CRITIQUE – Le long métrage de Xavier Gens, disponible le 5 juin sur la plateforme, est un film de genre qui revisite les codes avec une efficacité redoutable.
« Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes ou les plus intelligentes, mais celles qui s’adaptent le mieux aux changements. » Avec cette citation de Darwin en préambule, Sous la Seine, film d’horreur convoquant un requin toutes dents arrachées, marque d’emblée ses préoccupations environnementales. » C’est un blockbuster avec une conscience écologiqueconfirme Xavier Gens, auteur et réalisateur (Farang, Lupin, Gangs de Londres ). Un élan de cinéma populaire généreux, comportant un sous-texte générateur de réflexion et de discussion important au regard de mon engagement. »
Une référence ironique aux Jeux olympiques
Xavier Gens est un fan de films de genre : « Se dire qu’on va réussir à provoquer des émotions extrêmes chez les gens, proposer des choses qui nous sortent de notre quotidien, effrayer les gens, rêver et s’évader par l’imaginaire, créer des sentiments et des images qui sortent de l’ordinaire, c’est mon préféré », admet-il volontiers. Mais aborder cet univers codifié n’a d’intérêt que si l’on en revisite les règles. Le cinéaste a notamment choisi d’abandonner les plages de Dents de mer et d’autres pour situer son action à Paris lors des championnats du monde imaginaires de triathlon à l’été 2024 avec des épreuves de natation dans la Seine. Toute référence aux Jeux Olympiques étant purement volontaire et ajoutant une actualité ironique !
« Le monstre du film, c’est nous »
A l’approche du concours, un jeune militant écologiste alerte un scientifique : un requin, muni d’une étiquette, circule dans une rivière menant à la capitale. Sophia (Bérénice Béjo – L’artiste, le passé – très convaincant), en deuil suite à une mission d’étude où elle a perdu son équipe de plongeurs attaqués par ce même requin, prévient à son tour la police fluviale et des politiques désespérément incrédules… » Je voulais me renouveler, faire quelque chose de différent, confie l’actrice. Et je trouve le cinéma français actuel assez bon dans les films de genre, avec un contexte socioculturel intéressant. C’est une excellente façon de parler des problèmes en les décalant un peu. Pourquoi ce requin en eau douce ? Pourquoi est-il agressif ? Le monstre du film n’est pas le requin, c’est nous, ce que nous faisons de notre monde, comment nous le polluons et comment nous vidons nos océans.
Paris et ses catacombes
Les scènes sous-marines, le continent plastique au nord d’Hawaï comme Paris et ses catacombes parsemées de crânes et d’ossements (recréés pour avoir une totale liberté de mouvement de caméra) offrent un cadre merveilleux, très cinématographique, à une fiction d’autant plus effrayante qu’elle paraît raisonnablement plausible après la découverte d’un béluga et d’une orque dans la Seine en 2022. Les effets spéciaux jouent à plein (la surenchère sonore était superflue), avec une certaine jubilation à la découverte de la boucherie annoncée !
Un bémol, la maire de Paris, jouée par Anne Marivin (Bienvenue chez les Ch’tis) semble pour le moins caricatural. » Certainement pas, se défend le réalisateur. Plus nous essayions d’épurer nos dialogues, plus nous nous éloignions du réalisme. Nous nous sommes inspirés d’entretiens existants avec des hommes politiques. Ce sont des commentaires répétés. Cela met le doigt sur la société médiatique dans laquelle nous vivons ! »