quel avenir pour l’Orlyval après le prolongement de la ligne 14?
Les groupes d’usagers et les municipalités réclament la transformation d’Orlyval en une entreprise de services de proximité. Si Île-de-France Mobilités étudie sérieusement cette possibilité, des études doivent encore être lancées.
C’est l’un des projets majeurs du réseau Île-de-France Mobilités. Le prolongement de la ligne 14 du métro parisien, qui doit être mise en service avant les Jeux olympiques, doit permettre de rejoindre l’aéroport d’Orly, jusqu’ici desservi par la ligne spécifique Orlyval, accessible par le RER. B à la gare d’Antony.
« On voit la ligne d’arrivée », ont déclaré cette semaine Jean Castex, PDG de la RATP, et Valérie Pécresse, présidente d’IDF Mobilités, évoquant la fin du projet.
Mais avec le prolongement de la ligne 14, qui reliera le centre-ville de Paris à l’aéroport en moins de 30 minutes, Orlyval pourrait perdre tout son intérêt. Une crainte dont Île-de-France Mobilités est bien consciente.
« Avec l’ouverture du prolongement de la ligne 14 jusqu’à l’aéroport d’Orly en 2024 puis celui de la ligne 18 en 2027 entre le plateau de Saclay et l’aéroport d’Orly, puis, en 2030, jusqu’à Versailles – Chantiers, la navette Orlyval perdra de son attractivité et de son intérêt. le trafic va baisser drastiquement par rapport à la situation actuelle », confirme le réseau de transports à BFMTV.com.
Trois nouvelles stations ?
Le syndicat des transports franciliens réfléchit à l’avenir d’Orlyval. Un démantèlement de la ligne a effectivement été évoqué mais, selon les associations d’usagers, ne serait pas la solution la plus pertinente. D’autant que « ça coûte très cher de démonter une ligne », estime Arnaud Bertrand, président du collectif Plus de trains.
Cette dernière, comme plusieurs autres associations, ainsi que les communes de l’Essonne et du Val-de-Marne traversées par la ligne Orlyval, souhaiteraient au contraire voir la navette transformée en service de proximité, avec l’ajout sur la ligne de trois s’arrête à Rungis (Val-de-Marne), Wissous (Essonne) et un quartier d’Antony (Hauts-de-Seine) en complément du terminus de la gare RER B.
« Quand on voit comment on se bat pour essayer d’obtenir un tramway ici, un métro là, quand on voit la difficulté qu’on a, notamment en banlieue, à obtenir une amélioration des transports… Là, on a une ligne qui existe , ce serait dommage de tout fermer », insiste-t-il auprès de BFMTV.com.
La transformation de cette ligne permettrait ainsi de relier des communes de banlieue parisienne actuellement « mal desservies », mais aussi d’assurer le développement économique de ces territoires.
Une correspondance avec le RER B et la ligne 14
« Vous avez la spirale positive d’un territoire qui, étant bien connecté, est attractif. Il y a encore une énorme pénurie de logements en Île-de-France, il n’est donc pas stupide de s’appuyer sur les lignes existantes pour créer un maillage un peu meilleur de nos transports en commun, car cela permet aux gens d’habiter un peu plus près de Paris que s’ils était parti vivre au bout d’une ligne de RER », poursuit Arnaud Bertrand.
D’autant que faire d’Orlyval une ligne de desserte locale relierait les communes au RER B à Antony d’une part, mais aussi à la ligne 14 du métro à Orly, pour rejoindre la capitale.
« Relier demain ces villes à Orly, ce n’est pas seulement se connecter à l’aéroport et pouvoir décoller. Cela peut être utile aux personnes qui travaillent, qui sont hôtesses de l’air, agents ou employés à l’aéroport. Ce sera aussi très utile de récupérer la ligne 14 pour aller à Paris, dans le coin de la bibliothèque Mitterrand, Gare de Lyon », explique le président du collectif Plus de trains.
Le conseiller municipal de la commune de Wissous (Essonne), Jean-Luc Trouly, a indiqué avoir déposé une demande lors de l’enquête publique clôturée le 16 mars concernant le projet de schéma directeur de la région Île-de-France. Environnement France (SDRIF-E), pour « le maintien d’Orlyval comme un service de proximité avec trois arrêts sur son parcours ».
Une ligne rentable en terme de fréquentation ?
A ce jour, Île-de-France Mobilités n’a pas encore déterminé l’avenir précis d’Orlyval, mais reconnaît que la transformation de la ligne en axe de desserte de proximité est « la seule option possible à long terme ».
Entre 2019 et 2020, le réseau de transport a mené une première phase d’études, qui n’ont toutefois « pas permis d’identifier une solution préférentielle quant au mode de fonctionnement d’une éventuelle future ligne de desserte locale ». Concrètement, il n’est pas garanti qu’Orlyval laissera la place à une ligne de métro. L’axe pourrait tout aussi bien être desservi à l’avenir par un système de bus.
« Des études approfondies seront menées dans les années à venir avec le concours de la RATP, notamment avec l’hypothèse de créer trois gares supplémentaires », précise Île-de-France Mobilités.
Pour les groupes d’usagers, il ne fait aucun doute qu’une ligne de métro serait bien plus pratique que des bus. Mais un autre point d’interrogation pour Île-de-France Mobilités réside dans l’usage futur de cette éventuelle ligne locale.
« Ils nous disent : soyez prudent, nous voulons être sûrs qu’il y aura suffisamment de monde, parce que derrière, si nous devons passer au prix du ticket de métro, cela coûtera probablement plus cher qu’il ne faudra ramener les récépissés de voyage », explique Arnaud Bertrand.
Île-de-France Mobilités indique qu’une évaluation « précise et chiffrée » des investissements nécessaires à la création de cette ligne devra être réalisée, « notamment des prévisions de fréquentation ». Mais le collectif Plus de trains est confiant quant à l’utilité de cette éventuelle ligne pour les usagers.
Une première estimation de 290 millions d’euros
« On dit toujours qu’une ligne de transport fiable et fréquente est une ligne qui, d’ici dix ans, a sa fréquentation qui augmente énormément », estime le président du collectif. Elle s’inspire notamment de l’exemple de la ligne T2, ancienne ligne de la SNCF et remise en service en 1997 comme tramway.
« 25 ans plus tard, c’est devenu un problème parce qu’il y a tellement de monde là-bas. Si vous regardez toutes les gares aux alentours, il y a beaucoup d’immeubles qui ont grandi, il y a des gens qui viennent y vivre, il y a des immeubles de bureaux. … Une infrastructure de transports en Île-de-France qui soit fiable, fréquente et qui fonctionne de 6 heures du matin à minuit est toujours une réussite », assure-t-il.
Un premier bilan commandé par Île-de-France Mobilités estime les investissements nécessaires à environ 290 millions d’euros pour transformer complètement la ligne Orlyval, « mais il est encore bien trop tôt pour s’engager sur un chiffre précis », prévient le réseau.
Des « études approfondies » seront ainsi lancées après les Jeux Olympiques, notamment lorsque le protocole CPER (Contrat de plan État-région, qui prévoit, entre autres, les grands investissements et les projets d’aménagement du territoire à venir) sera approuvé par le région. Ile de France.