Que peut et ne peut pas faire Pierre Fitzgibbon ?
Deux semaines après la démission de Pierre Fitzgibbon de son poste de ministre de l’Economie et de l’Energie, les rumeurs et les spéculations vont bon train quant à sa prochaine décision.
• A lire aussi : « La politique n’est pas facile » : Pierre Fitzgibbon explique sa démission
• A lire aussi : De l’énergie aux multinationales étrangères : Fréchette veut rééquilibrer les choses
• A lire aussi : Quatrième départ au gouvernement : Youri Chassin claque la porte à la CAQ
Rejoint par Le Journal La semaine dernière, M. Fitzgibbon a déclaré qu’il n’avait pas encore reçu d’offres d’emploi du secteur privé.
« Non. À ce stade, les gens me félicitent et me remercient pour mon travail », a-t-il écrit dans un message texte.
Pas chez DNA Capital
Selon nos informations, plusieurs patrons de Québec Inc. saliveraient à l’idée de collaborer avec un ancien ministre possédant une liste de contacts aussi bien fournie. C’est le cas de son bon ami Daniel Labrecque, cofondateur de la firme d’investissement montréalaise DNA Capital.
« Je serais très heureux si tel était le cas », a-t-il répondu lorsque notre Bureau d’enquête l’a contacté.
Pierre Fitzgibbon avec Daniel Labrecque, co-fondateur de DNA Capital, en 2022.
Photographie CHANTAL POIRIER
« C’est quelqu’un que je connais bien, mais à ma connaissance, il veut prendre le temps de réfléchir à ce qu’il veut faire », a-t-il déclaré. « (Un poste chez DNA) n’a jamais été évoqué entre lui et moi. »
« Ça aurait certainement été une bonne nouvelle », a ajouté M. Labrecque, qui ne se fait aucune illusion sur ses chances de recruter l’ancien ministre.
DNA est « une petite banque d’investissement, donc je pense qu’elle a probablement de plus grandes ambitions », a-t-il déclaré.
Quoi qu’il en soit, il est loin d’être certain que M. Fitzgibbon puisse travailler à la DNA, compte tenu des règles d’après-mandat qui s’appliquent aux anciens ministres.
Rappelons qu’en 2022, Pierre Fitzgibbon avait annoncé un investissement gouvernemental pouvant atteindre 75 millions de dollars dans le Fonds de continuité de l’ADN, dont le gestionnaire est Daniel Labrecque. Le dernier versement effectué par le Québec à l’ADN dans le cadre de cette entente a eu lieu en janvier.
Une demi-heure avec le commissaire
« J’ai passé 30 minutes (mercredi dernier) avec le commissaire à l’éthique et j’ai l’intention de respecter les règles », a assuré M. Fitzgibbon.
Ariane Mignolet
Photo prise sur LINKEDIN, ARIANE MIGNOLET
Ces règles prévoient notamment qu’un ancien ministre « doit se comporter de manière à ne pas tirer un avantage indu » de ses fonctions antérieures.
Plus précisément, il lui est interdit, pendant deux ans, d’accepter un emploi au sein d’une entreprise avec laquelle « il a eu des relations officielles, directes et significatives au cours de l’année précédant la cessation de ses fonctions ».
Informations confidentielles
Surnommé par certains le « roi des transactions », Pierre Fitzgibbon a eu des discussions confidentielles avec des centaines d’entrepreneurs et de chefs d’entreprise depuis l’automne 2018. Il a accordé des milliards de dollars d’aide financière à des entreprises d’ici et d’ailleurs.
Les règles d’après-mandat prévoient qu’un ancien ministre « ne doit pas divulguer d’informations confidentielles dont il a eu connaissance » dans le cadre de ses fonctions gouvernementales, ni même « donner à quiconque des conseils fondés sur des informations non accessibles au public ».
Les règles qui s’appliquent à un ancien ministre
Un ancien ministre ne doit pas, relativement à ses anciennes fonctions :
- tirer un avantage indu
- divulguer des informations confidentielles
- donner des conseils basés sur des informations qui ne sont pas publiques
- agir pour le compte d’autrui dans une procédure, une négociation ou une autre « opération particulière » dans laquelle il a joué un rôle en tant que ministre
Durant les deux années suivant son départ, il ne peut pas :
- siéger au conseil d’administration, accepter un emploi ou tout autre rôle au sein d’une organisation privée s’il a eu des « relations officielles, directes et substantielles » avec celle-ci un an avant de cesser ses fonctions
- intervenir au nom d’autrui ou faire pression sur une entité étatique avec laquelle il avait eu des « relations officielles, directes et significatives » un an avant de quitter ses fonctions
- agir en tant que lobbyiste-consultant pour des clients auprès de toute institution parlementaire, gouvernementale ou municipale
–Avec Félix Séguin, Marie Christine Trottier et Francis Halin
journaldemontreal-boras