Coup de projecteur sur une molécule, le GLP-1 et ses analogues que l’on retrouve par exemple dans Ozempic, une molécule utilisée dans le traitement du diabète et présente dans les nouveaux médicaments contre l’obésité qui arriveront bientôt sur le marché français. Les analogues du GLP-1, une hormone miracle pour certains car prometteuse dans la lutte contre certaines pathologies cardiovasculaires, la stéatose hépatique, l’insuffisance rénale ou encore l’apnée du sommeil.
Nous verrons avec les invités ce qu’il faut penser de cette nouvelle molécule, ses bienfaits, ses contre-indications et ses effets indésirables…
L’obésité, une maladie chronique
L’obésité est une maladie des tissus adipeux. Sébastien Czernichow, chef du service de nutrition à l’hôpital européen Georges-Pompidou-APHP, précise : « L’obésité se définit par une accumulation de masse grasse, ce tissu adipeux, qui va progressivement se transformer, s’enflammer, et devenir fibreux. C’est l’une des raisons pour lesquelles il est beaucoup plus facile de prendre du poids que d’en perdre.
Le professeur Boris Hansel ajoute qu’il faut comprendre que l’obésité est une maladie chronique qui évolue et s’aggrave avec le temps. « C’est une maladie dont on ne sait pas comment guérir. Nous le traitons, mais nous ne le guérissons pas. On la traite, on peut aller beaucoup mieux avec un accompagnement, éventuellement avec des médicaments, éventuellement avec une intervention chirurgicale, mais on ne peut pas guérir cette maladie, d’où l’importance d’un suivi à long terme. » Et puis : « Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas obtenir de traitement, cela ne signifie pas que nous ne pouvons pas vivre normalement lorsque nous souffrons d’une maladie comme l’obésité, mais cela signifie que la guérison n’est pas possible aujourd’hui. ce n’est pas possible. »
Emmanuelle Lecornet-Sokol, endocrinologue et diabétologue, ajoute que la maladie apparaît à un moment donné, elle se déclenche, car on a le plus souvent une certaine prédisposition, et puis elle va s’aggraver avec le temps. L’obésité est multifactorielle, c’est-à-dire que nous disposons d’un ensemble de paramètres qui vont, au cours de la vie des patients, leur faire prendre du poids. On peut prendre l’exemple de l’arrêt du tabac. C’est donc un ensemble d’éléments défavorables qui vont faire prendre du poids au patient.
C’est une maladie qui culpabilise. Pour Guillaume Pourchet, chirurgien de l’obésité, il faut absolument rompre avec cette approche : « Ce n’est pas une faute d’être obèse. Nous constatons quotidiennement qu’il y a plus d’un milliard de personnes dans le monde qui sont obèses. C’est donc quelque chose de très courant, qui peut toucher tout le monde. Et cette maladie, on confond souvent les causes et les facteurs aggravants. Et il est très important de bien différencier les deux, notamment au niveau des circonstances aggravantes. Nous avons des comportements, une alimentation, un sommeil dont nous ne nous souvenons pas assez souvent. L’activité physique est essentielle pour tout être humain. Et puis, le traumatisme psychologique. » Il ne faut pas confondre les phases d’évolution de la maladie et les phases de maladie chronique où les patients s’installent et ont des difficultés à perdre du poids.
Ozempique, un espoir ?
Nous nous intéressons au programme de médicaments contre l’obésité mis sur le marché en France en 2025, les analogues du GLP-1, que l’on retrouve dans l’ozempic, un médicament destiné aux diabétiques. GLP-1 est l’acronyme anglais de glucagon-like-peptide-1, qui signifie en français « glucagon-like peptide » que l’on retrouve donc dans le fameux ozempic. C’est une hormone produite naturellement par notre intestin.
Boris Hansel explique qu’il s’agissait au départ d’un médicament antidiabétique : « Ce GLP-1 était initialement connu comme une molécule importante pour contrôler le glucose dans le sang. Nous avons réalisé que lorsque nous mangeons du sucre, celui-ci produira du GLP-1 qui aura pour effet d’empêcher l’augmentation du glucose. Donc il a été développé comme un médicament antidiabétique, c’est-à-dire qu’on a fait du GLP-1, pour en rajouter un peu plus, et qui dure un peu plus longtemps que celui qu’on crée naturellement.»
Sébastien Czernichow explique comment cela pourrait agir dans le contexte de l’obésité : « La grande révolution, en fait, c’est d’avoir découvert toutes ces hormones qui sont sécrétées par le tube digestif que l’on appelle les incrétines et qui vont interagir avec le cerveau. Ce que ces molécules apportent finalement, à des doses plus élevées et avec une conformation un peu différente, une tête de molécule, c’est qu’elles vont passer la barrière hémato-encéphalique, c’est à dire qu’elles vont pénétrer dans le cerveau pour agir sur les récepteurs et mimer ces effets qu’on en attend, c’est à dire agissant sur la faim, la satiété, l’envie de manger« .
Cette hormone agirait sur la satiété, mais aussi sur l’envie de manger. Cela augmenterait la plénitude gastrique et réduirait la taille des portions consommées, pour ceux qui prennent ces molécules.
-> Pour en savoir plus, écoutez l’émission…
Très bien à vous !
52 minutes
Invités :
– Dr Sébastien Czernichow est chef du service de Nutrition à l’Hôpital Européen Georges-Pompidou-APHP.
– Dr Emmanuelle Lecornet-Sokol est endocrinologue et diabétologue. Elle est présidente de la Fenadiam (Fédération française des endocrino-diabétologues) qui regroupe des médecins spécialisés en Endocrinologie-diabétologie-nutrition. Livre : Et si c’était hormonal ?, Éd. Hachette, 2019, co-écrit avec Caroline Balma-Chaminadour.
-Dr Guillaume Pourcher est chirurgien spécialisé dans l’obésité et membre du conseil d’administration de la National Academy of Surgery. Livre : L’obésité, maladie du siècle ! Ni une faute ni une fatalité !, Éd. Xo, 2024.
-Hugo Jalinière est rédacteur en chef adjoint à Sciences et Avenir.