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que dit la loi actuellement ?

Le Président de la République, en déplacement à l’île de Sein, mardi 18 juin, a abordé le programme du Nouveau Front populaire, notamment sur l’évolution de l’état civil. « Il y a des choses complètement grotesques, comme aller changer de sexe à la mairie »a dénoncé Emmanuel Macron.

A gauche, la déclaration a fait grincer des dents. Le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon l’accuse « ignorer la quantité de souffrance que cela implique pour les personnes concernées ». Le patron du PS Olivier Faure l’accuse d’être « en transphobie ».

► Que dit la loi actuellement ?

La loi actuelle autorise le changement de sexe à l’état civil, mais celui-ci est strictement encadré. La demande est traitée par un tribunal judiciaire. Le Nouveau Front Populaire souhaite détourner cette demande pour qu’elle soit possible avant » un officier de l’état civil », maire, adjoint, agent municipal habilité, consul…

Pour changer de sexe à l’état civil il faut « démontrer » que le sexe indiqué sur l’état civil ne correspond pas à l’identité de genre, c’est-à-dire celle sous laquelle la personne se présente dans sa vie sociale.

Le demandeur doit fournir des preuves. Selon le site du Service Public, des témoignages de proches, des photos, des documents administratifs ou encore des cartes de transport peuvent être utilisés pour étayer la demande. C’est ensuite un juge qui décidera d’accepter ou non la demande, éventuellement à l’issue d’une audience.

► Depuis quand peut-on changer de sexe ?

Le changement de sexe à l’état civil est encadré par la loi depuis 2016. Avant cette date, ce type de procédure n’était pas codifié et n’était possible que grâce à la jurisprudence.

En mars 1992, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné la France. Saisi par un demandeur transsexuel (aujourd’hui l’usage privilégie le terme « transgenre ») à qui un changement d’état civil a été refusé, la CEDH a considéré qu’il s’agissait d’une violation de l’article 8 de la Convention qui protège le droit au respect de la vie privée. Une décision historique pour les défenseurs des droits des personnes transgenres.

Jusqu’en 2016, les changements de sexe à l’état civil sont conditionnés à une opération médicale de « conversion sexuelle », impliquant en réalité une stérilisation. La loi « Justice du XXIe siècle » de 2016 et une circulaire un an plus tard précisent que l’opération médicale n’est plus nécessaire.

En avril dernier, la sénatrice écologiste Mélanie Vogel a déposé un projet de loi visant à rendre possible la modification du genre à l’état civil par un officier de l’état civil et sans justificatif. Un texte qui a inspiré le programme de la Nouvelle Union Populaire.

L’élu, interviewé le 3 avril par La Croix estime donc que ce type de demande doit être détourné des tribunaux. « Comment un juge serait-il compétent pour apprécier l’identité des personnes trans ? » demande-t-elle, ajoutant que sa proposition mettrait fin à une procédure qu’elle estime « trop long, trop cher, trop lourd ».

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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