CRITIQUE – Plutôt que de se concentrer sur la crise de la quarantaine de Xavier et Wendy, le cinéaste s’intéresse avec tendresse à leurs enfants, plongés dans une Athènes de toutes les révoltes.
Être tiré hors du lit par une charge policière et se débarrasser des derniers vestiges de sommeil dans un fourgon de la police grecque. Ce n’est pas forcément ainsi que nous imaginions nos retrouvailles avec le monde de L’Auberge Espagnole et ses adultes encore un peu perdus.
Sollicité à maintes reprises, Cédric Klapisch a finalement accepté de donner une suite en série à sa trilogie. Un an après le lancement sur Prime Video de la bien nommée salade grecquec’est enfin accessible à tous gratuitement sur France 2 et sa plateforme de rattrapage France.tv. La bonne intuition du réalisateur deDans le corps Que dire de cette extension périlleuse ? Plutôt que de faire le point sur la crise de la quarantaine de Xavier (Romain Duris) et Wendy (Kelly Reilly), qui apparaissent de temps à autre, il a préféré se concentrer sur leurs enfants, le soigné et BCBG Tom et la rebelle Mia. Il a bien fait.
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La révélation de Megan Northam
Avec ce frère et cette sœur qui s’entendent comme chien et chat, Cédric Klapisch, assisté de ses complices Lola Doillon et Antoine Garceau, dresse un portrait tourbillonnant et tendre de la jeunesse des années 2020. Plus engagée et inquiète. Moins insouciante et fêtarde que la précédente. Pour ne pas rater son objectif, le cinéaste s’est entouré de cinq scénaristes âgés de 25 à 30 ans. Sous leur houlette, il a emmené son duo à Athènes, berceau de la démocratie et de l’anarchisme, aux portes d’une Europe post-Brexit frappée par le changement climatique et la guerre en Ukraine et, surtout, en première ligne de la crise migratoire.
Mia (la révélation Megan Northam) vit à Athènes et milite dans une ONG qui vient en aide aux réfugiés. Fervent adepte de la « start-up nation », Tom (Aliocha Schneider) n’a qu’un rêve : lancer sa petite entreprise écologique. La mort de leur grand-père maternel, qui leur laisse un immeuble décrépit au centre de la capitale grecque, précipite les retrouvailles. Tom s’installe dans l’appartement partagé qui occupe le dernier étage de sa propriété et réunit de sympathiques étudiants Erasmus (une impression de déjà-vu…) venus d’Italie, de Croatie et de République tchèque. Mia y débarque avec ses protégés et collègues.
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Une tournure tragique et surprenante des événements
L’entente entre ces deux mondes n’est pas d’emblée cordiale. Les chamailleries entre frères et sœurs gagnent peu à peu en souplesse, en humour et surtout en amour dur. Le polyglotte salade grecque trouve son rythme galopant à mi-parcours. Petit bijou, le cinquième épisode réunit progéniture et parents à Noël. Xavier, Wendy, leur petite amie lesbienne Isabelle (Cécile de France) fument toujours des joints… Mais ils sont devenus les nerds tendrement dépassés de la génération suivante. Avec ce jeu de miroirs, salade grecquequi ose un tournant tragique étonnant, regarde le temps passer et défie la facilité.