Québec devrait être moins vorace envers Hydro-Québec, selon un expert

Le gouvernement est ouvert à l’idée de renoncer à une partie de son dividende – 3,4 milliards de dollars l’an dernier – pour permettre à Hydro-Québec de réinvestir dans l’entretien et l’amélioration de son réseau.
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Interrogé pour savoir si le gouvernement était ouvert à ce qu’Hydro-Québec garde une plus grande partie de ses profits pour les réinvestir dans son réseau, le ministre Pierre Fitzgibbon s’est montré favorable à l’idée. « Hydro-Québec a clairement le pouvoir de dire : ‘voici mon budget, je veux augmenter pour maintenir les actifs’ et il serait difficile pour le gouvernement de dire non », a-t-il dit.
« Devrions-nous investir davantage dans le contrôle de la végétation, couper plus d’arbres et être plus préventifs ? Je pense que poser la question, c’est y répondre. Il faut laisser Hydro-Québec faire ses recommandations pour augmenter les budgets. Pour l’enfouissement des fils, je ne suis pas sûr que ce soit Hydro-Québec qui doive payer ça, peut-être que ce soit les municipalités », a-t-il ajouté.
Mais il y aura un débat à avoir, a-t-il dit. « Si on décide qu’on va baisser les dividendes à Éric Girard, au ministère des Finances, pour faire des choses qui sont bonnes pour le réseau de transport, je pense que c’est à débattre. Mais si M. Girard a 1 milliard de dollars de moins, eh bien, ce sera 1 milliard de dollars de moins à mettre ailleurs. Ce sont des vases communicants. Mais le débat est très sain. Le maintien des actifs est aussi important que les nouveaux actifs », dit-il.
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grande consultation
Ils étaient plus de 80 à se réunir lundi à l’hôtel Westin de Montréal, pour donner des idées au ministre de l’Énergie Pierre Fitzgibbon sur les façons de prévoir l’avenir énergétique de la province. Des associations d’entreprises, des associations de consommateurs, des groupes environnementaux et divers experts en énergie ont lancé plusieurs idées. Parmi eux, Jean-François Blain, analyste énergétique, a jeté un caillou dans la mare.
Alors que le Québec a de grandes ambitions pour électrifier et décarboner tout ce qui bouge, le réseau électrique d’Hydro-Québec craque de partout et a besoin d’amour. Le problème : l’Etat puise plus que jamais dans la plus rentable de ses vaches à lait, a-t-il expliqué.
De plus en plus gourmand
« Année après année, le gouvernement monopolise environ 80 % du bénéfice net d’Hydro-Québec, lorsque l’on inclut les redevances hydrauliques et les autres frais et taxes. Cependant, si vous êtes obligé de contracter plus d’emprunts parce que le gouvernement prend tout au fur et à mesure, cela signifie des charges financières supplémentaires, une pression à la hausse sur les taux et moins d’investissements dans votre réseau. , il explique.
Alors que tout le monde se demande comment trouver de nouvelles sources d’électricité, l’entretien du réseau actuel faisait un peu figure d’éléphant dans la pièce. « Le gouvernement pourrait dire, on modifie la loi sur Hydro-Québec pour réserver 10 %, ou 20 % du bénéfice d’exploitation à des investissements supplémentaires dans l’entretien et le renforcement des réseaux », suggère M. Blain, rappelant que jusqu’au Au milieu des années 2000, les gouvernements se contentaient de 50 % du bénéfice net d’Hydro sous forme de dividende.
« Nous le voyons dans les retards croissants de reconnexion à chaque fois qu’il fait mauvais temps. Et les intempéries sont de plus en plus violentes et fréquentes. Il n’y a personne ici qui puisse contester cela, ce besoin de mettre à niveau le réseau », dit-il.
Chez Option Consommateurs, également présent à la consultation, nous sommes d’accord. « L’appétit du gouvernement a aussi pour effet de faire monter les prix pour tout le monde. Pour nous, les tarifs ne doivent pas être une taxe déguisée. Il y a des gens qui n’ont pas les moyens de suivre. Nous ne devons pas faire cela sur le dos des personnes vulnérables, nous devons protéger ces personnes. S’il y a des hausses de prix prévues, il faut être conscient que ça va faire mal aux gens qui ont déjà du mal à s’y rendre », explique Sylvie De Bellefeuille.
Rappelons qu’Hydro-Québec a réalisé des profits de 4,55 milliards de dollars en 2022, un record.
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