Quatre questions sur Wegovy, un médicament anti-obésité, désormais commercialisé en France
Ce médicament de nouvelle génération ne sera pas remboursé. L’Agence nationale de sécurité du médicament a expliqué qu’il ne serait prescrit qu’en deuxième intention, en cas d’échec du soutien nutritionnel.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 5 minutes
Une arrivée sur le marché français très attendue par les médecins et les patients. Le laboratoire pharmaceutique danois Novo Nordisk a annoncé mardi 8 octobre la commercialisation en France de Wegovy, un médicament phare contre l’obésité, une maladie qui touche environ 14% des Français, selon Santé publique France. Toutefois, à ce stade, ce médicament de nouvelle génération n’est pas remboursé par l’Assurance maladie et sera distribué dans un cadre restreint par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Alors que l’obésité touche environ 890 millions de personnes dans le monde, selon l’OMS, cette commercialisation intervient dans un contexte d’explosion de la demande pour cette génération de traitements efficaces pour perdre du poids, comme Ozempic, également commercialisé par Novo Nordisk, ou Mounjaro, fabriqué par le laboratoire américain. Eli Lilly. Franceinfo fait le point sur ce nouveau médicament en quatre questions.
1 Comment ça marche ?
Wegovy est l’un des traitements appelés analogues du GLP-1 (parfois appelés aGLP-1). Cette classe de médicaments imite une hormone intestinale, le glucagon-like peptide 1 (GLP-1), qui stimule la sécrétion d’insuline et procure une sensation de satiété. Le principe actif de Wegovy, le sémaglutide, est le même que celui utilisé dans l’antidiabétique Ozempic, également fabriqué par le laboratoire Novo Nordisk. Mais dans le cas de l’obésité, il est utilisé à des doses plus élevées.
Initialement, cette hormone était connue « en tant que molécule importante pour contrôler la glycémie »explique l’endocrinologue Boris Hansel sur France Inter. Les scientifiques ont donc développé cette molécule comme médicament antidiabétique, en y mettant davantage de cette hormone, afin qu’elle « dure un peu plus longtemps dans le temps que celui qui est produit naturellement »continue le docteur. La molécule est commercialisée sous forme de stylo injectable, à raison d’une injection par semaine.
2 A qui est-il destiné ?
Jusqu’à présent, en France, ces traitements étaient destinés à lutter contre le diabète de type 2 insuffisamment contrôlé, rappelle l’Assurance maladie. Par ailleurs, Wegovy a été testé sur un peu plus de 7 000 patients souffrant d’obésité et présentant au moins une comorbidité liée au poids, comme l’hypertension artérielle, la dyslipidémie, les maladies cardiovasculaires ou le syndrome d’apnée du sommeil. appareiller entre juillet 2022 et septembre 2023.
A l’annonce de la commercialisation de Wegovy, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament a précisé dans un communiqué « restreindre les conditions de prescription et de délivrance de tous les aGLP-1 indiqués dans le traitement de l’obésité »en exigeant que les prescriptions d’initiation du traitement soient établies par des spécialistes en endocrinologie-diabétologie-nutrition.
En revanche, les renouvellements peuvent être effectués par les médecins généralistes. L’ANSM demande également aux médecins de respecter le parcours de soins recommandé par la Haute Autorité de Santé (HAS), c’est-à-dire de « prescrire l’aGLP-1 indiqué dans le traitement de l’obésité aux patients présentant un indice de masse corporelle (IMC) initial supérieur ou égal à 35 kg/m2, âgés de moins de 65 ans ». Ce médicament ne doit être utilisé qu’en deuxième intention, en cas d’échec du soutien nutritionnel et en association avec un régime hypocalorique et une activité physique, rappelle l’ANSM.
3 Est-ce efficace ?
Les résultats suscitent l’enthousiasme puisque la perte de poids est de l’ordre de 12,4% après 68 semaines de traitement, selon l’ANSM. (PDF). De plus, la prise de ce médicament entraînerait une réduction de 20 % des événements cardiovasculaires majeurs chez les patients non diabétiques, selon des résultats préliminaires communiqués par le laboratoire Novo Nordisk. Un espoir partagé par les médecins, qui y voient un moyen efficace pour traiter l’obésité.
Avant l’arrivée des analogues du GLP-1, il n’existait pas « aucun médicament d’une telle efficacité » pour aider les patients obèses à perdre du poids, explique le nutritionniste Pierre Azam sur BFMTV. « Avant les années 2010, presque tous les traitements développés échouaient, principalement à cause de leurs effets secondaires graves »souligne la chercheuse Karine Clément dans Le monde. Les effets secondaires de Wegovy les plus fréquemment signalés sont des troubles gastro-intestinaux, tels que des nausées, de la diarrhée, de la constipation et des vomissements. Plus rarement, le médicament peut également provoquer des étourdissements, des maux de tête ou même une perte de cheveux.
L’efficacité de ces médicaments est vantée par des célébrités, comme Elon Musk et Oprah Winfrey, faisant une publicité inattendue auprès du grand public, qui y voit un moyen simple et rapide de perdre du poids. Au point que l’ANSM a dû alerter en juin 2023 sur les risques liés à une mauvaise utilisation, avec l’apparition d’effets indésirables graves, comme « pancréatite, occlusion intestinale (Ou) gastroparésie ». Et de rappeler un an plus tard que « L’aGLP-1 ne doit pas être utilisé pour perdre du poids à des fins esthétiques, c’est-à-dire pour perdre du poids chez des personnes sans obésité ou chez des personnes en surpoids qui n’ont pas de problèmes de santé liés à poids. »
4 Combien ça coûte?
A ce jour, Wegovy n’est pas remboursé par la Sécurité Sociale. Ce qui signifie que son prix est fixé librement, comme dans la plupart des quinze pays où il est déjà commercialisé. La filiale française de Novo Nordisk a estimé le prix de son nouveau traitement anti-obésité à « entre 9 et 12 euros par jour ».
En pharmacie, les pharmaciens achèteront Wegovy « entre 208 et 220 euros la boîte de quatre injections, ce qui correspond à un mois de traitement »déclare Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), dans Le Parisien. Ou une revente estimée « entre 270 et 330 euros la boîte, 10% TVA incluse »il calcule.