Alors que la propagation d’une nouvelle souche de mpox dans le monde suscite des inquiétudes croissantes et que Gabriel Attal a annoncé vendredi que le système de santé était placé en « alerte maximale », certains internautes et personnalités publiques ont déjà trouvé leur remède miracle.
« Tout comme l’ivermectine qui soignait très bien le #Covid mais qui a été interdite par les médecins des plateaux… au Japon le Tranilast soigne très bien la #variole du singe. Mais comme il n’est pas cher il sera bien sûr caché ! » écrivait par exemple Nicolas Dupon-Aignant sur X (Twitter) samedi.
De nombreuses publications vues plusieurs centaines de milliers de fois reprennent ce discours, qui s’appuie sur un extrait d’une vidéo du professeur Didier Raoult. La vidéo en question n’est pas récente mais date de juin 2022. Postée sur la chaîne YouTube de l’IHU Méditerranée Infection, on peut y voir le professeur donner un « élément de réflexion » sur les « infections à virus ‘pox’ (virus de la variole) » : « comme il n’y avait pas de médicaments, les Chinois (…) ont testé plus de 467 molécules disponibles (…) et celle qui était la plus efficace était un médicament japonais appelé Tranilast. (…) Il ne sera jamais commercialisé ici, car il ne coûte rien. »
FAUX
Il existe en effet une étude publiée par des scientifiques chinois en 2019 intitulée « Sélection et évaluation d’inhibiteurs potentiels contre le virus de la vaccine à partir de 767 médicaments approuvés », et publiée dans le Journal de virologie médicaleoù le médicament antiallergique Tranilast a été testé. Cependant, cette étude rapporte des tests effectués sur des cellules in vitro et sur les souris, mais pas sur les humains.
« Le virus de la vaccine était celui utilisé pour la vaccination contre la variole, explique Anne Goffard, médecin au CHU de Lille et professeur de virologie à l’université de Lille. Vaccinia, variole, mpox, sont des virus de la même famille. »
« Ce virus est très facile à manipuler en laboratoire, c’est pourquoi c’est souvent avec ce virus que nous faisons des tests. Les scientifiques ont cherché une molécule qui agirait contre les poxvirus, dont le mpox, et ils ont essayé de faire du repositionnement thérapeutique, c’est-à-dire de tester 767 molécules qui sont déjà utilisées en médecine. Cela permet de raccourcir le délai des essais cliniques », explique le scientifique. « Ils ont d’abord testé in vitro« Nous l’avons ensuite testé sur des souris et avons constaté son efficacité. Mais c’est tout. Cette molécule n’a pas été testée sur des humains, ni même sur des primates non humains. Nous ne savons donc pas si elle fonctionne, et il se peut très bien qu’elle ne fonctionne pas. »
Aucune trace d’essais cliniques
Les conclusions de l’étude indiquent que « le MMF (mycophénolate mofétil) et le TRA (Tranilast) sont des candidats prometteurs contre le virus de la variole qui pourraient être optimisés et réutilisés dans la pratique clinique. »
Selon une étude réalisée par 20 minutesIl n’existe actuellement aucun essai clinique comparant Tranilast et la variole. Une recherche dans le registre des essais cliniques de l’UE ou dans la base de données des essais cliniques du ministère américain de la Santé et des Services sociaux pour Tranilast et la variole ne donne aucun résultat concluant.
Pourquoi n’y a-t-il pas eu d’essais cliniques malgré ces résultats ? in vitro Pour Anne Goffard, cela peut s’expliquer de plusieurs manières : « Soit parce qu’aucun laboratoire pharmaceutique n’est intéressé par ce produit, soit parce qu’il y a eu des tests précliniques sur des animaux qui n’ont pas donné de résultats concluants et les recherches se sont arrêtées. »