Que symbolise la « fête du sacrifice » dans la tradition musulmane ?
Elle a lieu chaque année au lendemain du grand rassemblement des pèlerins sur le mont Arafat, une colline granitique située à une vingtaine de kilomètres à l’est de La Mecque. A partir du dimanche 16 juin, les musulmans de France célèbrent, pendant trois jours, la grande fête deAïd-ul-Adha – aussi appelé Aïd-El-Kébir –, pour marquer la fin de « hadj »le pèlerinage annuel traditionnel dans la ville saoudienne.
Avec l’Aïd-ul-Fitr célébrant la fin du Ramadan,Aïd-ul-Adha est considérée comme l’une des plus grandes fêtes de l’Islam. Son ouverture officielle peut varier légèrement à travers le monde d’un pays à l’autre. En France, sa date est fixée chaque année par le Conseil français du culte musulman (CFCM), sur la base du calendrier lunaire, et elle a lieu le dixième jour du mois de Dhou al Hijja, dernier mois du calendrier musulman.
Le grand « Fête du Sacrifice »
Dans la tradition musulmane, leAïd-ul-Adha commémore la soumission d’Ibrahim – Abraham dans la Bible – à Dieu, vers 2000 avant JC. « Ce rite évoque un événement historique important chargé de symbolisme », a rappelé, dans son sermon publié en 2014 sur le site de la Grande Mosquée de Paris, le Grand Mufti Djelloul Bouzidi. « Il s’agit du sacrifice d’Ismaël par son père Ibrahim, par soumission à l’ordre divin et par obéissance absolue, suivant l’inspiration reçue en rêve »» continua-t-il alors.
Dans le Coran, il est indiqué qu’Ismaël, élevé dans la foi, se conforme sans broncher à l’exhortation divine : « Ô mon cher père, fais ce qui t’est commandé : tu me trouveras, s’il te plait Allah, parmi les endurants. » (Coran 37, 99 à 112). Mais alors qu’Ibrahim s’apprête à massacrer son fils, l’archange Jibril (Gabriel), envoyé par Allah, remplace l’enfant par un bélier au dernier moment. Selon les écritures musulmanes, l’événement a eu lieu près de La Mecque. En commémoration de cet épisode, les fidèles sacrifient donc un animal – le plus souvent un mouton, mais parfois aussi une chèvre ou un bétail – lors de laAïd-ul-Adha.
Un sacrifice aux règles
Cet animal ne doit pas être tué – ni même étourdi – avant de saigner, ce qui doit se faire, selon la tradition, avec un couteau parfaitement aiguisé. Selon la loi islamique, c’est au chef de famille d’accomplir la tâche sacrificielle, en couchant l’animal sur le côté gauche, la tête tournée vers la Mecque. Il ne peut fonctionner qu’après la prière de l’Aïd, qui a lieu une vingtaine de minutes après le lever du soleil, suivie d’un sermon de l’imam.
Le mouton doit ensuite être divisé en trois parts égales : une qui va à la famille, une autre pour les voisins et amis, et enfin la dernière, composée des meilleures pièces, pour les plus nécessiteux. Cet evènement « symbolise aussi la vertu du partage et de la fraternité en ce jour », a rappelé le mufti Djelloul Bouzidi. Placée sous le signe de la solidarité, cette fête est donc l’occasion pour les musulmans de renforcer les liens communautaires.