Que sont ces « lettres plafonds » exigées de Michel Barnier par Éric Coquerel et Charles de Courson ?
– / AFP
Photo d’illustration du Ministère de l’Economie et des Finances à Paris
POLITIQUE – Statut du courrier : bloqué chez l’expéditeur. Alors les destinataires ont décidé d’aller les chercher eux-mêmes. Éric Coquerel et Charles de Courson, respectivement président de la commission des Finances de l’Assemblée et rapporteur général du Budget, ont annoncé ce mardi 17 septembre qu’ils se rendaient à Matignon pour récupérer les « courriers plafonds » que les services du Premier ministre n’ont pas voulu leur remettre la veille.
Mais les députés sont repartis bredouilles de Matignon. Devant les journalistes, ils ont laissé parler leur colère et ont évoqué une « déni de démocratie ».
Les lettres plafonds déterminent les ressources dont dispose chaque ministère, c’est-à-dire les crédits par mission et le nombre maximum d’emplois. Elles sont établies après des conférences budgétaires, généralement entre avril et mai. au cours de laquelle les ministères présentent leurs demandes à la Direction du Budget »explique le ministère de l’Economie et des Finances.
Les demandes font ensuite l’objet de négociations avec Bercy avant d’être transmises aux services du Premier ministre qui arbitrent « à la fin du mois de juin » en théorie. Tout cela dans le but de présenter un projet de loi au Parlement le 1er octobre prochain.
Une question de temps
Sauf que l’absence d’un Premier ministre à temps plein a perturbé le calendrier. Mi-août, Matignon (toujours dirigé par Gabriel Attal) a finalement annoncé l’envoi de lettres de plafonds aux ministères concernés. Mais rien n’a été transmis à Éric Coquerel et Charles de Courson : « Nous, parlementaires, n’avons rien reçu qui nous permettrait de commencer à travailler »le président de la commission des finances a protesté dimanche sur BFMTV, donnant 24 heures à Matignon pour régulariser la situation.
Ce sera fait, ont promis les services du Premier ministre. Ou presque : Matignon n’a annoncé l’envoi que dans la journée « d’un courrier » qui contiendra « éléments susceptibles de répondre aux questions » membres du Comité des finances. « Une réimpression »le squelette du budget leur sera également envoyé « à la fin de la semaine, avec les big data extraites des lettres du plafond »Matignon a précisé. Insuffisant pour les deux parlementaires qui ont donc décidé de recourir à des mesures drastiques.
L’envoi de lettres de plafond à la commission des finances ne relève d’aucune obligation constitutionnelle ou organique, il s’agit simplement d’une pratique administrative. Dans une lettre envoyée à Bercy et consultée par La Tribune du dimanche Le 11 septembre, Éric Coquerel et Charles de Courson eux-mêmes ont reconnu que« Il n’est pas d’usage de communiquer ces documents. » « Toutefois, le retard dans la transmission du tiré à part ne permet pas à la commission des finances de préparer l’examen du projet de loi de finances pour 2025 dans un délai raisonnable. « , ont-ils justifié.
Une question fondamentale
Le projet de loi de finances est considéré comme l’un des textes les plus importants de chaque législature. Parce qu’il établit les budgets de chaque ministère, il est un bon indicateur des projets considérés comme prioritaires (avec les plus gros budgets) des autres et est donc éminemment politique. Sur BFMTV, Éric Coquerel a pris l’exemple du logement, domaine confié au ministère de la Cohésion des territoires. « Vous connaissez la situation catastrophique du logement en France (…). Nous sommes intéressés de savoir si la question du logement est impactée par la réduction des dépenses publiques », il a expliqué.
Mi-août, la préparation des lettres de plafond par le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal avait fait sourciller. Bercy s’était justifié en rappelant qu’il était possible de les amender voire de les réécrire entièrement. Michel Barnier compte-t-il le faire ? Éric Coquerel n’y croit pas : » Je pense que (courriers préparés par l’équipe de Gabriel Attal) sera au moins la base de travail du prochain budget »a déclaré le président de la commission des finances sur France 2 ce lundi.
Selon une source au sein de l’exécutif interrogée par l’AFP, Matignon conserverait les crédits qui ont été fixés par le gouvernement sortant. De quoi faire hurler la gauche, très critique envers les coupes budgétaires choisies par Bruno Le Maire et les gouvernements précédents. Il faudra sans doute attendre encore quelques semaines pour être fixé. Le projet de budget pourrait finalement ne pas être présenté à l’Assemblée nationale avant le 9 octobre après la déclaration de politique générale de Michel Barnier, a indiqué Matignon. Pour la première fois, la date du 1er octobre ne sera pas respectée.
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