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« Que reste-t-il du septennat écourté de Georges Pompidou ? Une nostalgie »

« Que reste-t-il du septennat écourté de Georges Pompidou ? Une nostalgie »

CONTREC’était il y a cinquante ans, le 2 avril 1974, à 22h15 : l’ORTF interrompait le film « Dossiers de l’écran » pour annoncer le décès du président de la République, Georges Pompidou, décédé des suites d’une maladie cardiaque. . Waldenström qu’il avait caché jusqu’au bout. Avec lui disparaît celui dont le nom, associé à celui du général de Gaulle, symbolise encore une certaine idée d’une France sur le chemin de la prospérité, portée par un pragmatisme économique où l’État stratégique cohabitait avec un libéralisme assumé. Que reste-t-il de ce mandat raccourci de sept ans, le dernier avant que le pays ne sombre dans ce que les Français ressentent encore comme une crise interminable ?

Une nostalgie. Celle de la fin des « trente glorieuses », certains parlent des « dix bienheureux », quand la France affichait un taux de croissance insolent de 6 % et une dette de 15 % du produit intérieur brut. Celui d’un pays qui ignore encore le chômage de masse, augmente le pouvoir d’achat (souvent au prix de nombreuses grèves) et étend le filet de protection sociale. Celle d’une République des ingénieurs qui a lancé des programmes aussi ambitieux que le Concorde, Ariane, le nucléaire civil ou le TGV. Celle qui a créé de puissants groupes industriels avec le soutien des grands organismes de l’État.

Des moments idylliques ? Le monde se trouve alors à un tournant, après la fin des accords de Bretton Woods en 1971, qui obligent la France à s’adapter aux taux de change flottants. Depuis la décennie précédente, elle est entrée dans une « guerre économique mondiale »une expression forgée par le conseiller déjà en charge de l’industrie à Matignon, Bernard Esambert. « En acceptant le marché commun, en souscrivant à l’esprit du « cycle Kennedy » tendant vers une baisse générale des droits de douane, la France a choisi d’entrer dans la concurrence internationale et donc d’en accepter les risques et les lois »écrit Pompidou dans Le nœud gordien (Plon, 1974), publié peu avant sa mort.

Priorité à l’industrie

Elle le fait sans être totalement préparée à cette ouverture sur le large. Depuis les années 1960, elle tente de rattraper industriellement son retard sur les Etats-Unis, mais surtout sur l’Allemagne et le Japon. Tracée à Matignon dès 1962 et accentuée à l’Elysée, une ligne directrice guidera l’action de Pompidou : moderniser et développer l’appareil productif, impératif catégorique pour prendre la tête de l’Europe communautaire et maintenir son influence dans les affaires mondiales.

En VIe Dans ce plan, lancé en 1971, la priorité est donnée à l’industrie. Le président multiplie les conseils de ministres restreints, suivis de décisions parfois stratégiques, comme sur le nucléaire, se souvient Esambert. Il prend le pouls des patrons en les recevant à l’Elysée, associant certains d’entre eux à ses déplacements à l’étranger. Non sans déjà se heurter à la résistance d’un État profond à l’œuvre dans les administrations.

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