Que sait-on des contaminations enregistrées dans le Var et en Guadeloupe ?
Trois cas autochtones de contamination par le virus West Nile ont été recensés dans le département du Var, a annoncé lundi l’Agence régionale de santé (ARS) Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca). Quelques jours plus tôt, le 7 août, l’ARS de Guadeloupe avait été informée de la détection du premier cas humain d’infection sur son territoire.
Comment se transmet-elle ? Quels sont les risques pour la santé en cas d’infection ? 20 minutes explique ce que nous savons sur le virus du Nil occidental.
Un virus transmis par les moustiques
L’infection par le virus West Nile (WNV) est « une maladie virale, transmise par des moustiques qui s’infectent exclusivement au contact d’oiseaux infectés », explique l’ARS Paca. L’homme et le cheval sont des « hôtes accidentels » du virus. Il n’y a pas de transmission du virus d’homme à homme (ni de cheval à homme) via les moustiques. En pratique, « dans les zones tempérées, la transmission du WNV est saisonnière, pendant la période d’activité des moustiques, de juin à fin novembre pour la France métropolitaine », ajoute Santé publique France. Le virus peut également être transmis, plus rarement, par des produits d’origine humaine : transfusions sanguines et greffes d’organes, de tissus ou de cellules. Des cas de transmission de la mère à l’enfant au cours de la grossesse, de l’accouchement et de l’allaitement ont également été décrits. »
Mais dans la grande majorité des cas, la contamination se fait par piqûre de moustique « Culex, le moustique commun en France métropolitaine, poursuit l’ARS Paca. Il pique principalement le soir et la nuit, contrairement au moustique tigre qui pique principalement le jour ». Plus précisément, il s’agit de « Culex pipiens, qui est originaire d’Europe et présent dans toute l’UE/EEE » (Union européenne et Espace économique européen), selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).
Et dans le sud de la France, l’agence sanitaire précise que « trois cas autochtones d’infection par le virus West Nile ont été recensés dans le département du Var : une personne à Ollioules, une personne à Six-Fours-les-Plages et une personne à La Seyne-sur-Mer ». Parallèlement, « un cas équin a été détecté durant la même période à Six-Fours-les-Plages ». Aux Antilles, la personne ayant contracté le WNV est « un homme qui a été contaminé par la piqûre de moustiques porteurs de la maladie, lors de son séjour en Guadeloupe, informe l’ARS de Guadeloupe. Ce patient est actuellement pris en charge à l’hôpital ».
Les arbovirus en hausse
Les infections sont pour l’instant isolées, mais elles inquiètent les autorités sanitaires. Les arbovirus, ou maladies transmises par les moustiques, sont en hausse en Europe, le changement climatique créant des conditions plus favorables à la propagation des moustiques invasifs, a alerté l’ECDC le 6 août. « L’Europe constate déjà que le changement climatique crée des conditions plus favorables à la propagation des moustiques invasifs dans des zones jusque-là indemnes et à l’infection d’un plus grand nombre de personnes par des maladies telles que la dengue », a déclaré Andrea Ammon, directrice de l’agence européenne de la santé.
Quant au virus West Nile, 713 cas autochtones ont été recensés dans 123 régions de neuf pays de l’UE en 2023, avec 67 décès. S’il s’agit d’une baisse par rapport aux 1 133 cas de 2022, le nombre de régions touchées est le plus élevé depuis 2018. Et la France figure donc sur la liste des pays touchés.
« On s’attend généralement à ce que le changement climatique ait un impact significatif sur la propagation des maladies transmises par les moustiques en Europe, par exemple en créant des conditions environnementales favorables à l’établissement et à la croissance des populations de moustiques », a déclaré l’ECDC.
Lutte contre les moustiques responsables de
À ce jour, il n’existe ni traitement ni vaccin contre le WNV. Seule une prise en charge des symptômes peut être proposée. En cas de contamination, « 80 % des personnes infectées restent asymptomatiques ou présentent peu de symptômes », précise Santé publique France. Mais « dans 20 % des cas, la maladie se présente sous la forme d’un syndrome grippal avec fièvre, maux de tête et courbatures », ajoute le ministère de la Santé. Et dans des cas beaucoup plus rares (environ un cas sur 150), la maladie se présente sous une forme neurologique sévère (méningite aseptique, méningo-encéphalite, paralysie flasque aiguë, syndrome de Guillain-Barré) principalement décrite chez des sujets affaiblis. La létalité a été estimée à 2 % des infections. »
D’où l’importance d’agir à la racine en contenant la prolifération des moustiques responsables de la contamination. Pour l’ECDC, des mesures de lutte coordonnées, comme les moustiquaires, les insecticides et la pulvérisation des habitations avec des insecticides à effet rémanent, sont cruciales pour endiguer ces maladies transmises par les moustiques infectés. Éliminer l’eau stagnante des balcons et des jardins et se protéger sont également des mesures essentielles, ajoute l’ECDC.
En région Paca, les cas signalés à l’ARS ont fait l’objet d’investigations en collaboration avec « la cellule régionale de Santé publique France, afin d’identifier d’éventuels lieux de contamination, précise l’agence sanitaire. L’Entente interdépartementale de démoustication (EID) Méditerranée mène des investigations dans ces secteurs afin d’identifier d’éventuels lieux de prolifération des moustiques Culex ». Parallèlement, « l’ARS Paca a renforcé le dispositif de surveillance des infections à virus West Nile en sensibilisant les établissements et les professionnels de santé du secteur à l’identification et au dépistage d’éventuels cas suspects ». Et « des mesures de sécurisation des dons de sang et d’organes dans le Var ont été mises en œuvre temporairement par l’Établissement français du sang et l’Agence de la biomédecine ».