Que retrouve-t-on dans Capri-Sun, la boisson star des goûters des enfants ?
Derrière son packaging coloré, ce produit dont les enfants raffolent rend fous les nutritionnistes et spécialistes de la transparence alimentaire. RMC Conso s’est penché sur la composition de Capri-Sun.
Ces petites gourdes grises et bleues sont facilement reconnaissables. Capri-Sun, ce jus qui se présente sous forme de briquettes d’aluminium ou de matières recyclables, pour certains modèles, est très apprécié des enfants. Internationale, mais bien implantée en France, la marque revendique près de 2,9 millions de foyers consommateurs en France.
Mais alors que sa stratégie est presque exclusivement dédiée aux enfants, la marque est pointée du doigt par les acteurs de la nutrition et de la transparence alimentaire pour sa composition. Quant à son marketing, ce dernier est également critiqué. Pratiques et répandus à l’heure du goûter, ces produits sont-ils bons pour la santé ?
Entre 14 et 19 grammes de sucre
55 ans après sa création, Capri-Sun est bien implantée sur le marché français. La marque propose trois gammes (gourdes 200ml, 330ml et depuis peu sirops) et différentes saveurs (orange, multivitamines, cerise, jungle drink, tropical, Monster Alarm, mangue et fruit de la passion).
En termes de valeurs nutritionnelles, les chiffres, observés en magasin par RMC Conso et confirmés par la marque, montrent des compositions en sucre assez élevées. En moyenne, les produits disponibles dans nos supermarchés contiennent entre 14 et près de 19 grammes de sucre pour le format 200 ml (le plus populaire).
Eau, sucre, jus de fruits…
Derrière l’image d’un jus sain composé de plusieurs fruits, Capri-Sun est en réalité aussi sucré que des boissons comme le Coca-Cola.
Quand on regarde la liste des ingrédients des produits disponibles en France, on retrouve d’abord de l’eau, puis du jus de fruit classique ou à base de concentré, et du sucre ajouté. On retrouve ensuite un ou plusieurs arômes naturels, des vitamines dans la version « Multivitamines », puis un ou plusieurs additifs (acide ascorbique, acide citrique).
Dans plusieurs recettes, le sucre arrive en deuxième position, après l’eau et avant le jus de fruits : c’est le cas de Monster alarm, Safari fruit, Multi fruits et Jungle drink. La marque a également lancé une gamme « Zéro », sans sucre ajouté, mais son site internet indique qu’elle n’est pas disponible en France.
Des « bombes de sucre » à l’heure du goûter
Selon Ghislain Grodard-Humbert, président de l’Association française des diététiciens et nutritionnistes (AFDN), interrogé par notre rédaction, de telles compositions contribuent à l’obésité infantile.
« Ces produits sont très répandus car les sachets sont bien faits et se glissent facilement dans les cartables des enfants. Mais ce sont des ‘bombes de sucre’ qui doivent rester exceptionnelles », insiste la spécialiste en nutrition.
Selon les recommandations de l’Anses, l’apport en sucres libres (sucres ajoutés et sucres issus de jus de fruits) pour un enfant de 4 à 7 ans ne doit pas dépasser 60 g par jour et 75 g pour les enfants de 8 à 12 ans. Pour un enfant de 13 à 17 ans, l’apport maximal passe à 100 g.
Interrogée sur cet apport significatif, par rapport à la consommation journalière recommandée pour les enfants, Capri-Sun a assuré à RMC Conso que la teneur en sucre de ses boissons a diminué de 21% depuis 1969.
« Grâce à cette réduction significative, un verre de Capri-Sun, quelle que soit la recette, contient autant de sucre qu’un verre de jus de pomme dilué dans deux volumes d’eau », assure la marque.
Un équivalent du jus d’orange ?
La marque ne proposant pas de saveur pomme en France, RMC Conso a comparé les valeurs nutritionnelles d’une orange Capri-Sun à un produit équivalent disponible sur le marché, grâce au comparateur alimentaire Open Food Facts. Résultats :
- Le produit Capri-Sun a un NutriScore de E, tandis qu’un jus d’orange Joker équivalent a un score de C.
- Quant au label NOVA (l’indice sur le niveau de transformation), Capri-Sun affiche un 4 (le niveau le plus bas), contre 1 pour le jus Joker.
- Concernant les additifs, seul le jus Capri-Sun annonce la présence d’E300 (acide sorbique).
Côté sucre, en revanche, les deux produits affichent un taux identique (8,6 g pour 100 ml). Quels que soient les produits référencés (en sachet ou en sirop), la marque fait partie des plus recherchées sur la base de données Open Food Facts, nous informe l’organisme.
Marketing ciblant les enfants
Ce produit, très apprécié des enfants, fait également hurler les organismes spécialisés dans la transparence alimentaire. Depuis plusieurs années, Foodwatch prend régulièrement la parole pour dénoncer le ciblage de nos chers petits.
En 2017, l’association a lancé une pétition (rassemblant plus de 60 000 signatures) visant à réglementer l’accès à la malbouffe pour les enfants, et citant de nombreux aliments, dont les produits Capri-Sun. Pour Foodwatch, la marque réussit à présenter l’image d’un produit sain derrière une composition trop sucrée.
« Capri-Sun a établi des partenariats avec des films pour enfants (notamment le dessin animé Rio« Ndlr) et cultive une forte présence en ligne via des campagnes de communication sur les réseaux sociaux. Tout cela confirme l’ambition de cibler les enfants, qui influencent ensuite le comportement d’achat des parents », analyse Audrey Morice, responsable de campagne pour Foodwatch, auprès de RMC Conso.
Interrogée à ce sujet, la marque revendique sa position d’offrir « du plaisir à travers (ses) produits, devenant ainsi la première marque mondiale de boissons pour enfants ».