera automatiquement présidente. Elle a été pionnière à plusieurs reprises : première procureure noire à San Francisco puis en Californie, première femme d’origine sud-asiatique à représenter cet État au Sénat. Son âge, son dynamisme, sa pugnacité au sein de la commission d’enquête parlementaire et sa relative proximité avec les minorités en faisaient une colistière idéale pour Joe Biden. On lui reproche cependant de ne pas avoir su se tailler une place au sein de l’administration Biden, rapporte Le gardien.

Reed Brody, ancien responsable du Parti démocrate, « ne comprennent pas » pourquoi le vice-président n’a pas été plus exposé dans les médias : « Biden lui-même a dit à l’époque qu’il était un président de transition et nous considérions Kamala Harris comme un pont »explique-t-il. Car aujourd’hui, la vice-présidente ne jouit pas d’une grande popularité : selon un sondage Economist/Yougov de juin, seuls 33 % des Américains estiment qu’elle est suffisamment qualifiée pour être présidente. Vendredi, sur CNN, elle s’est empressée de défendre la candidature de Joe Biden.

Gavin Newsom, un gouverneur de Californie fidèle à Joe Biden

Le gouverneur de Californie Gavin Newsom le 27 juin 2024 à Atlanta, en Géorgie.  (ANDREW HARNIK / GETTY IMAGES AMÉRIQUE DU NORD)

Avec son fougue et son énergie, le gouverneur de Californie Gavin Newsom, 56 ans, a le vent en poupe chez les démocrates. Mais il n’est pas question qu’il supplante Joe Biden, dont il copréside le comité de campagne de réélection : ce type de « conversations » (lors de son remplacement) ne « pas bon pour notre démocratie »Gavin Newsom a patiemment gravi les échelons : d’abord conseiller général puis maire de San Francisco, puis lieutenant-gouverneur avant d’être gouverneur de l’État américain le plus peuplé depuis janvier 2019.

Adoptant un style de campagne plutôt offensif, il n’hésite pas à monter au front : il a débattu contre le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, sur Fox News en 2023 et a accordé une longue interview sur la même chaîne avec le chroniqueur ultra-conservateur Sean Hannity, mi-juin. Il a triomphé d’une tentative de destitution de ses détracteurs en 2021.

En termes d’idées, il tente d’incarner une troisième voie, Le mondeapparaissant comme «quasi-centriste sur les questions d’ordre public et d’austérité budgétaire»Il prône également une couverture santé universelle et a créé un fonds de 60 millions de dollars pour aider les femmes des États qui ont interdit l’avortement. Sa dernière initiative : proposer un amendement constitutionnel pour exiger une vérification des antécédents de tous les acheteurs d’armes à feu. D’ici à ce qu’il se présente à l’élection présidentielle de 2028, il aura terminé son deuxième mandat de président de Californie.

Gretchen Whitmer, une gouverneure progressiste du Michigan

Gretchen Whitmer, gouverneure du Michigan, le 19 mai 2024 à Detroit (Michigan, États-Unis).  (ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)

Gretchen Whitmer, 52 ans, est gouverneure du Michigan depuis 2019. Réélue en 2022, elle a fait campagne sur le droit à l’avortement, l’économie et la nécessité de maintenir la démocratie, deux ans après l’assaut du Capitole par des militants pro-Trump. Elle a auparavant siégé à la Chambre des représentants du Michigan, puis au Sénat du Michigan. Joe Biden l’avait un jour envisagée comme colistière, avant de choisir Kamala Harris en 2020.

Se décrivant comme une démocrate progressiste, Gretchen Whitmer s’est prononcée en faveur d’une législation plus stricte sur les armes à feu, de l’abrogation de l’interdiction de l’avortement et du soutien à l’éducation préscolaire universelle. En 2013, elle a acquis une notoriété nationale en parlant de sa propre expérience de victime de viol lors d’un débat sur une loi controversée sur l’avortement.

Critique de la gestion de la pandémie de Covid-19 par l’administration Trump, elle a imposé plusieurs confinements impopulaires dans son État, ce qui lui a valu d’être la cible d’un complot d’enlèvement en 2020. Depuis janvier 2021, elle est vice-présidente du parti démocrate. Comité National (DNC), ce qui lui a permis d’influencer la stratégie du parti au niveau national. Son expérience et ses compétences en gestion de crise en font une alternative crédible à Joe Biden.

Josh Shapiro, un gouverneur de Pennsylvanie très impliqué dans la crise des opioïdes

Le gouverneur de Pennsylvanie, Josh Shapiro, le 3 mai 2024, à Philadelphie.  (BASTIAAN SLABBERS / NURPHOTO)

Avant d’être nommé gouverneur en 2023, Josh Shapiro s’est illustré en tant que procureur général de Pennsylvanie. Il s’est par exemple opposé en 2017 à un décret migratoire controversé de Donald Trump interdisant l’entrée aux États-Unis à partir de sept pays musulmans et a été à l’origine d’un rapport publié en 2018 faisant état de milliers d’agressions sexuelles sur des mineurs par des prêtres de l’Église catholique.

Dans le cadre de la crise des opioïdes, il a participé en 2019 à plusieurs accords avec des sociétés pharmaceutiques, notamment le fabricant d’analgésiques Purdue Pharma, afin d’obtenir des compensations financières. Par ailleurs, le quotidien Le temps d’Israël l’a décrit comme « nouvel archétype de l’homme politique juif très ouvert sur sa foi ».

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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